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30 de agosto de 2010

Est-ce la fosse perdue du Palais de justice de la Colombie ?

Où sont-ils les disparus du Palais de justice ?

 

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Après 23 ans, comme le révèlent les photographies qui pourraient résoudre le mystère des disparus du Palais de justice.

Harry Van der Aart

Six photographies macabres prises en janvier 1986 et les témoignages de deux spectateurs circonstanciels - les Hollandais Jan Thielen et Harry Van der Aart - pourraient résoudre le mystère qui tourmente les Colombiens : où sont-ils les disparus du Palais de justice ?

La recherche de la réponse à cette question est partie intégrante de l’enquête que le Parquet Général de la Nation mène depuis la fin 2005, qui a abouti à l’arrestation de deux colonels et d’un général de la République. Bien que le Ministère public ait confirmé la disparition d’au moins trois personnes, jusqu’à présent il n’a pas été possible de trouver une trace de ceux-ci. En d’autres mots, on sait qu’ils sont sortis vivants du Palais de justice et qu’ils n’ont jamais réapparu après avoir été sous la surveillance de la Force Publique. Huit autres personnes sont aussi portées disparues depuis les tristes faits du 6 et 7 novembre 1985.

Les photographies, prises par le reporter Harry Van der Aart, montrent une scène dantesque : l’enterrement de plusieurs cadavres dans une fosse commune le matin du mercredi dans le Cimetière du Sud de Bogotá. Dans ce lieu, la présence de Harry Van der Aart et de son ami, le journaliste Jan Thielen était fortuite.

Ces images et l’histoire de ce qui est arrivé ce jour-là, seraient sans doute restées inconnues s’il n’y avait pas un autre fait également fortuit : il y a 15 jours, Thielen a décidé de lire par Internet ce qui se passait en Colombie, un pays où il se trouvait comme correspondant au début des années 80. Là il a été surpris par une information qui l’a laissé perplexe : l’article parlait de fosses des victimes du Palais de justice. La nouvelle l’a frappé au plus profond de son âme, puisqu’elle lui rappelait une expérience qui aujourd’hui encore le mortifie. Le choc était si fort, que cela lui a fait quelque chose qu’il n’avait pas fait depuis 10 ans : il a appelé son grand ami Harry Van der Aart, qui vit en Hollande, pour commenter ce jour néfaste qu’ils ont passé dans la capitale colombienne il y a déjà presque 23 ans.

Van der Aart lui a rappelé qu’il avait quelques photographies de l’événement et ils ont commencé à se remémorer ce voyage qu’ils ont fait en Colombie au début de 1986. Ce n’était pas le premier périple qu’ils faisaient ensemble. Jan Thielen, qui a travaillé pendant 20 ans comme correspondant pour la radio et la télévision dans plusieurs pays d’Amérique Latine, comme la Colombie, Salvador, Nicaragua, Chili, Argentine et Brésil, avait invité son ami à une autre aventure journalistique. Cependant, l’amour pour le métier de Van der Aart a pris fin ce mercredi de janvier quand il a vu dans le vif et en direct la dégradation humaine. Depuis ce temps-là, il se consacre à donner des cours d’art graphique en Hollande.

C’était la quatrième fois que Van der Aart se rendait en Colombie. Thielen avait convaincu ses éditeurs de l’envoyer pour faire une série de reportages. La Colombie étaient dans les informations mondiales à cause de la prise du Palais de justice et de la tragédie d’Armero. Comme Thielen raconte dans son témoignage déchirant , ils ont décidé de faire un reportage sur la violence en Colombie et l’usage sans discrimination de fosses communes pour enterrer des indigents et les « indésirables » de la société.

Au matin du mercredi 22 janvier - les deux croient que c’est la bonne date - ils sont arrivés au Cimetière du Sud. Quelques minutes plus tard, ils ont vu entrer deux "petits fourgonnettes ou camions", comme le rappelle Van der Aart. Dans les véhicules il y avait plus de huit cadavres qui ont été pris et lancés dans une fosse. Cela n’a pas été les seuls qu’ils ont jetés. Des seaux, explique Van der Aart, ils ont sorti des os calcinés, « noirs comme le charbon » et des morceaux de corps. L’odeur de la mort avait inondé le lieu. C’était suffoquant, témoignent les deux.

Certains des cadavres étaient gonflés, même l’un d’eux avait une apparence verdâtre. Les autres étaient en bon état ; « des corps frais » et avec des bleus. Selon les deux Hollandais, ils semblaient être morts récemment, comme on le voit dans certaines des photographies. La majorité étaient des hommes, mais il y avait au moins une femme. Devant l’apparition de ce corps, Thielen n’a pas supporté et il a vomi sa répugnance.

