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Comment faire confiance aux États-Unis ?
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Un avion militaire US a essayé de livrer un chargement non déclaré d’armes de guerre, d’équipements de communications cryptées, de programmes informatiques et de médicaments narcotiques et stupéfiants. La Présidente argentine a ordonné de faire ouvrir une valise que les Etasuniens se refusaient à remettre. Le gouvernement a ainsi réitéré le refus de militariser la sécurité intérieure. Les « Maras » du Salvador et les favelas du Río comme modèle pour les villes argentines. Le discours de Macri [Chef du Gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires] contre l’immigration a été calqué sur celui de Scioli [Gouverneur de la Province de Buenos Aires].
Le gouvernement national a empêché l’entrée « d’un chargement sensible » secret qui est arrivé à l’aéroport international d’Ezeiza par un vol de la Force Aérienne des États-Unis et sur l’emploi duquel n’ont pas été données d’explications satisfaisantes. L’expression « charge une sensible » a été utilisée lundi dernier [7 février 2011] par la Conseillère des Affaires Administratives, Dorothy Sarro, après avoir sollicité une autorisation pour qu’un camion à remorque pût être admis sur la plate-forme opérationnelle. L’énorme C17, un Boeing cargo Globmaster III, plus grand que les fameux Hercules, est arrivé dans l’après-midi de jeudi avec un arsenal d’armes puissantes de longue portée pour un stage sur la gestion de crise et la prise d’otages, stage offert par le gouvernement des États-Unis au Groupe Spécial d’Opérations Spéciales de la Police fédérale (GEOF) argentine, qui devait avoir lieu pendant tout le mois de février et mars. Le gouvernement estime que le coût total du transport et du stage tourne autour de deux millions de dollars.
Le stage était autorisé par le gouvernement argentin, mais quand le personnel a contrôlé si le contenu du chargement coïncidait avec la liste remise auparavant, sont apparus des canons de mitrailleuse et des fusils et une étrange valise qui n’avaient pas été inclus dans la déclaration. Bien que le stage était destiné aux forces de la police argentine, le chargement est arrivé par un avion militaire et à Ezeiza fut reçu par des attachés militaires et de la défense US, les colonels Edwin Passmore et Mark Alcott. Toutes les caisses portaient le sceaux de la 7e Brigade de Parachutistes de l’Armée dont le siège se trouve en Caroline du Nord. Ils ont essayé de passer de façon clandestine plus de 300 m3 , soit un tiers du chargement de l’avion, après avoir fait escale à Panama et à Lima.
Douze experts militaires
La note que l’ambassadrice Vilma Martinez a envoyée en novembre au ministre de la Justice Julio Alak, qui alors était en aussi charge de la sécurité, rappelait que la première phase de l’entraînement du GEOF pour le sauvetage d’otages avait été réalisée en avril, « à la suite duquel on nous a demandé de réaliser un autre plus poussé ». Dans une autre note, destinée le 21 décembre au ministre de la Sécurité Nilda Garré, qui avait pris ses fonctions cinq jours avant, Vilma Martínez a informé qu’Alak avait approuvé la tenue du stage et que, pour l’animer douze « experts militaires étasuniens » arriveraient. Des stages semblables ont été réalisés en 1997 et 1999, sous la présidence de Carlos Menem, et en 2002, pendant les mois durant lesquels l’ex-sénateur Eduardo Duhalde a assumé l’interim du Pouvoir exécutif. Ils n’ont pas eu lieu pendant le gouvernement de Néstor Kirchner et ont repris en 2009, sous l’actuel gouvernement.
Le nouveau stage, de cinq semaines, était programmé pour août 2010, mais il a dû être repoussé à cause d’un épisode similaire. A cette époque, c’est l’ambassadrice Vilma Martínez elle-même qui s’est refusée à recevoir le chargement parce que la numérotation des armes ne coïncidait pas avec celle du listing préalable, ce qui montre les conflits que cette pratique génère au sein du propre gouvernement des Etats Unis. « C’est une honte », avait déclaré à l’époque Martínez, avant de renvoyer le chargement vers la Caroline du Nord. Par ordre de la présidente Kirchner, des fonctionnaires du Ministère des Affaires étrangères et des ministères de la Planification Fédérale et de la Sécurité, de l’AFIP et de la Douane ont supervisé la procédure. Ensuite les ont rejoints des techniciens des ministères de la Santé et de l’Intérieur.
Les gars de la valise
Dans son livre, devenu un classique, The Mission. Waging War and Keeping Peace with America’s Military, publié en 2003, la journaliste du quotidien The Washington Post, Dana Priest, a décrit la primauté dramatique du Pentagone dans la définition et l’exécution de la politique extérieure des Etats-Unis. Avec plus d’un millier de personnes, le Commando Sud dépasse le nombre des spécialistes en Amérique Latine des Ministères, de la Défense, de l’Agriculture, du Commerce et du Trésor tous ensemble. Ce déséquilibre n’a pas cessé de croître et les États-Unis essaient de l’exporter vers les pays sous leur influence, soit quasiment tous. Comme la nuit était déjà tombée jeudi, Cristina Kirchner a ordonné de sceller « la valise » et de reprendre le travail le jour suivant, pour lequel le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l’Intérieur ont envoyé du personnel technique habilité à comprendre de quoi il s’agissait.
