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27 novembre 2006

Projet de société pour la France :
la "Pipolisation" du politique.

 

Par Alice Beja
Esprit
. Novembre 2006

La pipolisation (que l’on peut également écrire "peoplisation" ou "peopolisation"), terme récemment appliqué à la politique française, n’a de commun avec le populisme que l’étymologie. En effet, si ce dernier renvoie à une certaine tradition politique, une certaine forme de discours, que l’on peut qualifier de démagogique, la première est tout entière du côté de l’image, de la surface lisse du papier glacé.

La pipolisation est une notion paradoxale ; elle renvoie en effet à ce que l’on a également appelé une "américanisation" de la vie politique, mais se place en même temps dans une évolution linguistique bien française. Ce terme n’existe pas en anglais, où l’on parle plutôt de ’life politics’ pour décrire l’intrusion de la vie privée dans le discours politique et les campagnes électorales. On se souviendra du retentissant baiser entre Al Gore et sa femme lors de la campagne présidentielle de 2000.

En français, la "presse people" est venue remplacer la sulfureuse "presse à scandale", pour vendre du rêve bon marché. People, en anglais, a deux sens qu’il nous semble intéressant de distinguer ici. D’une part, il s’agit du peuple, au sens politique que l’on retrouve dans la déclaration d’indépendance des Etats-Unis, "We, the People"  ; mais the people, ce sont aussi les gens, tout simplement, indéterminés et associés dans une collectivité vague, sans principes fondateurs.

Ainsi, la ’pipolisation’ tient à la fois de la représentation d’un être comme exceptionnel (le rapprochant ainsi de la ’star’), et de la construction d’une image ’proche des gens’, qui vise à montrer, si besoin est, que les acteurs, les chanteurs, et aujourd’hui les personnalités politiques, ont une vie comme tout le monde, et des problèmes personnels que ’les gens’ ne doivent plus ignorer.

A travers la pipolisation, c’est la définition même du politique qui vacille ; les actes politiques ne suffisent plus, deviennent superflus même, face à la force du quotidien, de la pose médiatique, qui, de plus en plus, se passe de tout discours.

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