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20 avril 2009

"Cuba n’acceptera pas de conditions pour si peu"
Wayne Smith.

 

Wayne Smith, jeune fonctionnaire -aujourd’hui spécialiste étasunien de la question cubaine- a été envoyé comme diplomate à La Havane, il a vu la Révolution et l’entrée de Fidel dans la capitale en 1959. Il fut le conseiller de Kennedy et l’envoyé de Carter, et aujourd’hui diplomate d’expérience il nous explique les limites de l’ouverture et le "manque de réalisme" d’Obama.

Par Marie Laura Carpineta
Página 12
. Buenos Aires, le 19 avril 2009.

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Il connaît la Cuba et les Cubains comme peu d’Américains. Il était là pendant la Révolution de 1959, il a vu l’entrée triomphale de Fidel Castro à La Havane le 1er janvier et a du faire ses valises et laisser l’île en 1961, quand Washington a coupé ses relations avec le gouvernement cubain. A l’époque Wayne Smith était un jeune diplomate qui commençait à apprendre le métier des relations internationales. Après 50 ans passés à penser et repenser le conflit, l’opinion de l’ex-diplomate de 76 ans est devenue un avis obligé pour ceux qui débattent à Washington sur que faire avec le dernière front de la Guerre Froide dans l’hémisphère.

"Il est important de connaître et de comprendre le gouvernement ou la personne avec qui l’on négocie", a t-il remarqué cette semaine depuis son bureau dans le Center for International Policy à Washington. Bien qu’il a fêté la levée des sanctions annoncée il y a une semaine, il a remarqué que Barack Obama suit une mauvaise stratégie après avoir demandé que le gouvernement cubain réponde par un geste fort, comme libérer des dissidents. "Les sanctions dans cette histoire viennent des États-Unis contre Cuba, pas l’inverse. Si je connais un peu les Cubains, je sais qu’ils n’accepteront pas de conditions pour si peu ; ils ne l’ont fait jamais pour personne et encore moins pour Washington", a-t-il dit .

Smith a travaillé avec John F. Kennedy comme l’un de ses conseillers pour la région et plus tard Jimmy Carter l’a nommé responsable du nouveau Bureau des questions Américaines à La Havane. Depuis ce temps-là il est sûr que les États-Unis doivent chercher une façon de rétablir des relations avec l’île. Il en était tant convaincu qu’il a renoncé au Département de l’État étasunien en 1982 parce qu’il n’était pas d’accord avec la politique extérieure du républicain Ronald Reagan.

Le porte-parole d’Obama a répété hier qu’ils attendent un geste de Cuba.
Il est absurde de mettre la balle du côté cubain. Ce qu’a fait les États-Unis cette semaine est très peu. Obama n’a peut-être pas conservé l’hostilité de son prédécesseur, mais le discours continue à avoir un ton dur. Le gouvernement étasunien n’a même pas exprimé d’intérêt à commencer un dialogue avec Cuba et maintenant il attend un geste de Cuba. Cuba n’a pas mis de restrictions aux voyages des citoyens américains, ni a bloqué le commerce avec les États-Unis. Les sanctions dans cette histoire viennent des États-Unis contre Cuba, pas l’inverse. Si je connais un peu les Cubains, je sais qu’ils n’accepteront pas de conditions par si peu ; ils ne l’ont fait jamais par personne et ils le feront moins par Washington.

Ou bien ils ne devraient attendre aucun changement dans l’île...
Cuba pourrait faire quelques déclarations afin de détendre la situation, pour recommencer à dire qu’ils sont disposés à s’entretenir avec les États-Unis. Mais les gestes qu’Obama réclame ne sont pas réalistes.

A Trinité-et-Tobago le Sommet des Amériques ne peut-il pas non plus aider à débloquer la situation ?
C’est comme essayer de mettre la chaussure du mauvais pied. Jusqu’à présent nous n’avons pas vu de changement dans la politique des États-Unis envers Cuba. Le Département d’État continue sans parler au Bureau des Intérêts Cubains à Washington et le Bureau américain de La Havane n’a pas non plus de relation formelle avec la Chancellerie cubaine. Il faut comprendre quelque chose de fondamental : la politique des États-Unis envers l’île est la même. Au-delà de ce qu’ils disent à Washington, la balle continue à être du côté américain.

Rien ne changera avec le sommet alors...
J’aimerais croire qu’après le sommet le gouvernement d’Obama va se rendre compte qu’il a besoin de faire plus et qu’il annoncera de nouveaux changements, plus significatifs et profonds. Mais je crois que cela n’arrivera pas. Obama va dire que maintenant le moment est venu d’attendre un changement de la part de Cuba... (il rit). La vérité consiste en ce qu’après tant d’années nous devrions savoir que cela n’arrivera pas. Les Cubains vont saluer les changements, mais on ne va pas commencer à libérer les prisonniers ou ouvrir le jeu électoral à tous les groupes politiques.

Obama est-il ingénu ou est-ce une stratégie pour éviter d’approfondir un rapprochement ?
Obama a promis de nombreux changements durant la campagne électorale, mais j’ai le sentiment que nous ne les verrons pas. Cependant, il ne faut pas oublier que l’opposition au blocus est de plus en plus forte dans le pays.

D’où vient cette opposition ?
Des organisations et des personnes qui croient que la politique envers Cuba est et fut contreproductive. Les sondages d’opinion montrent que la majorité des Etasuniens, autour de 71 pour cent, croient que nous devrions normaliser les relations et de lever complètement l’embargo. Il y a beaucoup d’appui, mais il ne faut pas se tromper, cet appui ne se traduira pas par des foules dans les rues protestant et manifestant en faveur de Cuba.

Est-ce que Cuba est un sujet qui intéresse l’étasunien moyen ?
Cuba n’est pas l’allié de l’Union soviétique et les citoyens étasuniens comprennent que leur gouvernement ne doit pas renverser des gouvernements étrangers, mais établir des relations de respect. Dans le contexte actuel, les États-Unis sont ceux qui sont vraiment isolés, pas Cuba.

Vous avez souvent voyagé à Cuba et vous connaissez plusieurs des fonctionnaires qui sont encore au gouvernement. Le système cubain est-il préparé à une ouverture totale aux investissements, aux citoyens et aux biens étasuniens ?
Ils ont besoin de changer, cela ne fait pas de doute. Les changements depuis les États-Unis peuvent les pousser un peu hors du système socialiste pur, mais ils n’y sont plus maintenant. Au-delà des

Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi

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