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23 janvier 2014

Autodéfense à Michoacán : guerre civile ou insurrection de la bourgeoisie

 

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Pendant l’aurore de quelques mois dans le beau et conflictuel état de Michoacan, les forces armées ont appuyé les actions menée par les Corps Armés d’Autodéfense, avec à leur tête leur porte-voix, José Manuel Mireles, contre les les partisans de Servando Gomez Martinez. « La Tuta », le « Al Capone » michoacan et leader des « Chevaliers du Temple ». Mais dans la dernière semaine les événements ont dépassé les prévisions gouvernementales, et en moins de temps qu’il ne le faut pour le dire, la coordination des forces fédérales avec les Autodéfenses s’ébranla après la conférence tenue entre la momie Fausto Vallejo, le vice-roitelet fantoche qui mène le gouvernement de Michoacán et le mini vice-roi de la demeure de Buraceli, Miguel Angel Osario Chang, second de l’équipage du Santanerien Peña Nieto, qui donna l’ordre de désarmer les corps armées, après que fut « tombée » une avionnette dans laquelle voyageait le leader des rebelles michoacans, le docteur Mireles et au moment où les forces d’autodéfenses avançaient sur Apatzingán et Uruapan et où les criminels bloquaient les routes, incendiaient des camions et des commerces dans différentes municipalités michoacannes..
A la différence de ceux qui font une analyse simpliste de la situation et assurent que « les Chevaliers du Temple ont obtenu d’incorporer l’Armée Mexicaine à leur meute de gibiers de potence » ou que “Les forces armées (sont prêtes) pour protéger les Chevalier du Temple » et agir à l’encontre des groupes civils armés, il est nécessaire d’approfondir la réflexion un peu plus pour ne pas tomber dans la tentation de penser que ceci est une guerre civile, ou que les corps d’autodéfense sont les défenseurs authentiques du peuple ou qu’il s’agit d’une insurrection prolétaire contre la bourgeoisie, ou que ces corps d’autodéfense se voient amenés a agir à la manière des policiers communautaires de Guerrero ou de la ronde communautaire de Cherán et d’autres peuples indigènes de la Meseta Purépecha. Ils ne sont similaires ni par leur origine ni par leur structures, ni par leurs objectifs.

L’APPARITION DES CORPS D’AUTODEFENSE EN FEVRIER 2013

Les groupes d’autodéfense ont surgit fondamentalement à Michoacán dans des municipalités urbanisée et pour le moins pas indigènes, ou moins indigènes comme Coalcomán ou Tepalcatepec, lieu d’où surgit la proposition originelle, inspirée par l’exemple de la ronde communautaire de la municipalité autonome de Cherán et dans laquelle est active ou s’est incorporée le population civile dans son entier. Oui, ils se sont inspirés parce que toute la population (petits commerçants, paysans, taxis, épiciers, ébénistes, restaurateurs, artisans, éleveurs, grands agriculteurs miniers et entrepreneurs) se voit soumise à des vols, extorsions, séquestrations, violations, assassinats et perceptions de rançons et de « sécurité ».

Mais bien que tous les secteurs de la population soient en alerte, ce réseau d’autodéfense est dirigé et subventionné par des éleveurs et entrepreneurs agricoles, dont le leader est le médecin et professeur José Manuel Mireles. En février et mars 2013, au début de ces actions de défense contre les « Chevaliers du Temple », et indirectement contre les gouvernements municipaux et contre le gouvernement de l’état michoacan, infiltrés tous les deux par les narcos, ils se virent harcelés par l’armée et le Gouvernement Fédéral qui l’une ou l’autre fois tentèrent des les dissuader de conserver leurs armes ou avaient planifié de les désarmer. Finalement, après des dialogues officiels avec les représentants des Autodéfenses, le gouvernement fédéral accorda de réaliser des actions coordonnées avec les « insurgés » pour combattre la délinquance organisée.

Les “territoires libérés” des méchants allèrent en augmentant jusqu’à atteindre des lieux aussi importants que Nueva Italia ou La Huacana qui s’ajoutèrent aux petits Tomatlán, Carillo Puerto, Aquila, Aguililla, Antúnez, Parácuaro, Tantcitaro, Acahuato, Buenvista, La Ruana et Churumuco, qui vinrent grossirent la liste des villages michoacans qui se levèrent contre les « méchants » comme Cherán, Nahuátzen, Cherato, Cheratillo, Urapicho, Zicuicho, Oruscato, Ocumitzo et d’autres communautés indigènes qui s’étaient unies des années auparavant pour combattre le crime, bien que avec d’autres fondations, méthodes et objectifs.