L’un des hommes qui participaient à l’opération a dit à Thielen : « Ce sont les fils de putes du Palais ». Pour le journaliste hollandais, cela expliquerait la présence des os calcinés ; c’étaient des personnes qui seraient mortes dans l’incendie du Palais de justice. Tous deux ont eu leur attention attirée par le manque du soin avec lequel ils manipulaient les corps. « Ils n’ont pas été traités avec le respect que mérite un être humain », témoigne Van der Aart . Son impression était si forte , qu’ il a décrit en détail son expérience dans une lettre envoyée à sa femme quelques jours après. Une missive qu’il garde encore.

Ils sont rentrés tout de suite à l’hôtel, désireux de se débarrasser de l’odeur fétide des cadavres. Van der Aart se rappelle comme si c’était hier son horreur après avoir vu un morceau de corps humain incrusté dans la semelle de sa chaussure.

Thielen a fait son reportage radio, Van der Aart a réussi à vendre seulement une photo à un quotidien. Thielen s’est établi il y a quatre ans à Salvador de Bahía, au Brésil, et Van der Aart en Europe.

L’histoire de ces deux Hollandais serait seule une anecdote de plus sur la violence colombienne où les fosses communes sont, tristement, trop communes s’il n’y avait pas par cette phrase si contondante qu’a entendue ce jour là Thielen : « Ce sont les fils de pute du Palais ». En janvier 1986, les voix des familles des disparus n’avaient pas un grand écho. La version officielle selon laquelle tous étaient morts dans l’incendie du quatrième étage était la version acceptée. Peut-être, c’est pourquoi, aucun des deux n’a donné une plus grande importance au commentaire selon lequel les morts étaient ceux « du Palais ».

Mais en novembre 2008, grâce à l’investigation que mène le Ministère public, qui a trouvé des preuves dans des lieux insoupçonnés, l’épisode décrit et photographié par les Hollandais ne peut pas être écarté d’avance.

SEMANA a fait une visite au cimetière pour vérifier si les photos avaient été faites sur ce terrain, comme les Hollandais le disaient. La parcelle est abandonnée - un pauvre type la garde - et elle est couverte de mauvaises herbes et d’ordures. Mais il n’y a pas de doute qu’il s’agit du même endroit où s’étaient rendus les Hollandais. Tout près de là, est se trouve la soi-disant la fosse officielle du Palais de Justice.

Dans celle-ci, 26 cadavres du Palais ont été inhumés le 9 novembre 1985, et le 14, 23 et 30 du même mois, des victimes d’Armero et des fœtus et d’autres déchets de l’hopital . En 1998 l’exhumation des corps a été ordonnée pour chercher des disparus. Ils ont seulement trouvé Anne Rosa Castiblanco. La semaine passée, l’Université Nationale a réitéré qu’aucun des 11 disparus restants n’était dans cette fosse.

Selon des sources judiciaires, il est évident que cette fosse est différente de celle que les Hollandais décrivent et on le voit dans les photographies. Pour ces sources, qui compte tenu de la sensibilité du sujet ont demandé ne pas être identifiées, le procédé de l’inhumation dont elles ont été témoins est hautement irrégulier. En premier lieu, l’un des véhicules où ont été transportés les cadavres est un véhicule civil, comme a pu vérifier SEMANA avec les autorités. Aucun des hommes ne porte un signe d’identification de la Médecine Légale, l’unique organisme autorisé à faire des inhumations. Plusieurs corps n’ont pas de marques d’autopsie, un procédé obligatoire pour tout cadavre. Et le dédain avec lequel ils jettent les cadavres dans la fosse attire l’attention. Ils n’y mettent aucun soin. Cela contraste avec les cadavres enterrés dans la fosse officielle du Palais, qui ont été couverts par des plastiques et d’une manière ordonnée. Selon une source judiciaire, il y a des soins minimaux de santé publique qui n’ont pas été respectés dans la fosse photographiée par Van der Aart. Avec le maniement des cadavres, il existe toujours le risque que se produise une gangrène gazeuse, qui peut générer une épidémie dans les zones proches du cimetière.

Ce ne sont pas les seules anomalies. Selon le registre officiel de toutes les inhumations faites en janvier 1986 dans les cimetières Central et du Sud, apparaît seulement un NN - âgé de80 ans- le mercredi 22 janvier. Le mardi 21 janvier il y a eu huit NN dans les deux cimetières, mais parmi ceux-ci il y avait un enfant de 2 ans et un homme de 60. Tant Van der Aart que Thielen sont formels sur le fait qu’ils n’ont pas vu d’enfants ni de personnes âgées. Tout indiquerait que cette fosse n’a pas été officiellement enregistrée.

L’état des corps est aussi parlant. Cela ne semblent pas être des indigents, comme a commenté une source judiciaire à SEMANA.

Sur les photos on observe qu’au moins trois individus se démarquent pour du reste des participants à l’opération. L’un de ces hommes, comme racontent les Hollandais, a été plus préoccupé par eux que par l’opération. Il les regardait attentivement. Et, curieusement, les trois hommes semblaient atteints par la forte odeur des cadavres, ils n’utilisaient pas de masques.

