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18 juin 2007

Corrélations entre le PT, Lula, le Brésil et le monde.

 

Le Mouvement des sans terre -MST- brésilien vient de tenir son V eme congrès à Brasilia ( du 11 au 15 juin) , réunissant quelque 17 500 paysans : au centre des débats la relance de réforme agraire, les craintes liées à l’agrobusiness et pire aux agro-carburants notamment lié au Soja, à l’éthanol, à la cannes à sucre dans l’optiquedu nouvel or vert , les biocombustibles. Le MST a invité le président brésilien Lula , allié un temps à ce mouvement qui a participé à son élection , à entamer une vraie réflexion sur le sujet et n’ a pas ménagé ses attaques contre le gouvernement . La déception est grande par rapport aux promesses faites il y a quelques années, alors que le maïs transgénique va être légaliser, après le soja….
En éclairage, une interview publiée il y a deux mois, d’un éminent membre du PT qui souligne bien la délicate position du président brésilien

El Correo


Le Secrétaire de Relations Internationales du PT a souligné les points forts du gouvernement de Lula Da Silva et a indiqué ce qu’il reste encore faire. Il a assuré que "l’utilisation des Forces Armées pour garantir l’ordre interne est une erreur grossière".

Par Eduardo Andrés Aller *
APM
. Argentine, le 19 avril 2007.

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Au moment où le président brésilien Luiz Inacio "Lula" Da Silva doit faire face à plusieurs conflits domestiques, comme la violence urbaine et la forte opposition politique, qui pourraient lui coûter le succès de son second mandat, Valter Pomar, Secrétaire de Relations Internationales du Parti des Travailleurs (PT) au pouvoir, a fait une analyse profonde et critique de l’actualité sociopolitique du grand frère du Marché Commun du Sur (Mercosur). Les agro combustibles, la militarisation de Rio de Janeiro et l’intégration régionale ont fait partie de ce questionnement . Bien qu’il ait exprimé que "comme gouvernement, nous n’avons pas su mettre en échec la dictature que le capital financier maintient sur l’économie nationale", il a aussi souligné "la priorité donnée à la question sociale" par l’actuelle administration du Planalto (Résidence présidentiel brésilienne).

Pomar, a 40 ans, milite au PT depuis 1982, à peine deux ans avant l’arrivée à sa tête de Lula, alors syndicaliste de la métallurgie le plus important du Brésil. Son poste lui permet d’occuper la direction du conseil national exécutif du parti, espace où les différents secrétaires décident les grandes lignes stratégiques à suivre.

Ce membre historique du PT a aussi dans son domaine d’action une importante production intellectuelle sur les grands problèmes qui affligent la région et sur l’importance de ce que l’Amérique latine résiste aux successifs coups de butoir de l’impérialisme des Etats-Unis [et européen et de la UE]. En mars passé, la voix de Pomar fut la plus forte pour dénoncer la visite de George W. Bush au Brésil. "Les Etats-Unis en général et le gouvernement de Bush en particulier sont d’une violence brutale. L’intégration continentale, et en particulier la sudaméricaine, constitue un moyen important pour contenir les « gringos » ", dit-il à ce moment là.

Quelle est la relation du PT avec le Gouvernement de Lula ?
Lula est affilié au PT. Le PT fut la force fondamentale de l’élection de Lula en 2002 et 2006, tout comme le soutien de son gouvernement, dans la société et dans au Congrès National. En outre, une partie significative des ministres est « petiste ». Malgré cela, ni le premier gouvernement n’a été, ni le deuxième n’est un gouvernement petista, ni non plus de gauche. Le gouvernement de Lula est un gouvernement de coalition entre des partis de gauche, des partis du centre, au moins un parti de droite et de divers secteurs sociaux. C’est pourquoi, la relation du PT avec le gouvernement de Lula est d’appui et d’autonomie.

Le PT a pu porter Lula à la présidence parce que la société Brésilienne a changé ou parce que le PT a changé ?
Lula a gagné les élections par une combinaison de motifs diverses, parmi lesquels on peut souligner l’usure du néolibéralisme et des partis qui l’ont mis en œuvre au Brésil ; et l’accumulation de plus de 20 ans de lutte politique et sociale menée par le PT et par Lula.

Le PT dit, ce que Lula comme président, doit taire ?
Parfois oui. D’autresfois nous disons la même chose que Lula. Et il y a des occasions où Lula pense et dit une chose, tandis que le PT pense et dit une autre chose.

Par exemple, le PT est très dur avec George W. Bush mais Lula le reçoit et ensuite il lui rend visite. La relation du chef avec son parti s’est elle détériorée après cela ?
Le style de Lula n’est pas d’être agressif avec ses adversaires. En outre, même s’il le voulait, les restrictions diplomatiques et protocolaires doivent être prises en considération. Mais le PT n’a pas besoin de tenir compte de ces limites. De même, la différence de positions n’a produit aucun problème dans la relation du PT avec le gouvernement.

