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5 de febrero de 2016

Haïti : Entre le diable et les galettes de boue

por Guadi Calvo *

 

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Haïti n’est pas un pays, c’est un cauchemar, c’est le chaudron où le diable semble cuire tous les malheurs de l’humanité. A l’instar de presque tous les pays du monde, dans ce qui fut la première république noire, le malheur s’envolera jusqu’à la démesure.

Haïti, semble marquée, depuis sa géographie, par la tragédie placée sur la route des grands ouragans des tropiques et installée sur une trame complexe de failles géologiques, qui ont généré des tremblements de terre récurrents et dévastateurs. La dévastation est une possibilité quotidienne. Les inondations et les sécheresses se répètent avec une exactitude perverse.

Sa pauvreté, qui rivalise avec les pays africains les plus déshérités est la plus importante du continent américain. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) Haïti occupe la 108ème place dans l’Indice de développement humain, 65 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, avec moins de 2 dollars jours et l’espérance de vie y atteint à peine 50 ans.

Dans les rues de Port-au-Prince, sur n’importe lequel des chemins du pays, des scènes déchirantes se reproduisent comme celles qui peuvent être observées à Dharavi, dans le plus pauvre quartier du monde, à Bombay en Inde.

Depuis ce point de départ, le reste des malheurs vient par addition, le taux de chômage dépasse 80 %, l’accès aux services médicaux est impossible pour 90 % des quelque plus de 10 millions d’habitants. 47 % des Haïtiens souffrent de malnutrition chronique et du VIH-SIDA, qui représente le taux le plus élevé dans les Caraïbes, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avec presque 7 % de sa population infectée. Quand, dans les années quatre-vingts, cette nouvelle maladie n’était pas encore très connue, les médecins new-yorkais avaient commencé à l’appeler le « syndrome de 4 H » des (des homosexuels, des hémophiles, des héroïnomanes et des Haïtiens).

Dans l’éducation la situation n’est pas meilleure, 80 % des enfants ne sont pas scolarisés.

À partir du tremblement de terre de 2010, qui a tué plus de 300 000 personnes et a détruit des millions de logements, tous les indices se sont nettement aggravés et condamnant la population à un destin apocalyptique. Depuis ce temps-là, plus de 3 millions de Haïtiens font leur vies dans les rues : ils déambulent sans but, cherchant de quoi manger, remuant les ordures pour survivre jusqu’au jour suivant, où ils seront aussi désemparés que le précédent.

Le changement climatique a généré pratiquement un nouveau système de tempêtes qui ont fini par détruire le peu de cultures qui continuaient à être produites. L’impossibilité d’accéder à un approvisionnement régulier d’hydrocarbures, l’augmentation du coût des engrais et des transports, produisent chaque année des récoltes de plus en plus maigres. Ce qui a généré une augmentation du prix des aliments de presque 50 %.

Cette impossibilité de s’approvisionner en nourriture, expérience en rien nouvelle dans la réalité haïtienne, a obligé des milliers de personnes à « se nourrir » de boue. La boue de Hinche, une localité du centre du pays, est pratiquement devenue une industrie. Quelques commerçants portent la terre depuis Hinche pour la mélanger avec de l’eau, du sel et de l’huile, et après l’avoir séchée au soleil, la transforment en « galette » de terre. Les « galettes », une fois terminées, se vendent sur les marchés des quartiers les plus pauvres de Port-au-Prince comme Les Salines et Fort Dimanche et dans les rues de la capitale.

Comme si tout ce qui a précédé n’était pas assez, depuis 2013, la République Dominicaine, avec qui Haïti partage non seulement l’Île l’Espagnole, mais une relation historique très trouble, a mis en œuvre un programme nommé « Plan National de Régularisation des Étrangers ». Un nom pompeux pour dissimuler l’expulsion pas seulement de milliers de Haïtiens qui vivent dans la Dominicaine, mais aussi de milliers de Dominicains d’origine haïtienne. On estime que près de 500 000 Haïtiens résident dans la République Dominicaine, dont 200 000 ont déjà été expulsés. Depuis 1937, quand 15 000 Haïtiens ont été assassinés à coup de machettes par ordre du tyran dominicain Rafael Leónidas Trujillo dans la province de Dajabón, la relation entre les deux nations est tendue.

