Accueil > Les Cousins > Cuba > Cuba le grand et seul absent du IVème Sommet des Amériques.
Cuba sera le grand absent du IV Sommet des Amériques qui se tient à Mar del Plata, Argentine, parce que ce Pays a été expulsé de l’OEA sur ordre des Etats-Unis. Le numéro "3" de la révolution cubaine a rejeté l’existence "d’un axe du mal" latino-américain, entre Cuba et Venezuela, et a affirmé à Página 12 que les stratégies d’intégration de Chavez tendent à résoudre les problèmes de la région. Alarcon a accordé cette entrevue à Página/12 à Caracas, le 13 août 2005, dans l’Hôtel Caracas Hilton avec un garde du corps qui avait combattu en Angola.
Par Martin Piqué
Página 12. Buenos Aires, 31 octobre 2005
"Un des problèmes des étasuniens et de leur empire, c’ est qu’ils n’arrivent pas percevoir la réalité comme elle est. Quelle est la cause de la déstabilisation de l’Amérique latine ? Il ne faut pas chercher un diable latino-américain. C’est les Etats-Unis, par la structure internationale de ses politiques : la dette externe, les politiques néolibérales ", explique Ricardo Alarcon, président de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire de Cuba.
Avec un tee-shirt rouge et l’immanquable havane à la main, Alarcon a commenté avec euphorie les nouvelles du cas "des 5 de Miami" comme on appelle à Cuba les cinq cubains qui ont été arrêtés en Floride après s’être infiltrés dans des groupes d’opposants qui préparaient des attentats à l’explosif à Cuba. Ils ont été condamnés pour conspiration et espionnage. Quelques jours avant l’entrevue avec Página/12, un tribunal d’Atlanta avait considéré qu’on devait faire leur un nouveau procès dans un lieu impartial.
– C’est plus facile, c’est plus simple, et c’est classique de la pensée réactionnaire d’attribuer à un esprit malveillant qui fait que les affamés se rendent compte qu’ils sont affamés et protestent pour cette raison, que les chômeurs se rendent compte qu’ils n’ont pas d’emploi et qu’ils protestent. C’est un des problèmes des étasuniens et de leur empire : la difficulté de percevoir la réalité. Quelle est la cause de déstabilisation de l’Amérique latine ? C’est les Etats-Unis, il ne faut pas chercher un diable latino-américain qui puisse faire cela.
Regarde en tant qu’argentin : Menem a eu davantage de responsabilité dans la déstabilisation de l’Argentine que tout autre personne. Et les Etats-Unis aussi, de par les conditions de la structure internationale de ses politiques : la dette externe a beaucoup voir avec la déstabilisation, plus qu’aucune autre chose. Les politiques néolibérales. S’ils nous prêtaient un petit peu d’attention ou au président Chavez, on serait entrain d’y mettre fin ou d’alléger les causes qui produisent ces problèmes.
Parce que les problèmes qu’il y a en Amérique latine sont en phase terminale. C’est ce qu’il s’est passé en Bolivie, en Équateur. Le manque de gouvernance qu’ont eu quelques gouvernements d’Amérique latine... Tout cela n’a rien à voir avec un supposé axe diabolique. C’est idiot.
En outre, si vous observez les choses que fait Chavez au Venezuela, tout va dans la même direction : ouvrir des espaces à la stabilité et au développement de l’Amérique latine. Par exemple, quand il offre les initiatives prises en matière pétrolière.
De la complémentarité économique...
– C’est une façon d’aider. Il n’y a pas de conditions. Il ne dit pas qu’il faut devenir chaviste pour prendre part à l’accord d’approvisionnement de pétrole.
En Argentine, ils disent "qu’il mène une diplomatie pétrolière". Et qu’avec le prix élevé du baril, il offre du brut bon marché à des pays qui ont des problèmes énergétiques et ainsi il gagne la sympathie des populations de ces pays. Peut-être qu’avec le temps, ils vont finir par réclamer à leur gouvernement qu’ils fassent des choses semblables à celles faites par Chavez. Cela pourrait être une stratégie ?
– Peut être. Mais soyons justes avec Chavez. Il pourrait vous dire "ça vous dérange, bon…" et laisser tomber. Il pourrait aussi dire "ici avec chaque baril rentrent entre 53 ou 54 dollars ; le Venezuela est, pléthorique de ressources, et que le voisin malheureux, les pauvres guyanais, qui n’ont pas du pétrole et doivent l’importer, soit malheureux ". Cela serait-il humain ? J’ai été ambassadeur aux Nations Unies pendant de nombreuses années (14 ans). Quelles sont été les demandes de tous les pays en voie de développement, du Tiers Monde, du groupe des 77, dont faisait partie l’Argentine ? : la lutte pour que les prix aient un sens plus solidaire. Ce que nous réclamions aux pays pétroliers, c’était cela.
