Gilberto Gil, ministre brésilien de la Culture.

Gilberto Gil, 60 ans, qui a été nommé lundi
ministre de la Culture du gouvernement de Lula, est un des monstres sacrés de la musique brésilienne, initiateur avec Caetano Veloso, Gal Costa et Torquato Neto du « Mouvement Tropicaliste » à la fin des années 60.

Le Tropicalisme, continuité musicale du mouvement littéraire et plastique de « l’anthropophagisme » lancé par Oswaldo et Mario de Andrade dans les années 20, assume le sous-développement du Brésil, « dévore » et intègre des éléments étrangers et adopte une attitude critique des comportements sociaux.

Gil - de son nom complet Gilberto Passos Gil Moreira -, diplômé en gestion des entreprises, est resté, tout au long de sa carrière fidèle à ce mouvement en faisant preuve d’une immense créativité dans tous les genres de musique brésilienne (samba, baiao, frevo, bossa nova) et en exploitant les musiques étrangères (reggae, rap, rock), en leur donnant une touche brésilienne.

Né dans l’État de Bahia en juin 1942 d’un père médecin, Gilberto Gil s’initie très tôt à la musique (à l’accordéon) et, à 18 ans il cotoie et joue avec Caetano Veloso, la soeur de ce dernier Maria Bethania et Gal Costa.

Plus tard à Sao Paulo, où il est stagiaire chez Lever, il connaît Chico Buarque et Elis Regina, artistes déjà consacrés.

Sa carrière décolle en 1968 avec son premier disque « tropicaliste » intitulé simplement Gilberto Gil mais l’année suivante, en pleine dictature, il est arrêté avec son compère Caetano Veloso. Relaché, il part en exil à Londres, toujours accompagné de Caetano Veloso.

Il ne revient au Brésil qu’en 1972 et ne cesse de produire. Sa discographie compte près de 70 albums et ses producteurs viennent de lancer avant les fêtes de Noël un coffret avec 28 CD avec ses grands succès tels que : Expresso 2222, Aquele abraço, Refazenda et Realce.

Au début des années 80 après avoir connu sa femme actuelle Flora, il se lance dans la politique. Élu conseiller municipal de la ville de Salvador pour le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB) il accepte le poste de secrétaire à la Culture.

En 1990, il est très affecté par la perte de son fils Pedro Gil dans un accident de voiture.

En 1999, il est consacré à l’étranger par un Grammy pour le meilleur disque de Musique du Monde.

Curieux de tout, enthousiaste et bon vivant Gil n’a rien perdu, à 60 ans, de sa vitalité, multipliant les enregistrements - dont plusieurs musiques de film - et les tournées.

Sa nomination pose cependant un problème : le jour de la prise de fonctions de Lula sera-t-il en costume cravate aux côtés du président ou en costume de scène avec les artistes invités à rendre hommage au nouveau chef de l’État comme cela était prévu ? L’artiste a en tout cas annoncé son intention de poursuivre de front son ancienne carrière d’artiste avec sa carrière toute neuve de ministre.