Accueil > Les Cousins > Amérique Centrale et Caraïbes > Honduras : risques de violence et de persécution politique le jour des élections
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Les analystes des thèmes de sécurité et de liberté d’expression déclarent que lors des prochaines élections générales, un scénario de conflictivité sociale pourrait se dérouler qui déchaînerait des actions violentes, de la répression, et des persécutions politiques.
C’est ce que laisse entendre l’avocate et analyste de l’Observatoire de la Violence de l’Université Autonome du Honduras (UNAH), Arabezka Sanchez dans son exposé devant 22 journalistes de différents moyens de communication (presse écrite, radio, télévision et presse digitale) qui se réunirent samedi 9 novembre, dans un salon de la Bibliothèque Nationale Juan Ramon Molina pour analyser la militarisation et l’insécurité dans le cadre du processus électoral dont la date culminante sera le 24 novembre de cette année, 5 scénarios sont envisageables. Le premier est que l’actuel gouvernement contrôlé par le président du Congrès National, Juan Orlando Hernandez (NdT, et candidat présidentiel du parti National) convoque une « constituante » pour éviter que le parti Liberté et Refondation (LIBRE) accède au pouvoir, autrement dit, si cette possibilité se concrétisait, il n’y aurait pas d’élections.
Deuxièmement, le parti LIBRE gagne les élections du 24 novembre, mais les pouvoirs de faits, exécutent rapidement un nouveau coup d’état. Troisièmement, il est possible que se produise un triomphe de LIBRE soutenu par les accompagnants internationaux, avec une marge permettant la refondation du pays.
Le quatrième scénario possible, est la victoire du parti National avec une marge étroite, qui provoquera le mécontentement de la moitié de la population, qui se rebellera causant une conflictivité sociale, qui pourrait entraîner à nouveau les persécutions, répressions et crises politiques. Les résultats seraient tellement serrés qu’ils provoqueraient la méfiance de la population et que ce produise ce qui c’est passé au Venezuela, « une société hautement polarisée », soutient Arabezka Sanchez.
Et la dernière possibilité est que LIBRE gagne les élections mais ne puisse donner une réponse à toutes les promesses de campagne et ne puisse pas faire face à la grande quantité de demandes sociales.
L’experte en thèmes de sécurité signale que durant les opérations et saisies réalisées par des forces de police et des militaires dans des propriétés, des entreprises d’élevage et agricoles jusqu’à un zoo, (NdT dont les propriétaires sont soupçonnés d’être liés au crime organisé) la direction de la police et autres autorités ont gardé profil bas alors que l’ambassade des Etats-Unis au Honduras, Lisa Kubiske, fut celle qui se présenta devant les medias. Kubiske identifie le dit groupe délinquant comme « Los Cachiros » (dont on pense qu’ils sont protégés par le plus recherché des capos de la drogue, el Chapo Guzman) »
Pourquoi, alors que se produisent des saisies le directeur de la Police et les hauts commandements militaires deviennent-ils invisibles ? Pourquoi est-ce l’ambassadrice Kubiske s’exprime au sujet des opérations ? se demande Arabezka Sanchez. La réponse de quelques-uns des communicateurs réunis lors de l’atelier est que la nation nord-américaine opère au Honduras avec ses propres équipes d’investigation et de sécurité, ce qui veut dire qu’un groupe parallèle opère au Honduras parce qu’ils n’ont pas confiance en la police nationale, ni dans les Forces Armées. « Pendant que cela se produit, le président Porfirio Lobo Sosa, se baladait au Vatican baisant la main du Pape François » déclara Sanchez.
Elle ajoute que 24,5 millions de dollars qui étaient destinés aux opérations de la Police Nationale ont finalement été canalisés par les Forces Armées, dans ce qui apparaît comme un affaiblissement volontaire qui serait mené contre les forces de polices du Honduras.
L’oratrice assure que le fait que la plus grande partie des morts violentes se produit dans la zone centrale et dans le nord du pays, parties du territoire dans lesquels opèrent le narcotrafic et le crime organisé, retient l’attention.
