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19 décembre 2011

Découverte d’une fosse de victimes de la dictature argentine : le minutieux travail de l’EAAF

par Estelle Leroy-Debiasi *

 

L’Equipe Argentine d’Anthropologie Légiste (EAAF- Equipo Argentino de Antropologia Forense) a découvert les restes et ossements d’au moins15 personnes assassinées durant la dernière dictature militaire dans un terrain de l’armée dans la province de Tucuman.

Il s’agit de fouilles menées pendant plusieurs mois sur ordre de la justice sur ce terrain, où fonctionnait le principal centre clandestin de détention de la province de Tucumán, durant la dernière dictature entre 1976 et 1983. Ont été découverts outre les restes humains, des projectiles d’armes à feu, des vêtements et chaussures. Les ossements ou squelettes retrouvés l’ont été à plusieurs endroits et profondeurs.

Les spécialistes de l’ EAAF ont mené ce travail en collaboration avec le Groupe interdisciplinaire d’Archéologie et anthropologie de Tucumán « les corps ont été trouvés comme ils sont tombés » et « la fosse avait été brulée , compte tenu des restes de pneumatiques présents carbonisés » ont constaté les spécialistes, témoin de la volonté d’effacer toutes traces.

Quelques temps auparavant, l’AAF avait confirmé l’identification des restes de l’ex-sénateur Guillermo Vargas Aignasse, disparu en avril 1976, dans un autre centre clandestin dit « el Pozo de Vargas » dans la même région.

L’EAAF a été créée en 1984, c’est une ONG qui applique les techniques de l’anthropologie et de la génétique aux violations des droits de l’homme en suivant les étapes de la recherche historique, récupération archéologique, analyse des restes osseux, reconstitution des squelettes et des corps, étude des objets associés, expertise génétique et médicale, afin de pouvoir identifier les victimes et retracer les causes de la mort. Une équipe de 55 personnes travaille en permanence, que rejoignent parfois les compétences d’autres experts argentins ou étrangers.

« L’EAAF entretient un rapport étroit avec les familles de victimes, les proches ou les témoins des faits car tous les éléments sont pris en compte et participent à la reconstruction historique d’un passé récent. Il s’agit de répondre aux questions : qui, quoi, quand où, comment et pourquoi … Toutes les sources écrites et orales sont intégrées », expliquait sa responsable Cecilia Ayerdi , lors du colloque le 8 décembre dernier à Paris sur les « Citoyens français assassinés ou portés disparus pendant le terrorisme d’Etat en Argentine » [1].

Le travail de l’EAAFa largement dépassé les frontières argentines, l’équipe est intervenue dans plus 40 pays comme consultant et expert à la demande d’ONG, de la Commission de vérité des Nations Unies, du Tribunal des Nations Unies, de l’OEA, de plusieurs commissions d’enquêtes, de gouvernements, soit pour travailler sur des cas précis mais aussi former des équipes à l’anthropologie médico-légale….. Mondialement reconnu son travail pour la recherche de vérité et l’identification des victimes dans les violations des droits de l’homme a été salué par de nombreux prix.

El Correo, Paris , 17 décembre 2011

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Notes

[1Colloque organisé par Le Collectif argentin pour la mémoire et l’Ambassade de la République argentine en France.

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