LE MOUVEMENT D’AUTODEFENSE EST SORTI DU GIRON DES FEDERAUX ET DE PENA NIETO, AVEC DES SOUILLURES DESONHORANTES SUR CES CRETES SANGLANTES

Le mouvement a échappé au contrôle du gouvernement fédéral quand, après avoir pris La Huacana, Parácuaro, la Cohuayana et Nueva Italia les « communautaires », comme disent les nouvelles (créant une confusion dans l’opinion publique), décidèrent de prendre Apatzingán, « quartier général » des « Chevaliers », qui ont à voir avec les Templiers ce que les pirates ont à voir avec la générosité. Ainsi devant l’odeur d’insurrection de la bourgeoisie qui s’arroge le rôle de dirigeante naturelle des autres classes sociales et qui prend ses forces depuis la base, les personnages de l’Etat se sont alarmés et ont commencé à exhaler des relents méphitiques, la Momie Vallejo qui fleurait déjà à Apatzingán, (Aï !combien ne donnerait pas ce vieux pour ressembler ainsi, un tout petit peu ainsi, au grand Vallejo, Don Demetriol !) demanda « l’aide » de Peña Nieto (de même que dans le cas de Atenco où les PRDistes Higinio Martinez et Nazario Gutiérrez, demandèrent « l’appui » du gouverneur de l’époque de l’état de Mexico… Peña Nieto ! pour qu’il réprime les attaquants communautaires et qu’ils voient ce qui allait leur arriver !) Et voici, le même prétexte utilisé dans la Nation de los Machetes, le même personnage au pouvoir, le polichinelle de Salinas, qui donna l’ordre à l’armée d’attaquer les Corps d’Autodéfense et l’armée entra à Antúnez comme à Atenco, assassinant 4 personnes, parmi elles une enfant de 11 ans, selon les informations d’El Universal. Infâme ! Sans doute est-ce le sceau Peñanieto, la répression menée comme un malade. Cependant, l’autodéfense de Antúnez, dit Estanislao Beltrán coordinateur général, n’a pas rendu les armes, et ne les rendra pas à moins que ne tombent les chefs de l’organisation criminelle.

SOULEVEMENT POPULAIRE DEPUIS LES RESEAUX SOCIAUX ?

Face à cela, dans les réseaux sociaux se sont disséminés par beaucoup de fabriquant de légendes la candide image que ceci était un soulèvement populaire, un mouvement qui a grandit depuis la base, de même qu’à Cherán et que nous sommes en guerre civile et à un pas de la révolution sociale. Non, mais ceci est le danger : que les bases submergent les dirigeants, les entrepreneurs agricoles et éleveurs, et rapidement reconnaissent parfaitement leur adversaire et disent NON aux partis politiques !, et propagent des autogouvernements exactement comme cela s’est passé dans le premier village qui a affronté les « méchants », à Cherán.

Ainsi, le gouvernement préfère avoir comme ennemi les Templiers qui finalement sont du lumpen prolétariat et donc alliés objectifs de la bourgeoisie qu’un peuple organisé qui dans la lutte pour la survie pourrait effectuer un saut qualitatif pour acquérir la conscience de classe.
Ceci est ce que redoute le gouvernement : que le peuple passe de “corps” organisés à des assemblées communautaires et dépasse ses actuels dirigeants. Parce que l’évolution d’un peuple en arme et organisé est doublement dangereuse. Des autres, on peut être sûrs, car au contraire, ce ne sont pas les Templiers qui contrôlent le gouvernement, c’est lui qui reçoit l’aide des Templiers qui sème la terreur et désarticulent les communautés. Ils sont comme cul et chemise. Si au départ le gouvernement a appuyé le Conseil d’Autodéfense, ce fut parce qu’il y avait des membres de la bourgeoisie qui faisaient du lobbying auprès du gouvernement pour protéger leurs intérêts, mais un mouvement qui s’étend dangereusement à travers les villages et villes lui échappe. Pour cette raison d’ « allié » des forces d’autodéfense des municipalité il en est venu à être « institutionnel », « promettant » l’application stricte de la loi. Oui, oui….

