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19 janvier 2013

L’Allemagne réduit radicalement sa prévision de croissance pour 2013

par Rafael Poch de Feliu*

 

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Tandis que la moitié de l’Europe, les nations touchées par l’austérité imposée depuis Berlin et Bruxelles, se réjouissent du faux pas et essaient de le magnifier médiatiquement, en Allemagne la révision à la baisse de la croissance prévue pour 2013, est au contraire, présentée comme anecdote passagère. La troisième nouvelle radiophonique du jour , servie avec une sauce optimiste qui rappelle l’importance d’une bonne propagande bien rodée.

« Il n’y a pas motif à s’’alarmer, nous avons toutes les raisons de maintenir la confiance, l’Allemagne va continuer à être en 2013 le précurseur européen de l’économie et l’emploi », dit le ministre de l’Économie, Phillip Rösler, après avoir communiqué la mauvaise nouvelle : L’Allemagne ne croitra pas de 1 %, comme l’a initialement soutenu le gouvernement, mais de 0,4 %.

« Nous croyons que cette phase de faiblesse sera hivernale et sera surmontée durant le reste d’année », a dit Rösler, chef du discrédité parti libéral (FDP). Personne mieux que lui pour parler du sujet. Depuis des mois, le complexe d’information allemand dirige ouvertement le gros du mécontentement social avec le gouvernement presque exclusivement contre le FDP et ses dirigeants, qui y contribuent aussi avec leurs propres mérites. Dans tous les cas, le phénomène sauve non seulement la chancelière Merkel, qui survit très bien à la crise grâce à son charisme et son style personnel, mais aussi à son parti, la CDU, comme le montrent les sondages.

Que Rösler présente presque comme une bonne nouvelle, la crevaison, est une démonstration claire de ce que l’Allemagne n’est pas immune face à l’eurocrise et elle commence à sentir les effets de sa propre politique en Europe, affirmant textuellement que « l’Allemagne va bien », c’est possible grâce à l’effet comparatif. Les Allemands savent qu’aussi mal qu’aillent les choses dans leurs pays, cela va beaucoup mieux que pour la majorité de leurs associés européens. Sauf cataclysme exportateur, cette comparaison elle est celle qui soutient Merkel et son parti et qui va les sauver aux élections de cet automne.

Le pronostic du gouvernement pour 2014 est une croissance de 1,4 %. 2012 a fini avec un discret 0,7 %. En 2013 il y aura encore 60 000 chômeurs de plus en Allemagne, mais tout au long de l’année les choses se remettront, a dit le ministre.

La rigidité du gouvernement est restée exposée dans l’appel de Rösler à la banque Centrale Européenne pour qu’elle retourne le plus vite possible à son unique travail et objectif : sauvegarder la stabilité des prix. En Septembre le BCE est sortie un peu du cadre en garantissant « des achats illimités » de dette de pays en difficultés, ce qui a tranquillisé les marchés jusqu’à aujourd’hui, mais en Allemagne la mesure a été vue comme une espèce de sacrilège. « Il est fondamental, que le BCE retourne à sa mission le plus vite possible », a dit le ministre.

A propos de la pétition formulée par Mariano Rajoy dans un entretien avec le Financial Times pour que les économies les plus puissantes d’Europe poussent de nouveaux « programmes de croissance », simplement, « ils ne vont pas exister », a dit Rösler. Des mesures ont été déjà prises comme le pacte fiscal, dirigé a t-il dit , « à promouvoir la croissance ». « Nous sommes sur la voie correcte », a-t-il ajouté.

Aussi le porte-parole de la chancelière, Steffen Seibert, a dit que, « si l’Allemagne impulsait des grands investissements que l’on ne peut pas permettre, cela n’aiderait personne en Europe ».

Pour sa part la Bundesbank a confirmé hier qu’elle pense rapatrier vers Frankfort ses dépôts de 700 tonnes d’or, évaluées à 27 000 millions d’euros, avant l’année 2020.

Pendant la guerre froide l’Allemagne gardait ses réserves d’or dans des dépôts en France, en Angleterre et aux États-Unis, en prévision du fait qu’une offensive éclair soviétique puisse les prendre. Maintenant cette précaution n’a plus de sens et, « en réponse au débat public » tout l’or déposé en France va à être retirer, 374 tonnes, et aussi 300 autres tonnes sur les 1 500 qui se trouvent dans la Réserve fédérale des États-Unis.

La Vanguardia. Barcelone, le 17 janvier 2013.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 19 janvier 2013.

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* Rafael Poch, Rafael Poch-de-Feliu (Barcelone, 1956) a été vingt ans correspondant de « La Vanguardia » à Moscou et à Pékin. Avant il a étudié l’Histoire contemporaine à Barcelone et à Berlin-Ouest, il a été correspondant en Espagne du « Die Tageszeitung », rédacteur de l’agence allemande de presse « DPA » à Hambourg et correspondant itinérant en Europe de l’Est (1983 à 1987). Actuelement correspondant de « La Vanguardia » à Berlin.

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