Accueil > Empire et Résistance > « Gringoland » (USA) > Bush souffle le chaud et le froid sur la retraite de l’Irak
À deux semaines des législatives qui s’annoncent difficiles pour lui et en attendant le rapport Baker qui est censé proposer une sortie d’Irak, le président George W. Bush multiplie les propos contradictoires, alors que l’Irak brûle et que les pertes états-uniennes atteignaient hier les 91 soldats tués pour le seul mois d’octobre.
Par Jooneed Khan
La Presse. Canada, Le mercredi 25 octobre 2006.
La Maison-Blanche a révélé lundi qu’il n’est plus question de « maintenir le cap » en Irak, expression que Bush avait utilisée le 30 août encore. « Il a arrêté d’employer ces mots ; », a concédé son porte-parole Tony Snow. ;La stratégie n’a jamais été de maintenir le cap », a renchéri Dan Bartlett, conseiller du président, sur la chaîne CBS.
Bush avait réuni ce week-end ses généraux pour discuter de la situation en Irak et ses conseillers en sécurité nationale ont participé lundi à des réunions à la Maison-Blanche.
Jusqu’à la victoire
Mais hier, lors d’une réunion électorale à Sarasota, en Floride, il a assuré que les États-Unis resteraient en Irak aussi longtemps que nécessaire.
Dans la ville où il avait été informé des attentats du 11 septembre dans une école, Bush a admis que le combat était « dur ». Mais « nous nous battrons et nous gagnerons », a-t-il dit.
Brandissant la vision d’un Proche-Orient « dans 20 ans », où « l’extrémisme prévaudrait, coupant les approvisionnements de l’Occident en pétrole, Israël serait encerclé par des forces extraordinairement hostiles, et l’Iran aurait l’arme nucléaire », il a ajouté : « C’est le scénario qui se réalisera si nous nous retirons avant d’avoir atteint notre objectif. »
« Bush peut dire bien des choses avant les élections, mais il ne va rien assouplir. Il pense qu’il sera apprécié dans 20 ans même s’il est impopulaire aujourd’hui, comme Winston Churchill, qui fut remplacé comme chef tory après la Seconde Guerre mondiale », avait dit le journaliste états-unien Seymour Hersh en entrevue à La Presse lundi.
Événement rare, l’ambassadeur états-unien Zalmay Khalilzad et le commandant des forces américaines, le général George Casey, ont tenu, hier à Bagdad, une conférence de presse comme pour annoncer que « le succès en Irak est possible », et que les forces irakiennes prendraient la relève d’ici 12 à 18 mois.
Signe des temps : la conférence de presse, tenue dans la zone verte hyper-fortifiée de Bagdad, a subi une panne de courant, et Khalilzad a parlé dans le noir avant le retour de la lumière.
Selon deux sondages publiés hier, plus de 60% des Britanniques veulent voir leur armée quitter l’Irak, un pourcentage qui augmente depuis 2004.
À Copenhague, le premier ministre danois Anders Fogh Rasmussen s’est déclaré « déçu » par le gouvernement irakien, et a souhaité une nouvelle stratégie.
À Moscou, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a mis en garde contre un éclatement de l’Irak si rien n’est fait pour son « unification », selon les agences russes.
Aïd et violences
En Irak même, la fête de l’Aïd al-Fitr, marquant la fin du ramadan, a permis à Abdel-Aziz al-Hakim, le plus influent chef politique chiite du pays, de défendre le fédéralisme comme « un rempart contre la dictature et un pouvoir central injuste ». Il a appelé à la création d’une grande région chiite, cauchemar des sunnites.
Pour sa part, le jeune chef chiite Moqtada Sadr a rejeté toute violence entre sunnites et chiites. « Notre premier objectif doit être la fin de l’occupation », a-t-il dit, alors que sa milice défie les autorités à Bagdad et dans le Sud.
Les violences ont continué : au moins 10 Irakiens étaient tués et des dizaines blessés dans diverses attaques, et 28 corps mutilés ont été découverts à Bagdad. Quatre des victimes étaient des pompiers de Fallouja abattus par erreur par des GI.
Avec AFP, AP, Reuters, DPA, NYT, Time, CNN, VOA, Al-Jazira