Chavez montre à la télé une vidéo inédite du IV ème Sommet des Amériques

Dans son programme de dimanche, Chavez a montré des images inédites du second jour de délibérations dans lesquelles on peut voir Bush, Paul Martin et Kirchner débattant sur l’ALCA.

Par Martín Piqué
Página 12.Buenos Aires, 14 noviembre 2005

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Comment se peut-il que Néstor Kirchner soit apparu hier à la télé au Venezuela, s’il est reclus dans sa maison de Calafate. Mais en effet: il est apparu sur les écrans de la chaîne d’état de ce pays et dans le programme à plus grand audience du pays, « Aló Présidente ». Et non seulement Kirchner. Aussi George Bush et Luiz Inacio Lula da Silva, sans oublier les présidents du Canada, Trinité Tobago et du … Mexique.

Ce sont des images du IV ème Sommet des Amériques qui s’est tenu à Mar del Plata. Des séquences, qui n’avaient pas été diffusées jusqu’à présent, de la négociation à portes fermées entre les chefs d’État. Elles n’avaient pas été montrées même aux journalistes qui ont couvert le Sommet. Le responsable de leur mise à l’antenne est rien de moins que le président du Venezuela, Hugo Chavez.

Habitué à faire des surprises, Chavez a commencé l’édition 239 d’ "Aló Président", son programme qui dure plusieurs heures et qui est transmis depuis le Palais de Miraflores, avec un élément donnée inattendu. Au moins pour la presse étrangère. Il a dit que, comme il l’avait promis, il allait divulguer des vidéos du IV ème Sommet des Amériques. Et aussi du III ème Sommet des Peuples. Et il a reconnu qu’il était possible que cette projection produise un certain malaise chez d’autres chefs d’état, mais que son devoir était "avec le peuple vénézuélien". "Je vais citer José Gervasio Artigas: avec la vérité, ni j’offense, ni je crains. Si cet après-midi des communiqués des gouvernements et des chancelleries tombent, et bien, je le regrette. Mais ce matériel doit être connu par le monde entier", a t-il assuré.

Après cette explication, sont apparus sur les écrans des moments "du III eme Sommet des Peuples", qui avait eu lieu au Stade Mondialiste. Mais le plat de résistance est arrivé ensuite.

Transformé en présentateur télé, Chavez a avancé qu’il mettrait à l’antenne les vidéos des discours sur la rencontre privée des présidents du 5 novembre 2005. Il a précisé que les séquences étaient montées et il a ajouté qu’il n’avait pas obtenu d’images du vendredi 4.

Et les ont commencé à être diffusées. Première chose vue à l’écran, Kirchner lors de son discours d’ouverture.
Hors champs, Chavez commentait : "Il a tiré le premier et celui qui tire le premier tire deux fois. Lui (Kirchner) nous a tous représenté dans ce discours, discours énorme. Ay, caballeros ! Si vous aviez pu voir la tête du Mister (Bush), en effet j’ai jubilé", a t-il admis.

Tandis qu’à l’écran on voyait Kirchner, Chavez a demandé aux téléspectateurs de prêter attention aux visages des autres chefs d’État qui étaient dans le champ. Il a même fait rediffuser des séquences pour qu’on voit mieux les gestes. Le programme a continué avec le discours du premier ministre du Canada, Paul Martin, un des orateurs qui a défendu l’ALCA. Dans le passage montré à la télévision, le canadien répond à l’argument de Kirchner selon lequel le Mercosur plus le Venezuela représentent 75% du PBI de l’Amérique du Sud. "La taille d’un pays ne signifie pas que ses opinions pèsent plus", ont été les mots de Martin.

Mais le plus grand effet, il l’a obtenu quand on voit Bush lui-même lors de la discussion portes closes dans le salon Versailles de l’Hôtel Hermitage. Dans cette séquence, Bush demandait en Anglais qu’on approuve la proposition pour l’ALCA qu’ avait présenté le vice-président du Panama. "Je crois que la suggestion du Panama devrait être approuvée. Si cette volonté autour de la table n’est pas reflétée autour d’un document, il est facile pour beaucoup de nous de présupposer que cette assemblée ne veut pas avancer sur l’accord de libre commerce des Amériques. Il est clair que la suggestion du Panama est de loin la volonté du peuple ", furent les mots de l’étasunien.

Pour les argentins, il y a eu une autre surprise. Au nom du Mercosur, on a vu Kirchner signalant que si on insistait avec l’ALCA, on pouvait ne pas arriver à un accord. "Il est important d’essayer de rendre viable l’accord d’un document. A pousser plus, nous risquons de ne pas avoir de document ", a-t-il dit. "Ne forcer pas un accord qui laisse un goût amer", a t-il ajouté. On le voit donc croisant le fer avec le mexicain Vicente Fox. "Ma pensée est absolument différente de celle du président du Mexique parce qu’il me semble que ce que demande Monsieur le président, ne correspond pas à la convocation du sommet. Avec tout votre respect ", on entend Kichner le dire.

Les séquences des vidéos ont été reproduites par l’agence française, AFP. Depuis Caracas, le ministre de l’Information et de la Communication du Venezuela, Yuri Pimentel, a raconté à Página/12 que le gouvernement vénézuélien avait demandé les images "aux autorités chargées du Sommet". "Ce n’était pas une question privée. C’étaient les représentants des peuples du monde. Ces choses doivent être publiques ", a fait valoir Pimentel.