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17 de octubre de 2005

Guatemala:
la tempête Stan avive les tensions en terres indiennes

 

Une semaine après le passage de Stan, les communautés indiennes ne peuvent pas pratiquer leurs rites mortuaires. Le drame a mis au jour les tensions qui tiraillent les villages indiens.

Par Frédéric Faux
Le Figaro
. Paris, le 14 octobre 2005.

La maison de Virgilio Perez Saqic était parmi les plus hautes de Panabaj, sur les pentes du volcan Atitlan. Quand l’eau et la terre sont descendues de la montagne, le 5 octobre, à deux heures du matin, ce paysan tzutuhil de vingt-trois ans a été réveillé par un rugissement. «Ma femme et mon bébé ont été emportés. Je n’ai eu la vie sauve que grâce à un arbre qui a retenu ma jambe», raconte-t-il. Plus d’une semaine après le drame, Virgilio est toujours là, grattant la nappe de boue durcie qui a recouvert Panabaj.

La commune de Santiago Atitlan, au bord du lac Atitlan, a été la plus touchée par la tempête Stan qui s’est abattue sur le Guatemala. Les recherches y ont été abandonnées et les 1 400 disparus sont considérés comme morts. La tradition indienne, qui veut qu’un corps soit veillé par les proches et mis en terre 24 heures après le décès, n’a pas pu être respectée.En noyant les Indiens Tzutuhils sous la boue du volcan, le glissement de terrain a mis au jour les tensions qui tiraillent le village. A Panabaj, où la plupart des maisons étaient en tôle ou en bambou, vivaient les plus pauvres de la commune. «Un bon lopin de terre, cela coûte de 15 000 à 20 000 quetzals, explique Pedro Esquina, membre du Comité national indien et paysan. Alors ceux qui n’ont pas les moyens se sont installés là, loin du bourg, dans un endroit moins sûr.» Le maire de Santiago Atitlan, Diego Esquina a suggéré une solution : «Il y a près du village quelques grandes propriétés, assure-t-il. Le gouvernement doit les racheter et les mettre à disposition des sans-abri.» Une proposition qui a soulevé à la fois l’espoir... et le scepticisme.

Ils ne semblent même plus compter sur les secours de l’antique culte maya, mélange de tradition et de catholicisme. Un simple coup d’oeil sur l’autel de la confrérie San Felipe, l’une des sept de Santiago Atitlan, suffit à comprendre pourquoi. Le minuscule local est saturé par le parfum des copeaux de résine et des bougies posées qui se consument lentement. Trois statues naïves de saints, crucifiés, sont appuyées contre le mur, symbolisant les forces de la nature qui contrôlent les volcans alentour. «Les trois Batz et les trois Tzis les tiennent avec trois cordes, explique Francisco Coquix Xicay, le responsable de la confrérie... C’est l’une d’entre elles qui a lâché.»

Car les Tzutuhils, qui parlent très peu l’espagnol, militent dans leurs propres organisations, sont depuis toujours en butte avec les autorités. Une résistance culturelle qui leur vaut la faveur des touristes, mais qui se heurte aux vues de l’Etat guatémaltèque, où les Indiens sont pourtant majoritaires. Les Tzutuhils ont refusé l’aide des militaires, qui n’ont pas remis les pieds au village depuis que les soldats ont tiré sur une foule de manifestants, en 1990, faisant treize morts dans la région.Concurrence entre chapelles

Ce jeune homme de 29 ans ne met pas cette «rupture» spirituelle sur le compte de la pauvreté, ou du gouvernement. La faute, explique-t-il dans sa langue, revient aux Tzutuhils : «Ils n’ont pas accompli les rites destinés à apaiser la nature. Ils ont préféré rejoindre les églises évangéliques, où l’on insulte les saints, où l’on méprise les bougies.» Alors que les confréries traditionnelles sont de moins en moins actives, plus de trente chapelles chrétiennes se disputent en effet les âmes de Santiago Atitlan. «A travers cette catastrophe, c’est une leçon qui nous est donnée», conclut-il. Et pour ceux qui ne seraient pas convaincus, le religieux montre le paysage alentour : isolé entre deux coulées de boue, le hameau de la confrérie San Felipe a été épargné... «Comme par miracle.»

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