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Par Laura Carpineta.
Página 12. Buenos Aires, mercredi, 18 janvier 2006.
La DEA est l’Agence Antinarcotique des Etats-Unis, chargée de canaliser l’aide, matérielle et financière, de Washington pour gagner "la guerre contre la drogue" en Amérique Latine. C’est le bras étasunien qui opère dans le « Plan Colombie » et dans celui de « Coca Zéro » en Bolivie, qui a déjà ses heures comptées depuis la victoire écrasante du chef cocalero, Evo Morales. L’Agence a aussi laissé des conséquences regrettables au Venezuela au milieu de cette année quand le président Hugo Chavez a pris la décision de suspendre les conventions de coopération, d’après lesquelles on saurait qu’un agent de la DEA aurait participé à une réunion avec des militaires rebelles vénézuéliens à Bogota, où ils examinaient des plans pour déstabiliser le gouvernement vénézuélien. Voici la DEA ; un outil étasunien pour combattre l’illégalité qui se déroule dans l’arrière cour. Le problème est que le remède est devenu partie de la maladie.
Les accusations contre la DEA en matière de corruption et de meurtres ne datent pas d’aujourd’hui. Toutefois, ils ont récemment pris une nouvelle dimension puisque, pour la première fois, la dénonciation vient de la part d’un fonctionnaire du gouvernement des Etats-Unis. Un rapport confidentiel d’un avocat du Ministère de la Justice étasunienne adressé à ses supérieurs, diffusé il y quelques jours par la revue colombienne « Semana » (Voir l’article publié par El Correo : Corruption à la DEA), a ratifié tout ce qui était antérieurement dénoncé par la région et nié par Washington : des agents de la DEA désignés à Bogota assassinent des informateurs et interfèrent dans les investigations afin de protéger les narcotrafiquants locaux, ils sont en relation avec des opérations de blanchiment d’argent de l’AUC (Auto-défenses Unies de la Colombie) - le groupe paramilitaire le plus important du pays - et, peut-être le plus important, les services aux Etats-Unis le savent, ils ont des preuves de cela mais ils ne font rien. Pire encore, ils écartent à ceux qu’ils dénoncent ces faits, les menacent de mort ou les mutent.
Comme si cela ne suffisait pas, un ancien agent de la DEA qui a travaillé pendant 12 années en Amérique Centrale et Bogota en outre a dénoncé lundi dernier (9/01/2006) lors d’une émission déroulée à Radio Caracol que l’Agence non seulement "est impliquée dans des meurtres en Amérique du Sud et en Amérique Centrale", mais aussi l’agent a déclaré : "Nous avons entraîné des « Escadrons de la Mort » durant de nombreuses années et nous aidions également les commerçants de la Colombie à exporter de la drogue aux Etats-Unis". Cette dénonciation fait rappeler des épisodes comme ceux qui ont eu lieu en avril dernier, lorsque cinq militaires étasuniens, qui opéraient dans le cadre du « Plan Colombie », ont été arrêtés avec 16 kilos de cocaïne dans un avion militaire à destination du Texas. Malgré le fait d’avoir été découverts en flagrant délit en sol colombien, les autorités n’ont pas pu les retenir puisque les officiers étasuniens jouissent d’une immunité semblable à celle des fonctionnaires diplomatiques.
Des cas comme celui-ci abondent. Celui du conjoint de l’ancien chef étasunien des opérations anti-narcotiques en Colombie, Laurie Heitt, qui a reconnu avoir transporté dans des valises diplomatiques lors d’un voyage à New York en 1999, 700.000 dollars en cocaïne et héroïne - ce qui équivaudrait curieusement à 16 kilos -. Ou celui de l’agent de la DEA Richard Meyer, sur lequel le trafiquant colombien Alejandro Bernal Madrigal a assuré d’avoir donné un million de dollars pour qu’il ne fasse pas des recherches sur lui. La Colombie a le deuxième bureau plus important de la DEA dans le monde, seulement dépassée par celui du Mexique. Quelques 35 agents et 100 autres personnes sont désignés à Bogota.
Quel serait donc la mission de la DEA ? Pour Castillo "c’est une contradiction" puisqu’elle a été créée afin de combattre une guerre qui telle quelle n’existe pas, lorsqu’en réalité ils n’ont fait rien d’autre que "de former des équipes de sécurité des « escadrons de la mort », des paramilitaires, en envoyant de l’argent à ces groupes pour l’aider à la CIA à travailler contre la guérilla d’Amérique Centrale et « Sud-Étasunienne ».
Traduction pour El Correo de l’espagnol par : Alexandra Fernandez