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Accueil > Notre Amérique > Terrorisme d’Etat > Argentine > Procès de la dictature argentine à JujuyTémoignage de Martina « Joko » Chávez

18 octobre 2013

Procès de la dictature argentine à Jujuy
Témoignage de Martina « Joko » Chávez

par Martina « Joko » Chávez

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

Ces jours ci se tient à Jujuy un second procès pour les crimes contre l’humanité et violations des droits de l’homme commis dans cette province pendant la dictature militaire-civile argentine. Il concerne les victimes du centre de détention Villa Gorriti et porte sur les disparitions notamment de Dominga Alvarez de Scurta et de Osvaldo Giribaldi, Jaime Lara Torres, María Alicia del Valle Ranzoni, Juana Francisca Torres Cabrera, Pedro Eduardo Torres Cabrera et Jorge Turk Llapur, tous détenus en 1976 , transférés à la Villa Gorriti, et demeurant depuis disparus.

Parmi les accusés Carlos Ortiz, Ricardo Ortiz, Mario Gutiérrez, Herminio Zárate et César Díaz qui faisaient partie des groupes de répression agissant au sein de ce centre, ainsi que Antonio Vargas, ex officier de l’armée et inspecteur du service pénitencier provincial, et l’ex général Luciano Benjamín Menéndez, chef du 3 eme corps de l’armée, poursuivi dans de nombreux procès en Argentine.

Martina Chávez –Joko- qui a été détenue à la Villa Gorriti puis à la Villa Devoto entre 1975 et 1980- va témoigner durant ce procès le 31 octobre prochain. Voici son témoignage sur ce système carcéral destiné à anéantir et détruire- physiquement et psychologiquement -, et sur le rôle complice de l’Eglise de la province de Jujuy. El Correo.

***
LE SYSTÈME PÉNITENTIAIRE DANS LE PÉNITENCIER DE VILLA GORRITI, PROVINCE DE JUJUY, ARGENTINE
(1975-1977)


Témoignage officiel
Par Martina Chávez
2013


À tous les compagnons disparus de Jujuy,
et parce que leurs idéaux et les nôtres son toujours
et plus que jamais présents.
Aux compagnes Dominga Álvarez, Alicia Ranzoni, Juana Torres et Marina Vilte [1],
que je vis en vie au pénitencier de Villa Gorriti
y que lors d’une de ces incessantes « commissions » ils firent disparaître.<br
À mes compagnes comme moi survivantes,
Gladis Artunduaga, Dora Weisz, Sara Murad, Mercedes Zalázar,
avec qui j’ai partagé des moments de douleur,
mais aussi des rêves d’un autre lendemain.
À tous les compagnons d’Argentine disparus.
« Joko », Martina Chávez

Éclaircissements

Tout au long de ce récit s’est posé un problème lié à la mémoire, ma propre mémoire. L’enfermement que j’ai souffert à cette époque a laissé ses séquelles et il m’a été impossible de traduire en dates des événements de grande importance comme le furent nos transferts successifs ou des faits quotidiens de l’enfermement. La partie concernant ma détention n’est pas rattachée au présent témoignage ; elle appartient à un autre chapitre que je rédige. Lorsque je me suis retrouvée exilée, j’ai assumé ma responsabilité de prisonnière politique, de militante, et j’ai fourni mon témoignage. Aujourd’hui je me rends compte que je l’ai fait comme s’il s’était agi d’une autre personne et non pas de moi-même, afin d’éviter la souffrance, et étant donné qu’il s’agissait de l’urgence de sauver des vies. Ce récit est dédié à toutes pour tout ce que nous avons partagé et continuons à partager Malgré la distance et le temps qui s’est écoulé.

1. La prison du Bon Pasteur

On m’a détenue le 16 mars 1975, mais je ne suis pas sûre de la date du fait que je suis passée par diverses allées et venues d’une prison à l’autre : gendarmerie de Ledesma, locaux de la police de San Pedro, Département central de police de San Salvador de Jujuy, pour y subir des interrogatoires. En dernier lieu on me transféra à la prison du Bon Pasteur, entre le 22 et le 25 mars. Cette prison est située pratiquement en plein centre de la capitale San Salvador de Jujuy. Lorsque j’y arrivai détenue s’y trouvaient déjà plusieurs compagnes (compagnes de lutte), parmi lesquelles : Sara Murad, Gladis Artunduaga, Dora Rebecchi de Weisz, Soledad López, Mercedes Zalázar, Ninfa Hochkofler, et arrivera plus tard Ana María Martínez. Nous partagions cette prison avec des prisonnières sociales , avec lesquelles nous finîmes par entretenir de bonnes relations de convivialité. En sus de leur dire que les sœurs abusaient d’elles, car elles les exploitaient les faisant travailler depuis 6 heures du matin jusqu’à très tard dans la nuit. Je n’ai jamais pu savoir qui tirait profit de cette situation. Sûrement les mêmes qui avaient ordonné notre détention.

Quant à nous autres, nous étions (...)

Lire la suite dans le document ci-joint :

Le système carcéral dans le pénitencier de Villa Gorriti, Province de Jujuy, Argentine (1975-1977) par Martina « Joko » Chávez, 2013.

El Correo. París, 18 octobre 2013.

lire : "Nosotras las presas políticas, Editorial Nuestra América, Buenos Aires, 2006, 485 p."

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Traduit de l’espagnol par : Rapahel Parejo-Coudert

Notes

[1Marina Vilte était une syndicaliste reconnue du syndicat CETERA, elle fut libérée et quelques mois après ils la font disparaître.

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