Accueil > Les Cousins > Amérique Centrale et Caraïbes > Haïti Violente oposition à la visite du président dominicain
Une visite officielle lundi à Port-au-Prince du président de la République dominicaine, Leonel Fernandez, a été marquée par des actes de violence dans la capitale haïtienne, faisant au moins deux blessés légers, a constaté un journaliste de l’AFP.
Par Clarens Renois
Agence France-Presse. Port-au-Prince, le 12 décembre 2005
Plusieurs étudiants et des militants d’organisations de droits de l’homme ont manifesté devant le Palais présidentiel où se tenait une rencontre entre le président provisoire haïtien Boniface Alexandre et son homologue dominicain.
« Nous dénonçons la présence de M. Fernandez dont le gouvernement est en train de commettre des abus contre nos frères », a déclaré un jeune étudiant tandis qu’un groupe de manifestants incendiait un drapeau dominicain en signe de protestation.
Au même moment, le chef de l’État dominicain défendait le droit de son pays à expulser des illégaux haïtiens. « Quand nous appliquons les lois d’immigration dominicaine, nous ne faisons que faire valoir les garanties de la souveraineté de l’État national dominicain », a-t-il déclaré, tout en déplorant et condamnant « les actes de violence perpétrés contre des citoyens haïtiens ».
Auparavant, Boniface Alexandre avait souhaité le plein respect des droits et de la dignité des migrants haïtiens. « Les échos qui nous parviennent des traitements infligés à nos compatriotes en république voisine nous laissent un goût amer », a lancé le président haïtien, en espérant une normalisation des relations entre les deux pays.
À l’extérieur du Palais présidentiel, la manifestation a ensuite dégénéré, avec des pneus enflammés, des barricades érigées dans plusieurs quartiers et des pierres lancées sur des véhicules.
Le président dominicain a écourté son déplacement officiel et ne s’est pas rendu à l’ambassade de la République dominicaine où il devait rencontrer des candidats à l’élection présidentielle haïtienne du 8 janvier.
Selon une radio haïtienne, Radio Kiskeya, une voiture officielle de son cortège a été endommagée par des jets de pierres et de bouteilles.
Des unités de Casques bleus et de la police haïtienne ont été déployées dans des quartiers proches de la présidence haïtienne. Des policiers haïtiens ont lancé des grenades lacrymogène pour disperser les manifestants et des Casques bleus brésiliens, à bord d’un blindé, ont tiré en l’air, a constaté un journaliste de l’AFP.
L’ambassadeur de la République dominicaine en Haïti, José Serulle Ramia, a condamné « énergiquement des incidents irrationnels » commis, selon lui, par un groupe minoritaire. « Notre président est reparti pleinement confiant que les relations entre les deux pays vont se renforcer, s’harmoniser et se consolider », a-t-il déclaré à l’AFP.
La visite officielle du président dominicain est intervenue dans un contexte de mauvaises relations entre les deux pays qui se partagent, dans les Caraïbes, l’île d’Hispaniola.
Les Haïtiens reprochent aux Dominicains d’exploiter et de maltraiter leurs compatriotes qui cherchent du travail de l’autre côté de la frontière. Plusieurs milliers d’entre eux ont été expulsés au cours de l’année 2005 vers Haïti. Des organisations des droits de l’homme ont dénoncé « le caractère raciste des expulsions au cours desquelles des femmes sont violées et des réfugiés dépossédés de leurs biens ».
Environ un million d’Haïtiens vivent en République dominicaine, la plupart illégalement. Ils travaillent essentiellement sur les plantations de canne à sucre et dans la construction.
Haïti, l’un des pays les plus pauvres au monde, peine à se redresser après des années de crise politique, économique et sociale. L’ONU accompagne le redressement du pays avec quelque 7500 Casques bleus et policiers internationaux.