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18 novembre 2012

La continuité de la résistance et des mouvements sociaux

par Guillermo Almeyra *

 

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La lutte contre l’imposition d’un gouvernement né de la fraude prend déjà un autre caractère après avoir été pratiquement abandonnée par López Obrador et MORENA [1], qui, dans le cadre de la crise et du système frauduleux et répressif, concentrent tous leurs efforts à donner vie à un PRD bis. MORENA, après avoir accepté le système capitaliste et le régime politique corrompu mexicain comme son champ d’action naturel, est condamné d’avance à l’échec puisque l’on ne peut pas réformer l’irréformable et reconstruire l’État réel à partir du semi-Etat, c’est à dire, des décombres de l’État que se disputent l’oligarchie avec le capital financier international et cette partie dynamique du même qui est le narcocapital.

Les mouvements sociaux, pour les droits des travailleurs et les droits politiques de tous les Mexicains, comme la résistance des syndicats de classes et combatifs contre les licenciements des électriciens et contre les modifications réactionnaires à la Loi Fédérale du Travail, se trouvent aujourd’hui devant la nécessité de réadapter leur lutte et leurs objectifs, de même que ceux qui, comme YO Soy 132, se sont insurgés contre la fraude et l’illégalité tout-puissante. La continuité passe maintenant par un dépassement (pour le maintien de l’essentiel et le changement d’objectifs et de méthodes) d’une action politique de masse. Elle doit affiner son objectif et élever son niveau politique explicite à partir des plus hauts niveaux atteints jusque là et doit unir tous ceux qui résistent et, particulièrement, qui luttent pour transformer en contre-offensive sociale la lutte défensive ou la protestation actuelle.

La crise des États-Unis – économique, politique, morale – va s’accroitre et, par conséquent, le Mexique va vivre intensément les reflets de celle-ci compte tenu de sa dépendance totale d’un pays impérialiste en déclin auquel il vend neuf dixièmes de sa production et duquel il importe la plupart de ses aliments et des biens indispensables.

Cela mettra au premier plan de la vie nationale ceux qui sont capables d’avoir de l’audace et d’innover et punira les supposés « réalistes » qui assument l’attitude utopique de ressusciter le Mexique nationaliste redistribuant d’Echeverría-López Portillo sous un gouvernement de gangsters qui plus est dépendant du capital financier international, des délinquants qui espèrent sortir de Los Pinos pour passer, comme Salinas ou Zedillo, directement aux conseils d’administration des grandes multinationales qui exploitent le Mexique.

Yo Soy 132, qui s’est déclaré un mouvement politique sans parti (et voire antiparti, par rejet à la misère du système de partis mexicains), a très bien et très courageusement exprimé la préoccupation, la conscience, la créativité et le ras le bol d’une part importante des étudiants et des classes moyennes et moyennes supérieures. Mais son objectif - empêcher l’arrivée frauduleuse de Peña Nieto au pouvoir - n’a pas été atteint et ses mobilisations n’ont pas suffi pour entraîner MORENA pour qu’il rompît avec les freins et les limites de ses dirigeants, qui ont privilégié le terrain du combat électoral au lieu de chercher sur les places et dans les rues le changement de rapports de forces entre les classes. La lutte syndicale, en même temps, à elle seule n’a pas non plus pu imposer ses objectifs syndicaux et légaux.

Par ailleurs, les travailleurs virés de leur poste ne peuvent pas arrêter leurs industries respectives bien qu’ils comptent comme citoyens furieux/en colère et mobilisés. Et, les étudiants, qui par définition, ont comme perspective passer plusieurs années dans les écoles et, qui dans leur qualité éphémère d’élèves, seront reçus tôt ou tard, peuvent seulement donner une continuité à ce qu’ils ont obtenu par leur maturité et leurs mobilisations, en fixant de nouveaux objectifs et objets de lutte à ceux qui viendront derrière.

Cela suppose de continuer à rejeter un gouvernement illégitime du PRI, successeur d’un gouvernement illégitime du PAN, mais de renouveler les objectifs politiques généraux en passant vers la lutte contre l’injustice, les inégalités, la répression, les assassinats de l’État, la politique antisyndicale au service des grandes entreprises… Simultanément, cela requiert d’expliquer tous les jours aux travailleurs et au peuple en général et, en particulier, aux sympathisants de MORENA ce qui se passe dans le monde et dans le pays et ce qui peut être fait, pour réduire l’hégémonie culturelle capitaliste et le poids de la domination politique capitaliste sur leurs victimes et pour les politiser, pour les enrichir culturellement, pour les organiser, pour les rendre indépendantes de leurs oppresseurs et de leurs organes (comme les partis qui acceptent le régime).

D’une campagne d’auto-organisation utilisant les réseaux sociaux, il faudrait passer à une discussion démocratique et pluraliste, dans les médias de masses (tracts, journaux, radio communautaires), du programme de transformation anticapitaliste dont a besoin le pays. C’est à dire, pas seulement s’opposer aux politiques du gouvernement du grand capital, mais aussi adopter une attitude positive et force de proposition en donnant les arguments basiques par lesquels il est possible de résoudre le problème de la paysannerie et, par conséquent, il est possible réduire l’émigration, maintenir la consommation et améliorer l’alimentation, il est nécessaire de préserver les biens communs comme propriété de la nation, en empêchant leur privatisation et en les utilisant pour résoudre les besoins sociaux, pas pour obtenir du profit que pour quelque uns.

Éduquer et organiser de façon indépendante les majorités contre les minorités exploitantes et leur domination et violence, c’est le principal travail à la quelle doivent faire face tant l’Organisation Politique des Travailleurs (OPT) ,résultant de l’unité entre le SME et d’autres syndicats et organisations de la gauche comme les organisations estudiantines intégrantes de Yo Soy 132. Il est urgent et indispensable de donner une vie à une grande mobilisation politique, pluraliste et non partisane, pour diffuser et donner une forme concrète à une alternative programmatique anticapitaliste.

Guillermo Almeyra pour La Jornada du Mexico.

La Jornada. Le Mexique, le 18 novembre 2012.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, le 18 novembre 2012.

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Notes

[1« mouvement électoral de centre-gauche dirigé par Andrés Manuel López Obrador ».

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