Los políticos, otro mal de la naturaleza

Le marasme qui découle de la crise environnementale, économique, de santé, sociale et politique, plonge le petit pays caribéen dans un marasme sans fin.

Depuis la chute de la dynastie des Duvalier, le pays a été gouverné par une main de fer et avec des niveaux de corruption débordants pendant trente ans, quand François Duvalier, « Papa Doc » a pris la présidence en 1957 jusqu’à sa mort en 1971, son fils Jean Claude ou « Baby Doc » lui succédant a seulement 19 ans et comme « Président à Vie » avant qu’il ne soit renversé en 1986.

Même sans le dessein tragique des Duvalier et 30 ans après la chute de ce clan maudit, Haïti n’a pas pu se remettre debout et mettre sur les rails un quelconque ordre constitutionnel. Les crises politiques, les rébellions, les coups d’État et l’ingérence des États-Unis d’Amérique ont empêché une construction démocratique. Et le pays n’a pas débouché sur une guerre civile parce que personne n’est disposé à armer une faction qui ne pourrait jamais payer la dette.

Cette nouvelle crise politique, qui a mené à repousser les élections présidentielles dont le gagnant aurait du prendre le pouvoir le 7 février prochain, remplacerait l’actuel président Michel Martelly.

L’annulation des élections ne répond pas seulement aux plaintes pour irrégularité lors du le premier tour électoral du 25 octobre, a laissé dans la course le candidat de la majorité Jovenel Moise et son adversaire Jude Celestin qui auraient du se soumettre au processus électoral le 27 décembre.

La crise est plus profonde et vise les structures du pouvoir même, qui n’ont jamais été changées depuis 1915, quand a eu lieu la première invasion usaméricaine et qui s’est étendue jusqu’à 1934, avec ses répliques de 1994, 2004 et 2010, cette dernière selon la revue Times fut une « invasion compatissante ». À partir de l’envoi de troupes de la part de Washington pour « écouter » la population après le tremblement de terre.

Les pressions et les extorsions de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) ont participé, particulièrement dès 1994, à empêcher une remise en ordre économique du pays, leurs plans économiques sont les causes capitales de la recrudescence de la pauvreté.

Les plaintes d’irrégularité à propos des élections parlementaires de août 2015, et les présidentielles d’octobre 2015, ont été le point d’orgue d’un long processus de discrédit de la politique.

L’opposition essaie de s’emparer des manifestations de la rue, et tente la création d’un gouvernement de transition, qui devrait organiser de nouvelles élections dans trois mois. La posture de l’opposition ne bénéficie pas de l’appui de Washington. A l’occasion de sa dernière visite du mois d’août dernier, le secrétaire de l’État John Kerry, avait déclaré qu’ils n’appuieraient pas un possible gouvernement de transition.

Tandis que la majorité au pouvoir fixe une nouvelle date d’élections, le Conseil Électoral Provisoire n’est pas dans des conditions légales pour donner son avis. Il dispose actuellement de seulement de 3 de ses 9 membres titulaires, puisque 5 ont démissionné et le dernier a été suspendu accusé de corruption.

Bien que le pays est littéralement au bord d’un vide constitutionnel, pour la grand majorité du peuple haïtien, ce qui lui importe seulement c’est de savoir de combien de gourde il a besoin pour acheter une galette de boue.

Guadi Calvo* pour El Correo de la diaspora latinoamericaine

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la diáspora latinoamericana par : Estelle et Carlos Debiasi

* Guadi Calvo est un écrivain et journaliste. Analyste international spécialiste de l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie centrale. Collabore avec différents médias et radios en Amérique Latine: dirige sur Facebook : « Linea International », « Journal Hamartia », et « Jornada Latinoamericanas », « Revista Archipielago » (Mexique), « Caratula » (Nicaragua), « A Plena Voz » (Venezuela) Radio Madre (530 AM) Radio Grafica (89.3 FM )

El Correo de la diáspora latinoamericana. Paris, le 5 février 2016.

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