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13 novembre 2006

Attention avec les Democrates conservateurs des Etas-Unis.

Les leçons d’un demi-triomphe.

 

« Vous avez entendu parler des islamo-fascistes ? Je pense que nous avons maintenant des fascistes chrétiens. Quelle est la définition d’un fasciste ? Un fasciste ne veut pas seulement vous battre, il veut vous détruire. »

Par Richard Hétu
La Presse
. Canada, le 12 novembre 2006.

Dans l’avalanche de commentaires qui ont suivi les élections de mardi aux États-Unis, celui de Steve Salem, recueilli par le Sioux City Journal, retient l’attention. Il frappe d’autant plus fort qu’il vient d’un organisateur républicain de l’Iowa, État rural du Midwest.

À titre de président du Parti républicain dans le comté de Woodbury, Salem a dénoncé en ces termes l’influence de la droite religieuse, dont l’absolutisme moral ferait désormais fuir les électeurs. Chose certaine, le GOP (Grand Old Party) est devenu minoritaire à Des Moines, capitale de l’Iowa. Pour la première fois en 40 ans, les démocrates contrôlent les deux chambres législatives de l’État, tout en revendiquant le poste de gouverneur.

Lors des élections de mi-mandat, la vague démocrate n’a pas seulement emporté les majorités républicaines du Congrès (au Sénat et à la Chambre des représentants). Dans plusieurs États, elle a également provoqué des changements majeurs, voire historiques. Au New Hampshire, par exemple, les démocrates se sont emparés des deux chambres législatives pour la première fois depuis 1874.

Peu peuplés et peu représentatifs, l’Iowa et le New Hampshire n’en jouent pas moins un rôle crucial dans la vie politique des États-Unis. C’est dans ces deux États que les campagnes à la présidence commencent officiellement, à l’occasion de caucus organisés en janvier et de primaires tenues en février.

En 1988, le révérend Pat Robertson avait ajouté à l’influence de la droite religieuse en devançant George Bush père lors des caucus de l’Iowa. Huit ans plus tôt, la Moral Majority du révérend Jerry Falwell avait donné son appui à Ronald Reagan, nouant avec le Parti républicain une alliance qui est aujourd’hui remise en question en Iowa et dans plusieurs autres États.

Contrairement à l’Iowa et au New Hampshire, l’Ohio est populeux et représentatif, au point de servir de baromètre politique. Mardi, les électeurs de cet autre État du Midwest ont choisi un démocrate - Ted Strickland - comme gouverneur, pour la première fois en 16 ans. Ils ont aussi élu un démocrate - Sherrod Brown - à la place du sénateur sortant Mike DeWine.

Quelle sorte de démocrates sont-ils ? On a beaucoup dit que les élections de mardi avaient porté au pouvoir des démocrates « centristes », voire « conservateurs ». Ces étiquettes sont trompeuses.

Prenons le cas du démocrate John Tester, qui a battu au Montana le sénateur républicain Conrad Burns. Tester est qualifié de « conservateur » en raison de sa défense vigoureuse du droit des citoyens de posséder des armes à feu. Mais il défend aussi le droit des femmes à l’avortement, la recherche sur les cellules souches embryonnaires, la hausse du salaire minimum, le recours aux énergies durables. Il s’oppose en outre à la guerre en Irak ainsi qu’au Patriot Act, la loi antiterroriste adoptée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Jim Webb, vainqueur de la course sénatoriale en Virginie, figure également au nombre des démocrates dits « conservateurs ». Au lendemain des élections, il a cependant tenu à préciser que son opposition à la guerre en Irak n’avait pas été la seule raison de sa conversion des républicains aux démocrates. L’ancien secrétaire de la Navy sous Reagan a également invoqué les « questions économiques et la justice sociale ».

Il est indéniable que le Parti démocrate a changé. Harry Reid, le prochain chef de la majorité au Sénat, est un mormon de l’Arizona qui ne cache pas son opposition à l’avortement. Il ne remet pas en question le droit des femmes à interrompre leur grossesse, mais il exprime un point de vue moral qui a désormais sa place chez les démocrates. Il y a 10 ans, il n’aurait jamais pu atteindre la position qui sera la sienne en janvier prochain.

Détenteurs de la majorité au Congrès pour la première fois en 12 ans, les démocrates auront deux ans pour définir leur programme et prouver leur capacité à gouverner les États-Unis. En campagne, ils ont promis de se battre pour une « classe moyenne » menacée à leur avis par la hausse des coûts de la santé et l’exportation des emplois manufacturiers, entre autres.

Au pouvoir, les démocrates passeront sans doute beaucoup de temps à enquêter sur des dossiers relatifs à la guerre en Irak. Quoi qu’ils fassent, ils sont aujourd’hui en position de force, et pas seulement à Washington. Cependant, s’ils perdent la course à la présidence de 2008, ils n’auront remporté mardi qu’un demi-triomphe.

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