Accueil > Les Cousins > Amérique Centrale et Caraïbes > Guatemala : La gauche encore une fois divisée
Par Adrián Patin *
Siglo XXI.
Guatemala, 12 mai 2005
Et la gauche se divise à nouveau :
– je m’en vais, a dit Nineth ;
– qu’elle s’en aille, a répondu Bosquet.
Quelle est l’alternative à poser dans une perspective populaire, devant l’échec du néo-libéralisme ?
Quelques heures après, la première annonçait la formation d’une plate-forme sociale-démocrate avec le versatile Álvaro Colom ; et le deuxième informait que l’ANN serait le réceptacle du transfuge parlementaire. Si tels sont les préliminaires comment vont être les élections.
Pendant le processus de négociations pour la paix, il était difficile d’imaginer que la gauche allait s’arrêter dans la dispersion et la marginalité dans lesquelles elle se trouve maintenant. Tout d’abord, il y a eu l’affaiblissement de l’URNG, qui à peine arrive à survivre avec deux députés. En suite il y a eu la remontée de l’ANN, poussée par la sympathie de Nineth Montenegro.
Et maintenant on assiste à la fissure de ce parti. La sympathie populaire, avec toute sa volatilité - aujourd’hui tu l’as, demain qui sait -, s’en va avec Nineth. La base inconditionnelle du parti reste avec le caudillo, croyant que le monde se réduit à sa petitesse organisationnelle.
Jusqu’à présent, la discussion prépondérante fut, d’une part, la critique d’un commandement caduque ; et de l’autre, le manque de respect aux structures du parti et les relations supposées avec les secteurs patronaux.
Mais, la discussion de fond que doit mener la gauche est encore invisible à cause des luttes de pouvoir personnalisées, hier entre quelques uns et aujourd’hui entre d’autres (pour ne pas manquer d’équité). Le débat devrait définir ce que signifie être de gauche dans le monde actuel. La discussion devrait être orientée vers la caractérisation de la réalité contemporaine, vers les grandes lignes de l’horizon face au programme de long terme (on a fini l’histoire avec le capitalisme et reste seulement à le rendre vivable ?) et, ce qui est beaucoup plus urgent, de spécifier quelle est l’alternative qui peut être posée, du point de vue des intérêts populaires, devant l’échec du néo-libéralisme.
Sur ce dernier aspect, des lieux communs comme évoquer l’état providence ne suffisent déjà pas, sans indiquer sur les possibilités réelles d’une structure socio-économique comme la guatémaltèque pour y arriver.
L’autre partie du débat est celle relative à la stratégie politique. Seulement les "révolutionnaires" pour ne pas "être contaminé" ou construire des alliances ? Et le cas échéant, de quelle ampleur et avec quel contenu ? Ces préoccupations de fond sont très éloignées des compromis propres à la petite politique créole (avec Colom ou avec les députés transfuges ?).
Pourvu que la gauche, qui maintenant touche le fonds, puisse remonter la pente. Son existence est nécessaire pour le pluralisme démocratique, mais aussi parce que ce pays mérite une direction meilleure que celle que, jusqu’à présent, ont imposée les élites patronales ou les chefs mafieux.
Les gauches, au pluriel, peuvent être constituées dans un espace politique de convergence nationale, au sein duquel la rencontre n’est pas une collision, ni non plus un compromis conjoncturel.
* Adrián Patin , Professeur d’université, azapata@zipmail.com