Accueil > Les Cousins > Colombie > FARC : le médiateur Chavez franchit un premier obstacle
Agence France-Presse
Bogota, le mercredi 19 septembre 2007
Hugo Chavez a franchi un premier obstacle dans sa médiation pour la libération des otages retenus par les FARC en obtenant une première rencontre le 8 octobre au Venezuela avec un dirigeant du mouvement rebelle colombien.
« En principe, la négociation se déroulera au Venezuela. Cela a bien été accepté par le président (colombien) Alvaro Uribe, et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ont également accepté que cela se passe là », a déclaré mercredi à Radio Caracol (privée) la sénatrice colombienne Piedad Cordoba.
L’étape suivante, a précisé Mme Cordoba, désignée par Bogota comme intermédiaire dans le dossier des otages, sera d’obtenir des États-Unis l’autorisation de rencontrer deux chefs guérilleros « Sonia » et « Simon Trinidad », emprisonnés aux États-Unis et dont la libération est exigée par la guérilla.
« Simon Trinidad », alias de Ricardo Palmeras, a été arrêté en 2004 en Equateur et extradé en 2005 aux États-Unis où il est jugé pour l’enlèvement en Colombie des Américains Marc Gonsalves, Thomas Howe et Keith Stannsen.
La sénatrice a indiqué qu’elle rencontrera vendredi à Washington des sénateurs démocrates, puis se rendra en Floride pour s’entretenir avec les familles des trois Américains retenus en otages par la guérilla colombienne depuis février 2003.
Juan Carlos Lecompte, le mari de l’otage Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, estime que la prochaine négociation au Venezuela, entre Hugo Chavez et des porte-parole des FARC annoncée mardi, « sera un pas gigantesque ».
« L’important est de commencer et j’applaudis ces négociations », poursuit-il ajoutant : « c’est la première fois en cinq ans et demi que je suis optimiste ».
Toutefois, M. Lecompte est conscient « qu’il s’agira de négociations difficiles, tortueuses et longues ».
Ingrid Betancourt a été enlevée le 23 février 2002. Elle fait partie avec les trois Américains du groupe de 45 otages que la guérilla, forte de 17.000 combattants, entend échanger, dans le cadre d’un accord humanitaire, contre 500 rebelles emprisonnés, dont le commandant « Simon Bolivar ».
Ce premier succès de Chavez intervient alors que les FARC et le président Alvaro Uribe affichent régulièrement des positions inflexibles et incompatibles.
Ainsi, les FARC estiment « indispensable » l’établissement d’une zone démilitarisée pour permettre l’échange humanitaire entre otages et guérilleros détenus par les autorités colombiennes et soutiennent qu’une rencontre entre Chavez et le chef historique de la guérilla, Manuel Marulanda, ne peut avoir lieu que sur le territoire colombien.
De son coté, le président Uribe répète inlassablement son hostilité à toute forme de zone démilitarisée et refuse catégoriquement qu’une rencontre entre Marulanda et Chavez puisse se dérouler sur son territoire.
« Pour l’instant les deux adversaires campent sur leurs positions, de crainte d’être amenés à faire de trop importantes concessions », estime un diplomate européen qui a requis l’anonymat.
« Les FARC ne peuvent pas tout refuser à Chavez au risque de perdre leurs alliés du camp progressiste en Amérique latine. Et Uribe ne peut apparaître aux yeux des Européens comme un obstacle absolu à la paix, un conservateur aux positions intransigeantes, alors que ses relations avec les démocrates américains sont au plus bas », poursuit-il.
Mercredi, le vice-président Francisco Santos a demandé à la sénatrice Cordoba et au président Chavez d’être « plus discrets » sur ces négociations qui, selon lui, « ne peuvent se dérouler publiquement devant les micros des journalistes ».