Maintenant que le Venezuela le fait, nous lui prêtons des intentions troubles. Ceux qui dénoncent une déstabilisation, se trompent. Ils devraient rendre hommage à Chavez ! Les pays développés, les riches de ce monde. Parce que si simplement le Venezuela regardait ailleurs et qu’il ne se préoccupait que de ses problèmes, les problèmes de l’Amérique latine seraient beaucoup plus graves.
Pense seulement au cas de la République Dominicaine. Ce sont nos voisins, ils sont au milieu. Savez-vous ce que c’est de vivre en exportant que du sucre ? Produire du sucre coûte plus que ce qu’on obtient par lui sur le marché mondial. La seule chose qu’ont les dominicains c’est le tourisme. Qu’arrive t-il si le pétrole augmente, et qu’ils doivent l’importer à des prix exorbitants ?
Et les haïtiens ? C’est un pays que nous connaissons très bien, ce sont nos plus prochains voisins. Leur système d’assistance médicale là bas est cubain, tous les médecins sont cubains. Comment se peut-il qu’ils ne peuvent avoir un système de santé ?
Entre Cuba et le Venezuela, il y a un projet pour traiter les malades de la cataracte des pays des Caraïbes (au Venezuela, ils l’appellent la "Mission Miracle"). 100.000 patients sont concernés. Ils vont être traités à Cuba et nous parlons à une échelle de 100.000 habitants. Chavez a lancé l’idée d’étendre un projet semblable pour toute l’Amérique latine.
Cuba est-il en condition de recevoir des patients de toute l’Amérique latine ?
– Oui. Nous avons la capacité technique, nous avons les médecins, et certains d’entre eux ont développé des techniques très simples et innovantes. C’est ce que peut apporter Cuba. On va avoir besoin de financement, le Venezuela l’apporte. C’est le défi. C’est aussi ce qu’a toujours dit Fidel aux Etats-Unis et aux européens. Parce qu’ils vont dire que les cubains "bouleversent l’ordre, en apportant le communisme, etcetera". Pourquoi ne disent-ils pas cela d’Haïti ? Qui dépend pratiquement des médecins et des infirmiers cubains.
C’est la seconde fois que vous mentionnez Haïti. L’Argentine, le Brésil, l’Uruguay et le Chili font partie de la force d’intervention étrangère. Que pensez-vous de cette mission ? Et que pensez-vous de la façon dont a pris fin le gouvernement d’Aristide ?
– Sur cela nous ne nous avons pas à nous prononcer. Nous avons été discrets. Parce que nous voyons qu’en Haïti, ce qu’il se passe est une véritable tragédie humaine. Ce dont a besoin Haïti est une invasion de ressources, d’aide matérielle. Nous avons fait ce que nous pouvons faire. Avec quoi nous pouvions envahir Haïti, c’était avec des médecins et des infirmiers, et nous le faisons depuis avant Aristide. Imaginez- vous pendant un instant que les médecins cubains partent. Parce que l’ONU ne va pas assumer cela, qui enverrait de l’aide ? L’OMC ? Les Etats-Unis ? Les pays qui ont envoyé des troupes peuvent envoyer des médecins, des infirmiers ? Cuba le fait.
Il ne semble pas que la situation soit résolue à court terme.
– Oui. C’est l’impression que cela donne. On ne voit pas une sortie claire. Haïti a été un des premiers pays qui ont été libérés sur ce continent. Depuis son indépendance, sa dette externe a continué à croître : elle a commencé avec ce qui lui a été imposé par la France après l’avoir tenue en esclavage pendant des siècles. C’est un pays qui a une histoire très triste. Et qui mérite beaucoup d’aide. Non seulement par solidarité, aussi par sens commun, par rationalité.
Mais la Communauté internationale, surtout les pays développés, ne se souviennent plus des souffrances une fois qu’elles disparaissent des titres de CNN. C’est déjà fini, Aristide est parti, un autre est arrivé, on a amené un Chilien pour qu’il s’occupe de la chose (il se réfère au chef de la Minustah à Haïti, Juan Gabriel Valdés), quelques troupes latino-américaines et voila. Jusqu’à l’explosion suivante.
Le sujet de l’axe du mal et de la déstabilisation est présent dans un document des Nations Unies qu’en Amérique latine tout le monde accepte. L’Amérique latine est la région du monde avec une distribution des bénéfices la plus inégale. Ici, il y a d’avantage de richesse et d’avantage de pauvreté, la fracture est plus grande. Et cela peut-il arriver sans qu’il y ait des problèmes politiques et sociaux dans les États ? Évidemment que non. En outre, cela se produit dans une région qui en plus a une histoire, une culture, très riche. En commençant par vous (l’Argentine), de grandes universités, votre pays a donné de grandes figures intellectuelles, dans les sciences.
