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La France ne doit pas « baisser sa garde » face à des « menaces nouvelles »... Voila la nouvelle rhétorique personnelle sur la peur de l’autre. Sans douter, ni consulter le français, ni encore moins remettre en question une seul minute sa propre politique impérial que lui même impose au français et au monde.
Par l’Agence France-Presse
Paris. Le lundi 8 janvier 2007
La France ne doit pas « baisser sa garde » face à des « menaces nouvelles » comme le terrorisme et la prolifération nucléaire, a affirmé lundi le président français Jacques Chirac, mettant en garde contre une baisse des crédits de Défense.
« Nous vivons dans un monde de menaces nouvelles. L’essor de la mondialisation, la course aux matières premières, l’émergence de nouvelles puissances, bouleversent les vieux équilibres », a expliqué M. Chirac, également chef des armées lors d’une cérémonie de voeux.
« Les tentations de l’unilatéralisme ou du repli sur soi s’exacerbent. Les frustrations et les sentiments d’injustice qui découlent des conflits non résolus forment le terreau des extrémismes et du terrorisme », a-t-il souligné, quelques jours après avoir fustigé les résultats de l’intervention américaine en Irak.
« Menant des stratégies de "bord du gouffre", certains États s’engagent sur la voie de la prolifération nucléaire, chimique ou bactériologique, et avivent ainsi gravement les tensions internationales », a aussi déclaré M. Chirac.
« Dans ce contexte dangereux, la France ne saurait baisser sa garde ou s’en remettre à d’autres pour assurer sa défense. C’est un enjeu politique majeur. Il devra être au coeur du débat des mois qui viennent », a-t-il dit.
A quatre mois de l’élection présidentielle, il a mis en garde contre une baisse des crédits de Défense qui se traduirait par l’impossibilité de doter l’armée des nouveaux matériels militaires prévus.
Il a cité notamment les nouvelles frégates multi-missions, l’avion de transport militaire A 400 M et les hélicoptères de combat Tigre et NH 90 qui doivent être livrés à l’armée au cours des cinq années à venir.
La loi de Programmation militaire 2003-2008 prévoit de porter l’investissement annuel de 12,5 milliards d’euros par an fin 2002 à 15,1 mds EUR fin 2008.
Mais Chirac se livre à une critique en règle de la politique américaine en Irak
Le président français Jacques Chirac a vivement critiqué vendredi la politique américaine en Irak, en affirmant que la guerre voulue par les États-Unis et à laquelle il s’était farouchement opposé avait « offert au terrorisme un nouveau champ d’expansion ».
Lors des traditionnels voeux du corps diplomatique, M. Chirac s’est livré à quelques mois de la fin de son mandat présidentiel à une critique en règle de la stratégie américaine, avant de fustiger « les impasses de l’unilatéralisme ».
Il a qualifié la guerre en Irak d’« aventure, déclenchée en mars 2003 par les États-Unis ». « Comme la France le pressentait et le redoutait, la guerre en Irak a précipité des bouleversements qui n’ont pas fini de dérouler leurs effets », a-t-il dit.
Alors que ce pays est aujourd’hui ravagé par des affrontements interconfessionnels, le président américain George W. Bush doit présenter une nouvelle stratégie qui pourrait inclure l’envoi de soldats supplémentaires pour renforcer les 130.000 soldats déjà sur place.
Pour M. Chirac, cette guerre « a exarcerbé les clivages entre communautés et ébranlé l’intégrité même de l’Irak ». « Elle a fragilisé la stabilité de l’ensemble de la région où chaque pays, désormais, est inquiet pour sa sécurité et son indépendance ».
« Elle a offert au terrorisme un nouveau champ d’expansion », a encore lancé le président français alors que M. Bush a toujours assimilé ce conflit à la guerre contre le terrorisme.
Il a ajouté que « la priorité, plus que jamais, est de rendre aux Irakiens leur entière souveraineté ».
Dans une sorte de discours-bilan de son action sur la scène internationale après 12 ans à la tête de l’État, M. Chirac a aussi fustigé « l’unilatéralisme » favorisé par l’admnistration Bush et plaidé pour « un monde réconcilié et rassemblé ».
« En moins d’une génération, nous avons connu l’effondrement du communisme puis les impasses de l’unilatéralisme », a-t-il dit.
Estimant que le « monde multipolaire », qu’il a souvent appelé de ses voeux, devenait une réalité avec l’accession de la Chine, de l’Inde et du Brésil « au statut de puissances globales », M. Chirac a affirmé que « cette émergence marque la fin de la domination séculaire et sans partage de l’Occident sur le reste du monde ».
« En moins d’une génération, nous sommes passés de la victoire proclamée du libéralisme à la prise de conscience des inégalités criantes qui perdurent sur la plupart des continents, notamment en Afrique, et de la crise écologique qui menace l’humanité tout entière », a-t-il estimé.
Il a affirmé que, « dans ce nouveau monde en gestation (...), la France refuse la fatalité de l’affrontement comme la facilité du laisser-faire ».
Pour lui, la France « porte l’ambition d’un monde réconcilié et rassemblé, capable de prendre en main son destin ».
M. Chirac a aussi dénoncé « la persistance d’une pauvreté extrême dans un monde de plus en plus riche », ce qui constitue à ses yeux « un scandale moral autant qu’une absurdité économique et un risque politique majeur ».
Le président français a enfin appelé l’Iran à suspendre ses activités d’enrichissement d’uranium afin de « rétablir la confiance » et d’engager les négociations avec la communauté internationale, en condamnant « les déclarations provocatrices et inacceptables de certains de ses dirigeants ».