Comme secrétaire de Relations Internationales du PT, quel est votre travail ?
D’abord, aider la Direction Nationale du PT sur les questions internationales. Deuxièmement, accompagner la politique de relations internationales développée par les petistes qui ont des mandats parlementaires ; aussi les relations extérieures des gouvernements dont font partie les petistes, à commencer par le gouvernement fédéral. En troisième lieu, maintenir des relations permanentes avec des partis et des organisations de la gauche politique et sociale partout dans le monde, comme le Forum Social Mondial et le Forum de San Pablo. En quatrième lieu, organiser les petistes qui agissent le secteur ds relations internationales, y compris ceux qui habitent à l’étranger. Finalement, soutenir et développer des campagnes massives autour de sujets internationaux.

Comment est la relation du PT avec d’autres partis politiques du continent ?
Notre principale relation est donnée par le biais du Forum de San Pablo, sans sous-estimer les relations bilatérales intenses avec des partis comme le Frente Amplio d’Uruguay, le Parti Communiste de Cuba, le Front Sandiniste de Libération Nationale du Nicaragua (FSLN), le Mouvement au Socialisme (MAS) de la Bolivie, l’Front Farabundo Marti pour la Libération Nationale du Salvador, ou le Parti de la Révolution Démocratique (PRD) du Mexique, parmi beaucoup de d’autres.

On a souvent on a parlé ici [En Argentine] de former un PT argentin. L’expérience du PT pourrait-elle se reproduire dans un autre pays ?
Le PT est un phénomène brésilien qui a pu apparaitre seulement à une certaine époque de l’histoire du Brésil. Je ne donne pas crédit à la possibilité de construire quelque chose de semblable dans d’autres pays et à une autre époque.

Avec quel parti politique ou mouvement d’Argentine, le PT a davantage de relation ?
Nous avons des relations avec plusieurs partis argentins qui intègrent le « Forum de San Pablo », certains sont en opposition au gouvernement de Nestor Kirchner et d’autres prennent part et soutiennent ce gouvernement.

Sur le Gouvernement de Lula, quelles sont les choses les plus positives réalisées jusqu’à présent ?
Principalement, la présence au sein du gouvernement fédéral de secteurs politiques et sociaux qui n’ont jamais fait partie de lui auparavant. Après, il-y-a la politique extérieure, la défense d’un rôle actif de l’État dans l’économie et la priorité qui a été donnée à la question sociale.

Que reste t-il à faire encore ?
Beaucoup de choses. Pour commencer, nous ne parvenons pas à faire face, encore moins à mettre en échec, la dictature que le capital financier maintient sur l’économie nationale. Nous n’avons pas démocratisé pas non plus la communication sociale. Les élections sont souvent financées par le patronat privé. Les grandes réformes structurelles, comme la réforme agricole, continuent à être en suspens. Et le peuple brésilien est encore très loin d’avoir une vie de qualité.

Quelle est la principale différence entre Lula avec son prédécesseur Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) ?
Fernando Henrique Cardoso est un néolibéral, qui faisait le lien avec la droite et avec le gouvernement des Etats Unis.

Quels sont les secteurs qui au Brésil ont davantage de pouvoir pour faire pression sur le Gouvernement ? Qui sont ceux qui sont plus contre les changements ?
La réponse est la même : le grand patronat fait pression sur le Gouvernement tous les jours pour maintenir le status quo et pour qu’on applique constamment des réformes antipopulaires.

Existe-t-il une solution au sujet de la violence au Brésil ? Comment faut-il traiter ce sujet ?
Oui, il a une Solution. Du point de vue structurel, il est nécessaire de combattre la pauvreté. Du point de vue immédiat, il est nécessaire de mettre un terme à l’impunité des élites qui sont derrière le grand crime organisé. Et, à court terme, il est nécessaire de reconstruire l’appareil étatique. On l’a vérifié partout que là où il y a école, culture, récréation, sports et emploi, la violence est moindre.

La décision de Lula, à travers le gouverneur Sergio Cabral, dont les Forces Armées se déploient dans les rues de Rio de Janeiro, n’est pas contradictoire avec les buts politiques du PT ? Comment faut-il interpréter cette décision ?
Au moment où je réponds à cette entrevue, une telle décision n’a pas été adoptée. La Constitution brésilienne établit des paramètres qui rendent possible la convocation des Forces Armées pour prendre part au maintien de l’ordre public. Le gouvernement de Rio de Janeiro, jusqu’à présent, n’a pas fait une demande formelle qui entre dans ces paramètres (NDLR : au moment de publier cet article, la demande a été faite et se trouve dans sa face d’évaluation par les autorités militaires). Et par rapport au mérite de l’utilisation des Forces Armées pour maintenir l’ordre interne, au cas où une telle mesure est adoptée, c’est une erreur grossière ; d’abord, parce qu’elle ne résoudra pas le problème, et deuxièmement, parce qu’elle ouvrira un précédent extrêmement nuisible.