A l’instant vous mentionniez Menem. Maintenant le président c’est Kirchner. Quelle impression a Cuba de son gouvernement ?
– Il y a des choses positives. Je ne veux pas me mêler des affaires internes. L’Argentine est de retour d’une crise bien grave, et a été capable de s’en sortir. Tout indique que la relation de l’Argentine face au FMI et aux autres organismes financiers a changé. C’est un point. L’autre point est celui des droits de l’homme. Son attitude devant les pardons et l’absence de mémoire face au passé. En termes de projection extérieure, c’est un gouvernement qui reprend des traditions très argentines de latino-américanisme et laisse en arrière toute la bêtise pathétique du premiermondisme , comme se croire une grande puissance à la Menem (il rit à nouveau). Cela est aussi important. Sa participation est importante dans l’intégration latino-américaine. En général, je dirais que du côté cubain nous sentons réellement que l’Argentine va mieux.
La moitié du mandat du président Kirchner s’est écoulée. Deux fois, on a annoncé son voyage imminent à La Havane et deux fois il a été annulé. La raison donnée à Buenos Aires était qu’ils ne voulaient pas intervenir dans la situation de Hilda Molina, la neurochirurgienne dissidente ...
– Je regrette que tu n’aies pas pu voir notre chancelier (Ministre des Relations Etrangères). Je ne veux pas dire des choses qui n’ont ni queue, ni tête. Et en effet, je sais que Felipe donnerait la réponse appropriée. Mais la question mentionnait le gouvernement, non la Chancellerie. Moi j’ai été ambassadeur durant de nombreuses années. J’ai une certaine expérience dans la chose diplomatique et sais que des préparations de voyages, peuvent parfois prendre beaucoup de temps. Il y a différentes raisons qui ne sont pas des celles qui peuvent être mentionnées par les médias.
En tout cas, indépendamment de ce qu’on pense du cas du docteur Molina, moi il me paraît que les relations bilatérales, les intérêts, sont deux catégories de sujets différents. On ne cesse pas de manger une pomme parce qu’on est allergique aux ananas. Ne mange pas l’ananas et mange la pomme. Et en effet, je crois qu’il y a un élément, évident, de manipulation tierce parce qu’il suffit qu’on dise que le voyage va se produire (de Kirchner vers Cuba) pour que commencent à apparaître des choses.
Immédiatement réapparaissent les Etats-Unis et sa version la pire, Miami. J’ai vu quelques déclarations véritablement stupides à Miami. Quand l’Argentine a envoyé de l’aide en rapport avec le dernier ouragan, il y a eu quelqu’un à Miami qui a dit que le gouvernement argentin au lieu d’envoyer de l’aide à Cuba, ferait mieux de s’occuper du cas Hilda Molina. C’étaient des couvertures et des choses pour réparer le toit des maisons détruites. Enfin, il peut y avoir des différences dans la relation normale entre deux pays ou entre deux personnes et cela se gère, mais pas en les déplaçant et en les transformant en autre chose.
Pour l’opinion publique argentine, en référence au cas de Hilda Molina, pourquoi le gouvernement cubain ne veut-il pas qu’elle sorte du pays ?
– Cela a à voir avec différentes décisions dont précisément je ne sais pas dire si dans le cas de Hilda elles ont à avoir avec sa condition de médecin... Le fils a atterri en Argentine, il est aussi médecin, il me semble.
Oui, il est en train de monter une clinique.
– Il a gagné une certaine notoriété en raison de ceci. Il faut essayer de comprendre le sujet. Parfois, on ne le comprend pas depuis l’extérieur. Cuba a quelques restrictions, quelques règles, en matière d’émigration que nous avons établies mais qui ont à avoir avec le fait que le thème de la migration a été employé depuis le premier jour comme une des armes favorites de déstabilisation contre notre pays. La migration est quelque chose de normal, de naturel. Les gens se déplacent d’un lieu à un autre en cherchant de nouveaux horizons. Ils le font dans les pays, d’un pays vers un autre. C’est un phénomène dont personne n’est exempt. L’Argentine a été un pays d’immigrants, aujourd’hui est un pays d’émigrants. Il pourrait y avoir beaucoup d’argentins à New York.
Que va-t-il arriver à Cuba quand Fidel ne sera plus là ?
– Fidel a un état de santé admirable. Il n’est pas facile de l’accompagner sur une journée de travail. Il vient d’une famille spéciale, avec une tendance à la longévité. Ses parents ont vécu vieux. En outre, il est né à la campagne, il a passé sa vie scolaire entre les montagnes. Et il a eu une vie très saine. Mais évidemment que comme tout le monde, un jour, notre heure arrive. Du point de vue mental, je voudrais avoir la mémoire qu’a Fidel. Mais je vais donner une réponse objective et impartiale : l’absence de Fidel objectivement serait ressentie, et énormément.
