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Il y a chaque fois plus des doutes sur le fait que la démocratie existe encore dans ce pays, avec des voix importantes déclarant qu’une telle chose est nulle et vide. Noam Chomsky le dit depuis longtemps. Gore Vidal avait conclu que le système Américain était celui d’un seul parti, avec deux ailes droites.
Certains ont affirmé que l’inégalité économique croissante, la concentration de richesse, annulent effectivement la démocratie. D’autres signalent que cela est déjà une ploutocratie, et qu’il a des éléments d’un État dictatorial ou totalitaire.
Chris Hedges, correspondant de guerre et Prix Pulitzer, du New York Times, et plus récemment, comme commentateur/analyste indépendant, conclut que, avec le jugement et la condamnation de Bradley Manning, le jeu démocratique a pris fin dans ce pays.
Le verdict rapide et brutal imposé à Manning implique que nous sommes devenus un pays régi par des gangsters, affirme Hedges dans sa colonne en Truthdig la semaine passée [« Bradley Manning and the Gangster State », ]. « Indique le volte face de notre ordre moral et légal, la mort des médias indépendants, et la mauvaise utilisation ouverte et flagrante de la loi pour prévoir toute supervision ou enquête sur des abus officiels du pouvoir, y compris des crimes de guerre. La passivité de la majorité des citoyens de la nation – la population la plus épiée, la plus manipulée et contrôlée dans l’histoire humaine devant le lynchage judiciaire de Manning implique qu’ils seront les suivants. Les mécanismes institutionnels n’existent déjà plus pour arrêter le détournement de nos libertés civiles les plus fondamentales… ou pour prévoir la guerre préventive, le meurtre de citoyens us par leur gouvernement et l’annulation du caractère privé », a-t-il écrit.
Il a souligné que le jugement de Manning est un des jours plus importants de l’histoire américaine : « il marque le jour où l’État a formellement déclaré que tous ceux qui nomment et révèlent ses crimes deviendront des prisonniers politiques ou seront forcés, comme Edward Snowden, et peut-être Glenn Greenwald, de rester en exil le reste de leurs vies. Il marque le jour où le pays a laissé toute prétention de démocratie…il marque le jour de la chute du masque de la démocratie, en soi déjà une fiction, et ses substitutions par la face laide et nue du totalitarisme corporatif…. Ceux qui n’acceptent pas le pouvoir étatique illimité, toujours le chemin vers la tyrannie, seront poursuivis sans trêve. Mercredi nous sommes devenus des vassaux ».
Chomsky a depuis longtemps signalé que, dans la pratique, cela fait un moment qu’on ne peut pas se considérer comme une démocratie. Il indique qu’on doit seulement observer que les dirigeants politiques œuvrent presque toujours contre les intérêts des grandes majorités, et qu’ils y parviennent en maintenant le déguisement d’une démocratie à travers une presse aux ordres et l’ industrie des relations publiques. Dans un discours la semaine dernière, Chomsky rapporte que certaines des grands et prestigieux Instituts de sondages sont arrivés à la conclusion que « approximativement 70 % de la population – 70 % inférieurs sur l’échelle de richesse/revenus n’a aucune influence sur les politiques (du pays). Ils sont effectivement privés (de toute participation démocratique). En montant l’échelle de richesse/revenus on a chaque fois plus d’influence sur les politiques. Quand on est au plus haut, ce qu’est peut-être un dixième du un pour cent, les gens obtient essentiellement ce qu’ils souhaitent, c’est à dire, déterminer les politiques. Alors le terme approprié pour cela n’est pas la démocratie ; c’ est la ploutocratie ».
Plus encore, et ceci a à voir avec les dénonciateurs qui révèlent des secrets officiels, Chomsky rappelle que le pouvoir doit être maintenu hors de la vue publique et cite un des politologues le plus importants du pays, Samuel Huntington, de l’Université de Harvard, qui indiquait qu’ un principe scientifique est que le pouvoir demeure fort, tant qu’il restera dans l’ombre. Exposé à la lumière du soleil, il commence à s’évaporer. Manning et Snowden, souligne Chomsky, sont emprisonnés ou poursuivis à cause de leur décision de ne pas avoir compris ce principe scientifique.
Mais ce ne sont pas seulement quelques journalistes furieux et intellectuels publics de l’envergure de Chomsky qui avertissent que la démocratie US a été annulée. L’ex président Jimmy Carter, en s’exprimant dans un forum à huis clos le mois dernier, a abordé le sujet de l’espionnage et des violations de droits de l’homme qu’il implique, et a conclu, selon Der Spiegel, que les Etats-Unis n’a pas une démocratie fonctionnelle à l’heure actuelle. Dans un entretien semaines avant ceci, Carter avait déjà affirmé publiquement que, bien que Snowden ait violé la loi en exfiltrant de l’information secrète, « je pense que l’invasion des droits de l’homme et du caractère privé aux Etats-Unis sont arrivés à un point extrême…je crois que cette invasion du caractère privé a été excessive ».
Pour l’influent commentateur noir us Tavis Smiley, écrivant dans le Washington Post, « la pauvreté menace notre démocratie ; c’ est maintenant une affaire de sécurité nationale. Comme a dit (Martin Luther) King, la guerre est l’ennemi des pauvres… Et de la même manière que King a vécu sous surveillance constante, notre gouvernement maintenant paraît nous épier tous ».
Juan Cole, intellectuel de renom, et professeur d’histoire à l’Université de Michigan, a offert un commentaire simple sur comment créer une dictature dans son blog, [Informed Comment, en faisant une liste ce qui est requis, y compris classer comme secret tout crime gouvernemental et violation de la Constitution ; surveiller le public en violation de la Constitution ; « criminaliser encore plus des dénonciations (d’abus du gouvernement) comme « terrorisme » » et criminaliser comme espionnage la révélation de crimes d’espionnage du gouvernement.
Le dirigeants politiques ne se lassent pas de répéter que tout ce qu’ils font, tant dans le domaine de la sécurité nationale, comme dans celui des politiques économiques et sociales, est au nom de la défense de la démocratie et de la liberté et du rêve américain, ici, et dans le monde. Mais peuvent-ils défendre la démocratie en secret et en agissant comme si le peuple et les défenseurs des libertés civiles et les dissidents étaient l’ennemi ?
David Brooks pour La Jornada
[La Jornada]]-> http://www.jornada.unam.mx/2013/08/26/mundo/023o1mun]. Mexique, le 26 août 2013.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi
El Correo. París, le 31 août 2013.
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