Pendant six heures durant vendredi, plusieurs « marines » étasuniens se sont assis à tour de rôle sur cette valise ce qui montre l’importance qu’ils donnaient à son contenu. Selon les Etasuniens, il s’agit de software et de matériel sensible pour la sécurité. Un colonel US a dit que cela ne devait pas être ouvert à ciel ouvert parce qu’il pourrait révéler des secrets aux satellites qui étaient en orbite à ce moment là. L’avion contenait aussi une caisse avec des produits de merchandising pour offrir aux policiers argentins, dont des casquettes, des gilets et autres [méprisantes] babioles.
Le ministre des Affaires étrangères Héctor Timerman a passé presque toute la journée à l’aéroport, avec le secrétaire aux transports Juan Pablo Schiavi, sous instructions présidentielles, avec du personnel de la Police de Sécurité Aéroportuaire, de la Douane et de l’AFIP [Trésor Public] et avec les directeurs principaux des directions de L’Informatique, de Technologie et de Sécurité et de Systèmes du ministère de l’Intérieur. Sont aussi intervenus deux inspectrices de l’Institut National des Médicaments (Unaimer) et de l’Administration nationale des Médicaments, d’Aliments et de Technologie médicale (Anmat). Avec l’intervention du juge pénal économique Ezequiel Berón de Estrada. L’ambassade a retiré de l’aéroport son personnel hiérarchique et s’est refusé à consentir l’ouverture de la valise.
Après un jour complet de va et viens, Timerman a informé qu’il utiliserait les dispositions légales pour l’ouvrir. Il était accompagné de l’officier principal Patricia Adrianma Rodríguez Muiños, de la section des Importations de la Police Fédérale, à qui la charge était destinée. Après avoir vérifié la décision officielle de procéder, et épuisé le délai final d’une heure que Timerman avait fixé, l’ambassade a demandé dix minutes de prorogation jusqu’à l’arrivée à Ezeiza de l’Attachée de presse, Shannon Bell Farrell. Tant elle que l’Attaché Stephen Knute Kleppe ont dit qu’ils n’avaient pas la clé du cadenas, aussi Timerman a décidé que la Douane allait le couper avec une pince. Une fois cela survenu, dans l’après-midi du vendredi, sont apparus des équipements de transmission, des sacs à dos militaires, des médicaments qui selon les fonctionnaires étaient périmés, clés USB, dont le contenu devra être analysé par des experts, et des médicaments de type stupéfiants et narcotiques et stimulants du système nerveux. Parmi le matériel il y avait trois appareils de cryptage de communication.
Dans la valise secrète, se trouvait aussi une enveloppe super secrète, en tissu vert. Comme le personnel de l’ambassade a dit qu’il n’avait pas la clef de l’enveloppe, elle a aussi été ouverte par des moyens expéditifs. A l’intérieur on a trouvé deux pen drives légendés « Secret », une clef I2 de software pour information ; un disque dur aussi marqué « Secret ». Des codes de communications cryptées et une amusante brochure traduite en quinze langues, avec le texte : « Je suis un soldat des États-Unis. S’il vous plaît, informez mon ambassade que j’ai été arrêté par ce pays ».
Aucun de ces matériels ne coïncide avec le descriptif que l’ambassade avait envoyé au Ministère des affaires étrangères sur la nature du stage qui devait être donné pour le sauvetage des otages. Après avoir été témoins de ces trouvailles, les fonctionnaires de l’ambassade ont décidé de se retirer, malgré la demande officielle pour qu’ils restent là, et ils n’ont pas signé le document. Jeudi, le colonel Alcott a dit qu’il n’était pas au courant que quelque chose de semblable soit déjà arrivé ailleurs. Les armes et la valise « clandestine » ont été réquisitionnées et demain, lundi 14, on continuera la vérification de son contenu.
Par exemple, les antibiotiques, les antihistaminiques, les complexes vitaminiques, des protections solaires et les hormones trouvés seraient périmées selon l’information sur leurs conditionnements. Mais le gouvernement veut vérifier s’il s’agit des médicaments que prétendent les étiquettes et s’il est vrai qu’ils sont périmés. Le reste du matériel, qui coïncidait avec la déclaration préalable, a été transporté dans un camion de l’ambassade jusqu’au siège de la Police Montée - rue Cavia [Buenos Aires].
À l’heure du bouclage de cet article des sources de l’ambassade ont dit qu’à Washington on était en train de préparer la position officielle et qu’on considérait que le stage serait suspendu. Le Département d’État a convoqué l’ambassadeur argentin Alfredo Chiaradía et il lui a exprimé sa « surprise » quant à ce procédé, étant donné que « les États-Unis désirent maintenir des relations amicales avec l’Argentine ».
Curieuse forme de l’obtenir. Tout argentin, civil ou militaire, qui essayait d’introduire des armes et des médicaments ou drogues non déclarés aux États-Unis serait arrêté sur le champ.
Les documents de mise sous séquestre fait à Ezeiza par les autorités argentines :
Página 12 . Buenos Aires, le 13 février 2011.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi
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