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Agence France-Presse
La Havane, Le samedi 2 décembre 2006.
En l’absence du président cubain Fidel Castro, son frère Raul, qui assure l’interim durant sa maladie, a tendu samedi la main aux États-Unis en les invitant à la « table de négociations », mais, de l’autre, a sévèrement tancé Washington pour son bellicisme supposé.
« Nous voulons profiter de cette occasion pour déclarer à nouveau que nous sommes prêts à nous asseoir à la table des négociations pour résoudre le conflit qui oppose Cuba aux États-Unis », a lancé Raul Castro lors d’un discours à La Havane à l’occasion du défilé militaire en l’honneur de Fidel Castro et du 50e anniversaire des forces armées cubaines.
Devant les troupes, les dignitaires du régime et les invités étrangers, Raul Castro, ministre de la Défense, a toutefois prévenu : « Evidemment, à condition qu’ils acceptent, comme nous l’avons déjà dit, que notre pays ne puisse tolérer aucune atteinte à son indépendance et que les négociations se déroulent sur la base des principes d’égalité, de réciprocité, de non ingérence et de respect mutuel ».
« En attendant, après presque un demi siècle, nous attendons encore patiemment que le bon sens s’impose chez ceux qui détiennent le pouvoir à Washington », a ajouté le patron de l’armée cubaine depuis 1959.
Le département d’État américain a répondu en soulignant que l’ouverture d’un dialogue avec Cuba dépendait « de la volonté du régime cubain à prendre des mesures concrètes pour une ouverture politique et une transition vers la démocratie ».
Quelques jours après sa désignation à titre intérimaire à la tête de l’État par son frère le 31 juillet, Raul Castro avait déjà proposé aux États-Unis de normaliser les relations « sur un pied d’égalité ». Un porte-parole à Washington avait répondu en traitant le numéro deux cubain de « Fidel Light ».
Cuba, seul régime communiste du continent américain, et les États-Unis, ont rompu leurs relations diplomatiques depuis 1961 et le débarquement avorté dans la Baie des cochons, une cuisante défaite pour Washington.
Mais devant son auditoire de militaires et militant, Raul Castro n’a pas manqué de reprendre les traditionnelles diatribes anti-américaines qu’affectionne son frère aîné, sous les applaudissements de la foule.
« Les récents événements survenus sur la scène internationale témoignent de l’échec des politiques aventureuses de l’actuel gouvernement » américain, a-t-il lancé, jugeant que les États-Unis étaient à un moment charnière de leur histoire, « dans l’impasse » en Irak et marchant vers un « humiliant revers » dans leur guerre contre le terrorisme.
« Le peuple des États-Unis, comme il l’a fait pour le Vietnam, mettra fin à ces guerres injustes et criminelles », a-t-il ajouté.
Pour lui, « la politique aventurière de l’actuelle administration nord-américaine » a été sévèrement sanctionné par les électeurs lors de l’élection du 7 novembre et la victoire des démocrates.
Sur les banderoles placardées sur les bâtiments officiels de la place de la Révolution, on pouvait lire : « Ces armes ne se plieront jamais face à l’Empire (les États-Unis, ndlr) », ou « Ce pays est militairement invulnérable ».
Lors du défilé de samedi, Cuba a fait étalage de son parc d’équipements militaires, qui date du temps de l’Union soviétique, dépassé selon les experts, mais qui comprend toutes les armes classiques : avions et hélicoptères de combat, et pièces d’artillerie montées sur des tanks.
Cuba met sur le compte de l’embargo américain en vigueur depuis 1962 les difficultés économiques de l’île, située à 140 km de la Floride.