Où placerait-vous le gouvernement de Lula dans la scène politique actuelle de Latinoamérica ? Comment faut-il comprendre, comment explique-t-on les accords entre Lula et Bush ? Ces accords n’affaiblissent pas un peu le Mercosur ?
Le gouvernement Lula contribue en partie au mouvement général que l’Amérique Latine vit en direction du post néolibéralisme. En référence aux accords avec le président des Etats-Unis, je pense que, de la part de Bush, c’est une tentative de gagner un peu de souffle politique ; et de Lula, c’ est une tentative d’obtenir des espaces, des marchés pour placer les produits brésiliens. Mais je ne crois pas que ces accords affaiblissent le Mercosur.

Le projet d’intégration latinoaméricaine de Lula est-il contraire à celui de Hugo Chavez ou peuvent-ils être complémentaires ?
L’intégration sera l’œuvre de tous ou ne sera pas. Nous n’entrons pas dans des conflits de vedettariat. Je crois que la politique extérieure de Lula, en général, est très positive si on prend en considération la défense qu’il fait de l’intégration continentale, la position « contre » qu’il a prise en ce qui concerne le Secteur de libre Commerce des Amériques (ALCA) et les Traités de libre Commerce (TLC), l’ intensification des relations avec l’Afrique et l’importance qu’il a donné aux relations sud-sud.

Que pense le PT du fait que Lula nomme des ministres très controversés, par exemple, du Parti conservateur et très à droite, le Mouvement Démocratique du Brésil (PMDB) ?
Le PT n’a pas encore approuvé la composition du Cabinet. A mon avis, il y a des ministres et des ministres. Par exemple : le ministre de Communications, Helio Costa, très lié aux Réseau Globo, n’aide pas à démocratiser la communication sociale.

Les biocombustibles ont été critiqués par le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre (MST), par plusieurs mouvements sociaux, par Chavez, par Fidel Castro et tant d’autres. Lula doit-il écouter ces voix ou continuer sans en tenir compte ?
Lula doit écouter ces voix pour que la production de biocombustibles tienne compte de l’environnement, des intérêts sociaux et du projet national. D’une autre manière, cela peut s’avérer une bonne affaire pour les chefs d’entreprise et une mauvaise affaire pour le pays.

Pourquoi au Brésil il est tellement difficile de faire des recherches sur les crimes commis pendant les gouvernements militaires ? Pourquoi n’arrive t-on pas à ce qui se passe en Argentine ou au Chili ?
Par manque de volonté politique des gouvernements brésiliens d’après la dictature. On a eu un mélange de manque de clarté stratégique, de manque de priorité au sujet, de commodité et de lâcheté.

Pourquoi Lula, étant lui et ses compagnons victimes de la dictature, ne montrent-il pas de la volonté pour débattre sur la Loi d’Amnistie de 1979 ?
La Loi d’Amnistie est en débat dans le sens suivant : il n’y a aucune base légale pour pardonner les tortionnaires.

Les Forces Armées ont elles encore beaucoup de pouvoir ?
Oui et non. Les Forces Armées ont besoin d’avoir davantage de force dans le sens de la capacité pour défendre la souveraineté nationale. Mais elles ne doivent pas s’immiscer dans les affaires internes ni dans les questions de sécurité publique. Mais ce pouvoir a aussi à voir avec le fait qu’il-y-a un secteur du pouvoir politique qui a une étroite relation avec les Forces Armées.

Dans le cas de la crise du secteur du contrôle aérien - où il y a eu une importante grève des contrôleurs - les militaires ont fait face à Lula et ils lui ont fait faire marche arrière sur sa décision, par exemple, de passer ces contrôles aux mains des civils. Cela n’a-t-il pas été préoccupant ?
Le PT défend la démilitarisation du contrôle aérien. Et il défend qu’il y ait un ministère de la Défense. Sans ceci, il y aura toujours le risque que les commandants militaires exercent un certain type de pression illégale sur le gouvernement fédéral.

Est-ce que dans la société du Brésil persiste l’idée qu’ il vaut mieux de ne pas déranger les militaires parce que peuvent-ils se fâcher ?
Cela dépend du secteur de la société. Il y a quelques secteurs qui meurent de peur devant les militaires. D’autres stimulent toujours des réactions de la droite militaire contre la gauche. Mais il y a aussi des secteurs de la société qui savent que dans ces affaires il n’y a pas négociation possible. De toute façon, notre problème central est aujourd’hui que les Forces Armées ne sont pas préparées pour remplir leur tâche : défendre la souveraineté nationale.

À quoi faites-vous référence avec les Forces Armées ne sont pas préparées pour défendre la "Souveraineté Nationale" ? Cette "Souveraineté Nationale" par quoi est-elle menacée ?
Dans les pays de l’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud, et aussi au Mexique, la menace à la Souveraineté Nationale a deux origines : les politiques néolibérales et l’impérialisme des Etats Unis.

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