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Le président étasunien veut associer le Brésil dans le commerce de l’éthanol comme biocombustible. À son tour, Lula demandera à Bush de ne pas essayer d’interférer dans la politique du Mercosur.
Par Eduardo Andrés Aller
APM. Brésil, le 8 mars 2007.
Au milieu des manifestations de rejet de la guerre en Irak et des politiques impérialistes et néolibérales, protégé par un dispositif de sécurité inédit, le président des Etats-Unis, George W Bush, arrive aujourd’hui au Brésil pour rencontrer avec son hôte Luiz Ignacio Lula da Silva, première étape d’une tournée en Amérique Latine, qui exclut le Venezuela et l’Argentine.
Comme cette tapageuse arrivée coïncide avec les célébrations du Jour International de la Femme, les consignes féministes vont joindre les revendications féministes avec la proclamation de " Bush dehors de l’Amérique Latine".
Bien qu’il n’y ait pas un consensus sur le véritable caractère de la visite de Bush dans sud du continent, bien que personne n’ait le courage de nier l’intention politique du voyage, la carte postale de l’actuel climat social latinoaméricain est en place.
Au moment où le leader républicain sera reçu à l’unisson par un cri de rejet, dans la Ville de Buenos Aires, militants politiques ou estudiantins des Droits de l’Homme et territoriaux, se préparent dans un stade de football à recevoir demain le président vénézuélien, Hugo Chavez. Plusieurs rumeurs parlent, en outre, de la participation du Chef d’État bolivien, Evo Morales, bien que cette dernière présence ne soit pas confirmée.
De même, la Maison Blanche a maintenu un silence de tombe sur l’itinéraire de Bush au Brésil pour éviter des agressions et éviter les différentes mobilisations qui gagneraient les rues des villes les plus importantes, en protestation contre sa personne et sa politique étrangère. Par exemple, on prévoit une concentration de presque 15.000 personnes dans l’Avenue Paulista, artère principale San Pablo.
Selon ce qui a transpiré durant cette semaine, Lula demandera à Bush de ne pas interférer dans la politique du Marché Commun du Sud (Mercosur) et qu’il montre une volonté sincère dans les prochaines réunions de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour supprimer ou réduire les taxes qui grèvent la production agricole du Tiers Monde, quand celle-ci tente de parvenir dans les pays industrialisés.
C’est que, depuis qu’il a été élu en 2002, le président brésilien défend la même position : la seule possibilité de développement qu’ont les nations les moins développées, avec des économies primaires et peu diversifiées, est de pouvoir négocier à égalité de conditions avec les principales puissances. Nous y sommes, justement, elles sont régies sous la baguette des Etats-Unis.
Pour sa part, Bush offrira à Lula une société plus que bénéfique pour exploiter ce qui serait l’activité du futur : l’éthanol biocombustible. L’étasunien a déjà déclaré qu’il aura besoin de la provision du Brésil pour atteindre l’objectif de réduction, pendant la prochaine décennie, de 20% la consommation d’essence de son pays.
Cependant, il faudra attendre le discours final de la rencontre pour savoir si le texan s’engagera à réduire les barrières tarifaires qui existent aux Etats-Unis pour importer de l’éthanol brésilien. À long terme, Bush a à l’esprit de normaliser les standards du combustible végétal pour le transformer en une nouvelle commoditie, c’est-à-dire, par un produit [ou matière première] avec un prix international.
Cette intention de faire le pari futur sur l’éthanol a justifié, de la part du "Mouvements des Travailleurs Ruraux Sans Terre" (MST), la publication d’un manifeste appelé "Réservoirs pleins au prix de ventres vides", qui signale que "le modèle de production de biocombustible est soutenu avec les mêmes éléments qui ont toujours causé l’oppression de nos peuples : appropriation de territoires, de biens naturels et de force de travail ".
Dans un de ses paragraphes les plus importants, le texte, signés par plusieurs mouvements sociaux de la région, indique aussi que le but d’une entente commerciale entre le Brésil et les Etats-Unis cherche à affaiblir à la Bolivie et le Venezuela et qu’il s’agirait d’offrir un feu vert au travail des enfants, très demandé pour récolter la canne de sucre, à partir de laquelle on obtient l’éthanol dans la région amazonienne.
"Nous nous engageons à dénoncer et à combattre le modèle agricole basé sur la monoculture concentratrice de terre et de richesse, destructrice de l’environnement, responsable du travail esclavagiste et de la super exploitation de la main d’œuvre ; et de dépasser l’actuel modèle agricole à travers l’élimination de la propriété terrienne", conclut le document.
Au dernier moment, Bush a promis de l’aide pour les pauvres et désemparés du Cône Sud. Jusqu’à présent, personne ne s’est montré ému par l’annonce. De plus, tous ces mots sont tombés aux oubliettes quand il est de notoriété publique que les victimes de l’ouragan Katrina - qui a frappé la Nouvelle Orléans en août 2005- n’ont pas été dûment protégées, et qu’on a vérifié que la paresse gouvernementale a augmenté l’ampleur de la tragédie.
D’autre part, le dispositif de sécurité pour recevoir M Bush est le plus grand jamais préparé pour une autorité étrangère dans le pays. Le président étasunien et son cortège auront un hôtel complet à leur disposition et ils seront gardés par la Police Fédérale et par l’Armée de l’Air Brésilienne. Prendront part aussi l’Armée Brésilienne, l’Agence d’Intelligence Nationale, la Police Militaire et la Police Civile ; tous en relation et en communication permanente.
Flávio Trivella, le fonctionnaire responsable de la coordination de l’opérationnel qui essayera de fournir aux hôtes d’un véritable bouclier blindé, a justifié un déploiement semblable parce que "Bush a beaucoup d’ennemis déclarés".
Aujourd’hui, tous les points proches des lieux que Bush pourrait parcourir, ont été passés au peigne fin par la Police Fédérale, qui cherchait à neutraliser les "possibles cachettes de terroristes", comme ont conclu les organisateurs.
Traduction de l’espagnol pour El Correo de :
Estelle et Carlos Debiasi.