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6 décembre 2009

CIA et Assassinats :
Guatemala 1954
Documents

 

Par Kate Doyle et Peter Kornbluhby
NSA , sans date.

Ces documents, incluant un manuel d’assassinat trouvés parmi les dossiers de formation de « l’Opération secrète de la CIA PBSUCCESS », se trouvaient parmi des centaines de dossiers déclassifiés par l’Agence le 23 mai 1997, sur sa participation dans l’infâme coup d’Etat de 1954 au Guatemala. Après des années de réponses aux requêtes faites au titre du Freedom of Information Act par un classique : « nous ne pouvons ni confirmer ni nier que de tels dossiers existent », la CIA a finalement déclassifié environ 1.400 pages parmi plus de 100 000 estimées dans ses archives secrètes sur le programme de déstabilisation guatémaltèque. (Le communiqué de presse de l’Agence a annoncé que davantage de dossiers seraient libérés avant la fin de l’année.) Un extrait du Manuel d’assassinat est paru dans la page Op-Ed du New York Times du samedi 31 mai 1997.

Le petit, quoique surprenant, rapport arrive plus de cinq ans après que le directeur de la CIA Robert Gates d’alors ait déclaré que la CIA « ouvrirait » son passé obscur à l’examen public de la post-guerre froide et seulement après qu’un membre du propre comité de révision historique de la CIA ait été cité dans le New York Times nommant l’engagement de la CIA à la franchise « de brillant travail de relations publiques. » (Voir Tim Weiner, « C.I.A.’s Openness Derided as a ’Snow Job’, » New York Times, le 20 mai 1997, p. A16)

Arbenz a été élu président du Guatemala en 1950 pour poursuivre un processus de réformes socio-économiques auxquelles la CIA fait dédaigneusement allusion dans ses mémorandums comme « un programme extrêmement nationaliste de progrès coloré du sensible complexe d’infériorité anti-étranger de la ’République bananière.’ » Le premier effort de CIA pour renverser le président guatémaltèque - une collaboration de la CIA avec le dictateur nicaraguayen Anastacio Somoza pour soutenir un général mécontent appelé Carlos Castillo Armas et l’Opération PBFORTUNE selon son nom de code - a été autorisé par le Président Truman en 1952. Dès février de cette année là, le Quartier général de la CIA a commencé à produire des rapports avec des titres méprisant tels que « le Personel Communiste guatémaltèque à liquider pendant les Opérations Militaires » soulignant des catégories de personnes devant être neutralisés « à travers l’Action Exécutive » - le meurtre- ou par l’emprisonnement et l’exil. La liste « A » de ceux devant être assassinés contenait 58 noms - dont tous ont été rayés des documents déclassifiés.

PBSUCCESS, autorisé par le Président Eisenhower en août 1953, avait un budget de 2,7 millions de dollars pour « la guerre psychologique et l’action politique » et « la subversion », parmi d’autres composantes d’une petite guerre paramilitaire. Mais, selon la propre étude interne de la CIA appelé « K programme », jusqu’au jour où Arbenz a démissionné le 27 juin 1954, « l’option d’assassinat était encore en vigueur. » Alors que le pouvoir de la guerre psychologique de la CIA, nom de code « Opération Sherwood », contre Arbenz a rendu cette option inutile, le dernier stade de PBSUCCESS appelait à « réduire les Communistes et leurs collaborateurs." Bien qu’Arbenz et son entourage proche pouvaient fuir le pays, et après que la CIA ait installé Castillo Armas au pouvoir, des centaines de Guatémaltèques ont été rassemblés et tués. Entre 1954 et 1990, les associations de droits de l’homme estiment, que les opérations de répression des régimes militaires successifs ont assassiné plus de 100.000 civils.

Document 1
« La CIA et les Propositions d’Assassinat au Guatemala, 1952-1954 »,

Historique de la CIA par l’analyste de l’équipe, Gerald K. Haines, juin de 1995.

Les dossiers de CIA sur la planification d’assassinat au Guatemala ont été d’abord recueillis dans le cadre de poursuites selon le Freedom of Information Act en 1979. Tous furent refusés au nom de la sécurité nationale à ce moment-là. En 1995, le personnel historique de la CIA a « redécouvert » ces dossiers lors d’une recherche de documents sur le Guatemala devant être déclassifiés dans le cadre du programme « de Franchise » de l’agence. Un historien maison, Gerald Haines, a été désigné pour écrire cette brève histoire de ces opérations. Il a conclu que dès janvier 1952, le quartier général de CIA a commencé à compiler des listes d’individus dans le gouvernement d’Arbenz « à éliminer immédiatement dans le cas d’un coup anticommuniste réussi. » Le plan d’assassinat comprenait un budget pour les programmes de formation, la création de troupes d’élites, un brouillon de la liste des personnes cibles et du transfert d’armements. Haines écrit que « jusqu’au jour où Arbenz a démissionné en juin 1954 l’option de son assassinat était encore en vigueur. » La CIA, selon cette version, n’a pas exécuté sa stratégie d’assassinat. Mais les declassifiés de cette étude et d’autres documents qui y sont liés, ont effacé les noms des individus visés, rendant impossible de vérifier qu’aucun d’eux n’a été tué pendant ou à la suite du coup.

