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Le gouvernement du président bolivien Carlos Tire, est encerclé par les habitants de El Alto (altegnos). Rumeurs de coup d’État en Bolivie et de démission du président. Des barrages paralysent la ville de El Alto, 20 ans après sa fondation. La Fédération des assemblées d’habitants menacent de marcher sur La Paz et prendre le Parlement.
Par Luis A. Gomez
La Jornada. México, Samedi 5 mars 2005
El Alto, 4 mars. Plusieurs heures avant d’entamer le troisième jour de chômage général, les habitants de El Alto sont sortis dans les rues pour se réunir, par quartier, pour suivre les décisions de la Fédération des assemblées d’habitants (Fejuve) et grossir la protestation.
A l’aube, dans les principales avenues de la ville de El Alto, des barrages ont commencé à apparaître: dans Juan Pablo II, qui croise la zone nord d’Est en Ouest, les habitants des secteurs 5 et 6 ont bloqué les principaux croisements et les sorties de la ville vers le lac Titicaca et le nord du département de La Paz.
À 8 heures aucune automobile ne circulait, et au siège de la Fejuve plusieurs groupes de travailleurs ont commencé à arriver avec un seul objectif: expulser la police de la zone de La Ceja.
Là, dans l’avenue 6 mars, qui débouche sur l’autoroute qui arrive à La Paz, au moins 15.000 altegnos se sont réunis. Et ils ont commencé leur offensive.
" Dehors, Aguas de l’Illimani, partez!"
Entre le siège de la Fejuve et le poste du péage de l’autoroute, on dénombre cinq ponts, deux pour les piétons et trois pour les voitures : 200 mètres d’avenue sur laquelle au matin de ce vendredi, les représentants des neuf quartiers, au cri "Dehors, chiens, dehors Aguas de l’Illimani !", ont commencé à avancer.
Les forces de l’ordre, fortement armées mais très inférieurs en nombre, ont commencé à reculer en mettant en joue avec leurs armes les manifestants.
À 10h 30 du matin seul un petit pont séparait les altegnos du péage; là en rang serré, il y avait une centaine de policiers qui essayait de résister à la vague des milliers d’altegnos qui avançaient vers eux en brandissant des pieux, des étendards et drapeaux boliviens.
En haut, à chaque extrémité du pont, des groupes semblables de la police protégeaient la position, armes en position, en attendant des ordres des deux colonels qui commandaient.
Un de ces officiers, désespéré, a prétendu ouvrir feu contre la foule. L’autre a proposé de négocier avec Abel Mamani, président de la Fejuve, qui dirigeait la manifestation.
Au sud, sous un des derniers soleils de l’été austral, La Paz et la cordillère des Andes, en toile de fonds, pendant plusieurs minutes personne ne s’est déplacé.
Jusqu’à ce que derrière les deux groupes de policiers sur le pont, apparaissent la marche de protestation, avec plus altegnos, qui ont définitivement encerclé les colonels.
Quarante jours sans eau
Mais les groupes de la Fejuve ne se sont pas arrêtés là. Ils ont continué à avancer vers le pont tandis que la police essayer de les intimider en se mettant en position franche de tir.
De l’autoroute, derrière les policiers antiémeutes, est finalement arrivée le groupe provenant du secteur 6, qui avait formé un rassemblement.
Le Ceja était pris. La force policière, fatiguée et étourdie par les cris, a commencé à se retirer "demis tour par la droite, marche… ! (...) et sans rien faire ", comme a ordonné un des colonels.
" Les gens, telles des petites tortues ont entouré la police", a commenté à La Jornada un des jeunes qui a pris part cette opération de tenaille civile. "Regardez les, hier on aurait dit des Robocops (...) mais aujourd’hui ils sont effrayés ".
Et après avoir célébré son succès, la Fejuve a fait place à l’ouverture de l’assemblée populaire convoquée pour décider la suite.
"S’ils ne nous écoutent pas -a dit Abel Mamani aux 20 000 personnes réunies- nous allons faire que La Paz souffre comme nous, nous qui sommes restés jusqu’à 40 jours sans eau (...) nous allons descendre à La Paz et prendre le Parlement, pour que une fois pour toutes, les législateurs défendent les intérêts du peuple".
Mamani, encore affaibli mais souriant, a aussi confirmé que le maire de El Alto, José Luis Paredes, a été déclaré ennemi de la ville rebelle.
Au terme de son discours, le président de la Fejuve a reçu un Chicote, symbole traditionnel de pouvoir dans le monde andin, comme garantie que cette fois oui, et pour toujours, ils feront respecter les décisions des altegnos.
Ils préparent la sortie de Suez
L’après-midi, toute la ville est restée déserte, et les principaux barrages dans les avenues et les places ont été maintenus presque jusqu’à la tombée de la nuit.
"Nous allons essayer de maintenir cette dynamique tout le week-end", a expliqué Tony Condori, membre dirigeant de la Fejuve et président du secteur 3, "pour ensuite descendre lundi à La Paz".
Il a ajouté: "Demain (ce samedi) nous allons convoquer un autre regroupement étendu aux présidents des assemblées de quartiers, parce que nous ne nous pouvons non plus rester ainsi si le gouvernement ne nous répond pas".
En effet, la direction vicinale altegna a rompu tout dialogue avec les autorités, et a exigé que dorénavant les réunions soient publiques et à El Alto.
Entre-temps, à La Paz circulaient à nouveau des rumeurs de coup d’État et de démission du président Carlos Mesa.
Une dépêche de l’agence espagnole Efe, provenant de Paris, a affirmé que la Multinationale française Suez, chargée d’administrer l’entreprise Aguas de l’Illimani, est entrée de faire des démarches pour résilier son contrat avec le gouvernement bolivien en raison du mécontentement.
Consulté à ce sujet, Condori a seulement répondu: "Des faits, mon frère. Nous verrons (...) pour le moment nous suivons une grève générale, et nous allons gagner sur ce gouvernement. "
Ce vendredi, les festivités du 20è anniversaire de la fondation de la ville de El Alto auraient dû, aussi, commencer mais elles ont été suspendues.
"Quelle plus belle fête qu’une victoire ?", a assuré une dame du quartier Yunguyo, peu avant de s’en aller de La Ceja.
Traduction pour El Correo: Estelle et Carlos Debiasi