Des sources judiciaires consultées par SEMANA disent qu’il est hautement probable que le Ministère public ordonne une exhumation de cette fosse commune dans les semaines à venir pour vérifier s’il y a des restes issus du Palais de Justice. Il y a trois indices supplémentaires qui motiveraient cette décision : le commentaire que Thielen a entendu sur le Palais, les os calcinés que décrit Van der Aart et la proximité de cette fosse par rapport à la fosse officielle.

Pour lors, il n’y a pas de raisons de douter des paroles du journaliste hollandais. Cela fait déjà des années qu’il n’exerce plus sa profession - il se consacre à faire des documentaires - et il ne semblait pas être au courant de l’investigation du Ministère public. Peut-être que si le colonel Alfonso Plazas, accusé de séquestration et de disparition forcée, n’avait pas signalé il y a 15 jours que les disparus se trouvaient parmi les cadavres non identifiés exhumés de la fosse officielle du Palais de justice, de Thielen et Van der Aart n’auraient pas recommencé à en parler entre eux.

Peu de jours après avoir photographié l’enterrement irrégulier, Van der Aart a écrit ses impressions à sa femme. Son récit n’a pas changé et sa description des os calcinés est marquant. Si les corps étaient à quelques indigents: qu’est-ce que des os calcinés et des bras et des jambes mutilés faisaient là ?

Si certains de ces restes étaient ceux du Palais: pourquoi ne se sont-ils pas enterrés dans la fosse officielle ?

Dans tous les pays du monde, la scène qu’on voit sur ces photographies motiverait une enquête. Elles sont dignes des camps de concentration de l’Allemagne nazie.

En paraphrasant Hamlet : Quelque chose sent mauvais.

Cette photo a été faite le 22 janvier 1986 à 8 heures du matin dans le Cimetière Sud de Bogotá.

La prise du Palais de justice a eu lieu le 6 et 7 novembre 1985. Des vidéos et des photographies ont démontré des années plus tard que quelques personnes sont sorties vivantes ce jour et qu’elles ne sont jamais réapparues.

Dans cette photographie, prise depuis un plan plus ouvert, on observe un autre personnage étranger qui est des dos et voilà qu’il semble aussi superviser ce qui se passe arrive. Ce qui surprend, ses vêtements formels.

Cette photo a été prise le 22 janvier 1986 à 8 heures du matin dans le Cimetière Sud de Bogotá. Un peut voir un trou et au fond on peut voir quelques corps qui ont été jetés. Deux hommes, habillés avec des blouses, se préparent à jeter un autre cadavre. À la gauche on voit deux fonctionnaires du cimetière qui observent la scène macabre. Au fond de l’image, arrêté sur un monticule, on remarque un homme mystérieux habillé d’un costume et avec un chapeau, qui semble superviser ce qui se passe. Curieusement, dans les archives, il n’y a pas de registres officiels sur des inhumations réalisées le 22 ou 23 janvier 1986 dans un des cimetières de Bogotá. L’activité qui est mémorisée sur cette photo ne disposait pas de la permission d’autorités comme la Médecine Légale.

Un personnage jette ce qui semble être de la chaux sur les corps empilés au fond de la fosse. On arrive à voir que l’un des cadavres recouvre d’autres restes. L’attitude de deux personnages mystérieux qui sont plus attentifs à la camera et selon les témoignages du journaliste et du photographe hollandais, semblaient superviser pendant l’activité, attire l’attention.

C’est l’un des deux véhicules qui sont arrivés au Cimetière du Sud au matin du 22 janvier 1986 en transportant des corps. Sur la photo on observe que la camionnette est très détériorée et elle n’a pas d’identification officielle, comme par exemple celle de la Médecine Légale. La plaque est à un particulier et correspond à une fourgonnette de 1952, ce qui ne correspond pas au modèle de la camionnette, qui est des années 40. Sur la photo on arrive à apercevoir au moins quatre corps et un seau.

Dans cette photographie on observe deux personnages en transportant le corps d’un homme. On arrive à voir que le cadavre n’est pas décomposé, ce qui signifie qu’il n’est sans doute pas mort depuis longtemps. Quelques orifices de balle attirent l’attention dans l’épaule, le thorax et la jambe. Le corps présente ce qui est connu comme « le tatouage » de ce que sont des restes de poudre qui mettent en évidence que les coups de feu ont pu être tirés à une courte distance. Des morceaux de vêtements ensanglantés sont vus sur le corps. Dans les registres officiels des cimetières de Bogotá, il n’existe aucun avis d’inhumation en NN le 22 janvier 1986, le jour où cette photo a été prise.

Ainsi est aujourd’hui le lieu exact où se trouvait la fosse où les corps ont été jetés le 22 janvier 1986. L’endroit est couvert de mauvaises herbes et on prévoit d’y faire un terrain de jeux pour enfants.

Traduction de l’espagnol pour El Correo de: Estelle et Carlos Debiasi

Semana. Bogotá, le 15 Novembre 2008.

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