Comment remplaces-tu, comment remplis-tu ce vide ? Chaque être humain est irremplaçable, à moins qu’on arrive au clonage. Aucun être humain n’est remplaçable. Cela ne veut pas dire que l’œuvre à laquelle il est lié va disparaître avec lui. La musique de Mozart a aujourd’hui plus d’actualité qu’à son époque. Jésus-Christ est mort il y a deux mille ans et le christianisme a été un des phénomènes le plus perdurables de l’histoire.
Associer la fin de la révolution cubaine avec la disparition d’un de ses fondateurs est erroné. En effet, cela aurait été très grave au début des années 60, quand il n’y avait pas tant d’unité dans les forces révolutionnaires. A cette époque, au début de la Révolution, s’ils tuaient Fidel Castro ils auraient pu penser à la mettre en échec, en la décapitant. Mais il y a une perception erronée selon quoi Cuba est régie par la population qui a pris la Moncada et qui a fait la guérilla : celle des petits vieux avec de longues barbes, dirigeant la Révolution.
Et ce n’est pas ainsi : Fidel est un des rares qui est vivant parce qu’il était un des plus jeunes et qu’il a de la longévité. Nous avons aujourd’hui Felipe Pérez Roque, qui a quarante ans. Un excellent chancelier. Nous avons des dizaines de cadres que nous n’avions pas au début. Il y a eu une continuité, un développement, permettant qu’ils puissent assumer un processus social.
Que penses-tu de ce qu’y arrive au gouvernement de Lula ?
– Je suis un ami personnel de Lula. Je n’ai pas le moindre doute que c’est un homme honnête, exceptionnellement honnête. C’est un homme du peuple. S’il y a quelque chose qui est loin de la corruption, c’est Lula. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas eu de problèmes de corruption. Il y en a eu, mais le PT est encore la force la plus saine de la société brésilienne. Ce que je viens de dire de Lula, je peux aussi le dire de Dirceu, il semble qu’il y a eu des erreurs, des éléments de corruption qui sont liés à la situation. Également, aujourd’hui le Brésil est une société plus démocratique. Le Brésil n’a jamais eu un président, un gouvernement, tellement préoccupé par les questions des gens, par une politique agricole en faveur du paysan pauvre...
Comment vois-tu la situation en Argentine, spécialement son gouvernement ?
– Il arrive quelque chose de semblable avec Kirchner, parce qu’il est accusé, par la gauche, de choses qu’il n’a pas faites. Pour nous, cela a été plus facile. La révolution cubaine triomphe au sommet d’une tyrannie totalement discréditée. La manière dans laquelle a démarré la révolution cubaine, et la manière avec laquelle les Etats-Unis ont agi, nous ont placées dans une situation de rupture, qui nous a rendu les choses plus faciles. Ces compagnons (il se réfère Lula et à Kirchner) ne pouvaient pas faire autre chose. Lula gagne une victoire énorme mais dans un schéma. Ils n’arrivent pas au pouvoir vraiment. Ils arrivent au gouvernement, à administrer un système dont les règles n’ont pas été écrites par eux. Je respecte aussi les critiques des autres, parce qu’opiner de dehors c’est très facile.
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POURQUOI RICARDO ALARCON ?
Le grand absent du Sommet
Ricardo Alarcon est président de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire de Cuba. Dans les médias internationaux , on le définit généralement comme "le 3è" de la révolution cubaine, derrière Fidel et Raul Castro.
C’est un diplomate de grande expérience, qui a eu différentes charges au sein du gouvernement cubain. Il a été ministre, chancelier et ambassadeur devant les Nations Unies pendant 14 ans : durant cette période il a vécu à New York, ce qui en a fait un des principaux spécialistes en politique américaine qui ont dans l’île.
Bien que ses collaborateurs le traitent avec beaucoup de respect et l’appellent "président", Alarcon ne perd pas le style décontracté et franc qui caractérise les cubains.
Comme ex chancelier, il a l’autorité en la matière, et c’est pourquoi il parle de la situation internationale, du panorama dans le Cône Sud avec les gouvernements de Nestor Kirchner et Luiz Ignacio Lula da Silva, des dénonciations du gouvernement américain sur un hypothétique "axe du mal" en Amérique latine composé par Cuba et le Venezuela.
Ni Fidel Castro, ni son chancelier Felipe Pérez Roque ne seront présents au IV eue Sommet des Amériques qui commencera cette semaine à Mar del Plata. Cuba n’y prendra pas part parce qu’il a été exclu de l’Organisation d’États Américains (OEA). En tout cas, la position de Cuba sur beaucoup de sujets du débat est beaucoup plus près du III ème Sommet des Peuples que du futur document officiel.
Traduction pour El Correo : Estelle et Carlos Debiasi