Accueil > Les Cousins > Colombie > Chronique d’une mort annoncée en Colombie de Alfredo Correa d’Andreis
Alfredo Correa d’Andreis a été assassiné vendredi 17 septembre, à Barranquilla, quatrième ville du pays, sur la côte caraïbe colombienne. Son crime : avoir exercé avec passion et liberté son métier de professeur, avoir mené ses recherches sur les déplacés, eux aussi victimes de la violence qui accable la Colombie.
Deux hommes en moto, le visage découvert, ont calmement tué Alfredo Correa et son garde du corps, Edward Ochoa Martínez, en plein jour, dans un quartier résidentiel de Barranquilla, à quelques mètres de la station de police du Prado. Ils ont même pris le temps de voler l’arme d’Edward Ochoa. Le sociologue, ancien recteur de l’Universidad del Magdalena, membre du Réseau des
Universités pour la Paix, était professeur dans deux universités, l’Universidad del Norte et l’Universidad Simon Bolivar.
Quelques mois auparavant, en juin, Alfredo Correa avait été dénoncé par un ancien guérillero ayant déposé les armes qui l’accusait d’être le « Comandante Eulogio » des FARC. Bref, par un informateur, ce nouveau héros du régime de « sécurité démocratique » mis en place par le président colombien, Alvaro Uribe. Cette démocratie où il suffit à n’importe qui de dénoncer son voisin
pour que ce voisin devienne du jour au lendemain un dangereux « terroriste ».
Comme Alfredo Correa qui a passé un mois en prison, avant que les juges, incapables de trouver la moindre preuve contre lui, ne le relâchent. Mais il était déjà devenu une cible des « organismes en marge de la loi » sous toutes leurs formes : légales ou illégales, autodéfenses ou « soldats paysans ». Crime d’Etat pensent certains sans oser le crier car la parole est un privilège à haut risque en Colombie ; et si tel n’est pas le cas, on est en droit d’être encore plus inquiet face à ces acteurs qui imposent leur propre « justice » en toute impunité. Quoi qu’il en soit, l’Etat colombien a offert une récompense de 50 millions de pesos (16000 euros), comme si la délation était devenue la nouvelle règle de fonctionnement de la démocratie.
Au-delà de l’image de pacification véhiculée par les médias nationaux, au service du gouvernement, et trop souvent reprise par les médias internationaux,
le meurtre d’Alfredo Correa n’est que le symptôme de ce régime de terreur qui s’est installé en Colombie, marqué notamment par la recrudescence de meurtres
sélectifs, qui touchent directement les leaders politiques, syndicaux, culturels, ethniques et intellectuels. Mais les Colombiens ont peur, nos
collègues universitaires n’osent plus prendre la parole, seule arme dont ils disposent dans un conflit qui n’en finit plus. Et, désormais, ils ont également
peur de leur voisin.
Nous, universitaires, chercheurs, étudiants, syndicalistes, membres d’ONG, journalistes, etc. du monde entier, ne pouvons rester silencieux face à cet
assassinat, et souhaitons envoyer un signe fort de solidarité à nos collègues colombiens.
Merci donc de transmettre ce message sur vos listes de diffusion et d’envoyer vos nom, profession, institution, pays à l’adresse peticion_internacional@hotmail.com, afin de grossir la liste des pétitionnaires qui exigeons de l’Etat colombien qu’il condamne et éclaircisse ce crime, et
qu’il arrête les programmes de « réseaux d’informateurs » et de paiement de récompenses aux encapuchados (encagoulés) qui mettent directement en cause l’Etat Social et de Droit et les principes qui émanent de la Constitution de 1991.
Site Web : http://fse.ivry.free.fr/solidaridad
Signatures :
– 1. Elisabeth Cunin, sociologue, IRD, France
– 2. Olga L. González, socióloga, EHESS, Francia
– 3. Vincent Gouëset, professeur de géographie, Université de Rennes, France
– 4. Sandrine Revet, doctorante en anthropologie, IHEAL, France
– 5. Odile Hoffmann, géographe, IRD-CIESAS, France-Mexique
– 6. Jean-Baptiste Leclercq. Doctorant sociologie, Université Paris 7. ATER
Université Paris 12, France
– 7. Raymond Gras, Expert en Planification des Transports, Paris, France
– 8. Mariana Serrano Zalamea, Politóloga, Estudiante del Doctorado en Estudios
Latinoamericanos de la UNAM, México
– 9. Juan Manuel Torres, Estudiante del EPHE, Paris, Francia
– 10. Alain Labrousse, sociologue et journaliste, France
– 11. Giovanna Micarelli, Research Associate, Department of Anthropology,
University of Illinois at Urbana-Champaign, USA
– 12. Margarita Chaves, Antropóloga, Investigadora, ICANH, Colombia
– 13. Claudia Velez, Parlamento Europeo
– 14. COPAL Collectif pour l’Amerique Latine (Colectivo por America Latina),
Francia
– 15. Joanne Rappaport , Antropologa, Georgetown University, EE.UU
– 16. María GOMEZ, documentalista, Asociación Barichara Francia
– 17. Michel Agier, IRD, Directeur du Centre d’études africaines (CNRS-EHESS),
France
– 18. Miguel Rojas Sotelo
– 19. Juan Guillermo Ferro, Politologo, Profesor Universidad Javeriana, Bogota,
Estudiante Doctorado Estudios latinoamericanos,UNAM Ciudad de Mexico
– 20. Daisy J. Barreto R. Antropóloga, Universidad Central de Venezuela
– 21. Freddy Guerrero, antropologo, Universidad Nacional de Colombia, Colombia
– 22. Marcela Rodríguez Arango, Especialista en Comunicación Educación.
Universidad Santo Tomás, Bogotá, Colombia.
– 23. Rodolfo de Roux, historien, IPEALT, Toulouse, France
– 24. Azucena Silva, Texas , USA
– 25. Sonia Cabrera, luchadora social
– 26. Victor de Currea-Lugo, Medico y PhD, Lund, Suecia
– 27. Olivier Barbary, Statisticien, IRD, EHESS-Marseille, France
– 28. Julien Altenburger, étudiant en Licence, ICP, France
– 29. Angélica Montes, étudiante en DEA, IHEAL, France
– 30. Piedad Ortega Valencia, Coordinadora Fe y Alegría Regional Bogotá, Colombia
– 31. Axel Alejandro Rojas Martínez, Sociologo, Docente Investigador,
Universidad del Cauca, Popayan Cauca, Colombia
– 32. Alondra REA, sociologa, EHESS, Francia
– 33. Guillermo Uribe, Directeur du Gresal, Maison des Sciences de l’Homme-Alpes,
Grenoble, France
– 34. Juan Carlos Vallejo, HLAPD, Norway
– 35. Alvaro Luna, sociologue, Paris 1-IEDES, France