LIBERTE D’EXPRESSION
En ce qui concerne le thème des Droits Fondamentaux, Liberté d’Expression, de Pensée et d’Information dans le contexte électoral, RAPCOS à invité l’écrivain, dramaturge et professeur de Littérature à l’Université, Eduardo Bahr.
Bahr donna un bref aperçu historique de ce qu’il appelle démocratisation de la connaissance, il rappelle qu’au 15ème siècle seuls le clergé, les monarques, et un groupe d’élite avaient accès à la connaissance. Ce ne fut pas avant 1450 que Guthemberg avec son invention de l’imprimerie, permit la divulgation des idées.
Plus loin, Bahr a montré que depuis le coup d’état de 2009, le peuple a décidé de ne pas oublier et de maintenir au frais dans sa mémoire que le bipartisme après 100 années à gouverner le Honduras, a soumis la société hondurienne à la pauvreté, l’intolérance l’insécurité et la polarisation. « Le peuple a décidé de ne pas oublier, d’enquêter, de recueillir et de maintenir la mémoire », souligne Eduardo Bahr.
Autour du contexte électoral, Bahr anticipe que durant des années les institutions de l’Etat son restées sous le contrôle du bipartisme et que lors des prochaines élections la classe dominante ne sera pas disposée à céder le pouvoir parce qu’elle sait qu’elle perdrait ses privilèges.
En se référant à la phrase du candidat officialiste Juan Orlando Hernandez : « Je vais faire ce que je dois faire » l’orateur dit que ce slogan a été créé par l’équipe des conseillers du candidat du parti National et qu’il implique quoi que cela paraisse impossible, qu’un autre coup d’état se profilerait au Honduras.
Eduardo Bahr critique certains medias et journalistes qui ont soutenu la rupture de l’ordre constitutionnel le 28 juin 2OO9 comme étant ceux qui provoquent la polarisation de la société hondurienne.
De la même manière l’académicien signale que la classe politique et économique dominante, continue à rester ancrée dans le siècle passé et de résister aux changements que demande le peuple hondurien qui seraient mis en route par la mise en place d’une Assemblée Nationale Constituante. Dans ce cas, Bahr met en évidence sa colère et son rejet en se référant à une annonce de propagande dans lequel l’électeur est invité à voter pour le candidat de los chocoyos » (NdT littéralement fossettes, club d’élite) parce qu’il affirme que "ce message est une insulte à l’intelligence collective, le peuple n’est pas idiot »
Pendant la dernière phase de l’atelier, les journalistes dissertèrent de la relation entre trois attitudes : Se laisser guider par le discours de la construction de la peur, manipuler l’optimisme et inciter l’électorat à voter ou exercer son suffrage, mais avec prudence.
A ce sujet, l’idée constante des commentaires tourne autour de la promotion d’un scrutin se déroulant dans la tranquillité, en exerçant son droit de vote avec beaucoup de prudence, sans exacerber les animosités partisanes, sans inciter à la violence et respectant les journalistes et communicateurs qui travaillent pour ces medias qui ont appuyé le coup d’état et soutiennent le statu quo.
Les participants ont également critiqué les agissements de plusieurs de leurs collègues qui d’une part exercent leurs activités professionnelles et d’autre part briguent un poste lors des élections populaires, lesquels sont vus une moitié du temps vêtus de la chemise d’activistes politiques et l’autre moitié, ils portent leur cravate de journalistes.
L’Atelier Militarisation, Insécurité et Liberté d’Expression dans le Contexte électoral a été organisé par le Réseau d’Alerte et Protection des Journalistes et Communicateurs Sociaux (RAPCOS) du département Francisco Moravan avec l’appui du Comité pour la Libre Expression (c-LIBRE)
Marvin Palacios pour defensoresenlinea.com
Traduction de l’espagnol pour Les états d’Anne de Anne Wolff
Honduras tierra libre/ defensoresenlinea.com.Tegucigalpa, 11 Novembre 2013