Document 2
« Manuel d’assassinat »,
Sans signature, Non daté.

Transcription

Parmi les documents trouvés dans les dossiers de formation d’Opération PBSUCCESS et déclassifiés par l’Agence se trouve une « Étude d’Assassinat. » Un guide pratique dans l’art du meurtre politique, ce manuel de 19 pages offre des descriptions détaillées des procédures, les instruments et la mise en place de l’assassinat. « Les outils locaux les plus simples sont souvent les moyens les plus efficaces d’assassinat, » conseille l’étude. « Un marteau, une hache, une clé à molette, un tournevis, un couteau de cuisine, lampadaire d ou n’importe quoi de dur, lourd et commode suffira." Pour un assassin utilisant "des armes de poing, » le manuel note dans des termes cliniques froids, "les blessures dans le corps peuvent ne pas être fiables à moins que le coeur soit atteint.... La fiabilité absolue est obtenue en atteignant la moelle épinière dans la région cervicale." Le manuel note aussi que pour fournir nier plausiblement, "aucune instruction d’assassinat ne devrait jamais être écrite ou enregistrée." Le meurtre, la préméditation, "ne sont pas moralement justifiables," et "les personnes qui sont moralement sensibles ne devraient pas l’essayer.

Document 3, "Selection of individuals for disposal by Junta Group",
March 31, 1954.

Une des nombreuses listes d’assassinat établie par la CIA pendant la planification de l’Opération Success. Comme le mémorandum l’indique, le chef d’une des divisions de la CIA impliquées dans le coup (le titre de la division a été effacé) a demandé une liste de noms des membres du gouvernement Arbenz, membres du Parti communiste et individus "d’importance tactique dont l’enlèvement pour des raisons psychologiques, d’organisation ou autres est obligatoire pour le succès de l’action militaire." Le mémorandum demande que le personnel de CIA parcourre la liste et parafe les noms de ceux qui devraient être inclus sur une "liste finale d’éliminés." La liste (et les initiales ou les noms de tous les officiers de la CIA apparaissant dans le document) a été refusée. Une note manuscrite attachée sur le fond du mémorandum dit :

Élimination liste Avril [illeg]. - [Illeg]. prend une copie d’une liste de noms pour vérifier avec [illeg]. le 7 avril - Mémo Original avec les données Biographiques jointes a été donné [à effacer] Rendu [effacé] le 1 juin 1954

Document 4, "Guatemalan Communist Personnel to be disposed of during Military Operations of Calligeris",
Origin deleted, Undated.

Une autre version des listes d’assassinat établies par la CIA et Carlos Castillo Armas (appelé par le code "Calligeris") pendant la préparation du coup de 1954. Les noms des victimes prévues de l’agence ont été divisés en deux catégories : les personnes devant être éliminées au cours "de l’action Exécutive" (c’est-à-dire, tuées) et celles devant être emprisonnées ou exilées pendant l’opération. Avant de rendre ce document public, la CIA a effacé chaque nom, laissant seulement les rangs de nombres pour indiquer combien de gens ont été visés.

Document 5, "Operation PBSUCCESS :The United States and Guatemala, 1952- 1954",
CIA History Staff document by Nicholas Cullather, 1994. Excerpt.

Un récit du rôle de la CIA dans la planification, l’organisation et l’exceution du coup qui a renversé Jacobo Arbenz Guzmán le 27 juin 1954. Cullather, maintenant historien de la diplomatie à l’université d’Indiana, a travaillé par contrat pendant un an avec la CIA, où on lui a donné accès à des milliers de dossiers de l’agence et des dossiers opérationnels secrets pour produire cette vue d’ensemble. Le résultat est une étude étonnamment critique de la première opération secrète de l’agence en Amérique latine. Commençant par une revue des forces politiques, économiques et sociales qui ont mené à la présidence d’Arbenz en 1951, le document est un rapport approfondi sur comment les inquiétudes liées à la guerre froide ont persuadé Président Eisenhower d’ordonner l’enlèvement du chef démocratiquement élu par la force. Il fournit aussi de nouveaux détails innombrables d’une mission secrète malmenée par une planification militaire désastreuse et l’échec de mesures de sécurité : selon Cullather, "l’Opération Success" a à peine réussi . La CIA s’est dépêchée pour convaincre la Maison Blanche que c’était une victoire sans appel et surtout sans bain de sang. Après qu’Arbenz a démissionné, Eisenhower a appelé le Directeur de l’agence, Allan W. Dulles et ses agents seniors pour un briefing formel de l’opération. Le rapport de Cullather révèle maintenant que l’agence a menti au président, en disant que seulement un des rebelles a été tué. "Incroyable", a dit le président. Et cela l’était. Au moins quatre douzaines étaient mortes, selon les propres dossiers de la CIA. Ainsi le coup du Guatemala est entré dans l’histoire de l’agence comme un "triomphe sans tâche," explique Cullather et cela devient le modèle pour les activités futures de la CIA en Amérique latine.

Au Guatemala, évidemment, "l’Opération Success" a eu des conséquences mortelles. Après une petite insurrection à la suite du coup, les chefs militaires du Guatemala se sont développés et ont affiné, avec l’assistance américaine, une campagne de contreinsurrection massive qui a fait des dizaines de milliers de tués, blessés ou disparus.

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