DIFFERENCES ENTRE POLICE COMMUNAUTAIRE ET GROUPE D’AUTODEFENSE

Un fossé les sépare ¡ le plus important est de ne pas assimiler ces mouvements d’autodéfenses avec les polices communautaires, comme celles de Guerrero, qui a déjà une ancienneté de 18 ans, et qui ont énormément grandi. Actuellement il existe 24 polices communautaires qui appartiennent à la Coordination Régionale des Autorités Communautaires (CRAC), qui vont au-delà de l’autodéfense et s’inscrivent dans un projet de développement intégral auto-soutenable dans la région et de création d’un système de justice unique en son genre, en plus il n’y a pas de dirigeants puisqu’ils ont une structure horizontale et ils tentent par tous les moyens d’éviter les alliances avec le gouvernement,. Ce qui les différencie des groupes d’autodéfense est leur système de justice et d’autorité communale. Il est clair que ces organisations incommodent le gouvernement de Guerrero. Par contre il y a d’autres polices communautaires qui sont plus proches du gouvernement comme c’est le cas de l’UPOEG, l’Union des Peuples et Organisations de l’Etat de Guerrero.

Tous ces groupes de base ont un dénominateur commun : l’augmentation de la criminalité, des vols, séquestrations, assassinats, délits résultants du degré de pauvreté le plus élevé du territoire mexicain. A Michoacán, ils ont des origines similaires mais avec des différences sensibles. Ici interviennent la délinquance organisée, les narcos, qui sont présents sur le territoire urbain et rural.

C’EST POUR CELA QU’IL Y A UNE DIFFERENCE DENOM ET UNE PREFERENCE DE CONSIDERATION

Les noms ont également leur raison d’être, les CRAC eux-mêmes refusent le nom de « groupes ou corps d’autodéfense » parce qu’ils sont des projets communautaires de base. Ils disent : « Nous ne sommes pas de l’autodéfense, nous sommes les institutions, donc les lois de Guerrero et l’article 169 de l’OIT (obligation de Consultation Préalable, Libre et Informée des Communautés Indigènes pour tout projet concernant leurs terres NdT) nous protègent », et en effet les polices communautaires sont reconnues par la loi dans cet Etat rebelle.

Ils ont comme base de prise de décision les assemblées communautaires, pour eux elles comptent comme des règlements et lois internes, chose très différente des imberbes corps d’autodéfense michoacans. Vu sous cet angle, les noms ne sont pas innocents, chacun résulte d’un concept différent. Ce n’est pas la même chose : « police », « ronde » et « gardes communautaires », qui fondamentalement se maintiennent dans une indépendance par rapport au gouvernement, que « corps », « groupes » et « conseil d’autodéfense » qui font alliance avec le gouvernement et agissent conjointement avec lui comme dans le cas qui nous occupe à Michoacán, quoiqu’à présent l’accord de coopération est rompu, avec le même prétexte que celui utilisé à Guerrero, ils argumentent qu’ils ne peut y avoir de civils armés.

Ainsi, tant que les organisations du peuple n’envahissent pas le territoire du pouvoir, elles sont tolérées. Et quand l’organisation acquiert un caractère radical, immédiatement, on attribue des « séquestrations », « homicides » et autres délits aux membres des gardes communautaires, comme cela c’est passé avec les CRAC qui sont les organisations armées que combat le gouvernement parce qu’elles sont incommodantes, du fait qu’elles cherchent l’autonomie et l’autogestion. Pour elles sont réservées l’incarcération de Nestor Salgado à Olinalá, la capture de Gonzalo Molina à Tixtla et de Arturo Campos de Ayutla, également détenu.

C’est cela la logique du gouvernement. Ils ne seront pas désarmés seulement s’ils promettent de ne pas sortir du giron, ce qui veut dire, s’ils garantissent que leur organisation est clairement d’autodéfense. Et alors on pourra affirmer que ceci n’et pas une guerre civile, ni un soulèvement populaire et encore moins le début d’une révolution sociale. Des secteurs de la bourgeoisie agraire ont vu leurs intérêts affectés de manière sensible et pour le moment leur définition est exacte : Corps d’Autodéfense. Il serait bien que ces mêmes secteurs lèvent leurs armes contre l’attaque délinquante de Peño Nieto contre le peuple mexicain.

Salvador Diaz Sanchez pour La Jornada de Oriente

Traduction de l’espagnol pour Les état d’Anne de : Anne Wolff

Original : Autodefensas en Michoacán : ¿Guerra civil o insurrección de la burguesía ?

La Jornada de Oriente. Mexique, 15 janvier 2014.

El Correo. Paris, le 22 janvier 2014.

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