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Au Ministère de l’ Économie on dit que Washington n’a pas remboursé le paiement de 1200 millions de dollars. Ils croient que c’est une façon de faire pression sur Kirchner.
Ils ne tiennent pas l’accord que nous avons signé. En plus, à nouveau, ils nous chargent. Ils nous demandent des choses qu’ils savent que nous ne pouvons pas, ni voulons pas faire ", a dit à Página/12 un proche collaborateur de Robert Lavagna. Le ministre est furieux contre Washington. D’une part, la Banque Mondiale n’a pas encore remboursé, comme elle l’ avait promis, 1200 millions de dollars que le Gouvernement a ponctuellement payé avec les réserves monétaires avant le 30 avril. D’autre part, le Fonds Monétaire fait pression pour que l’administration de Kirchner accepte des objectifs d’ajustement fiscal supérieurs à ceux du Brésil, ruineux pour une économie qui montre se relève à peine. Mais de plus, le numéro deux du FMI, Anne Krueger, a transmis à Lavagna ce que doit être l’agenda à très court délai du président élu : augmentation des tarifs des services publics, décret pour la compensation aux banques pour la pesification et le veto à la suspension des exécutions hypothécaires. Et cela pour commencer à parler.
Comme le déduisent tous les analystes, la mission du FMI qui a revu les objectifs fiscaux du premier trimestre de l’année recommanderait à l’organisme son approbation. Spécialement, après avoir admis que l’économie argentine croîtra plus que prévu (4 % au lieu 1%) et que l’inflation sera beaucoup plus faible que ce qui avait été prévu (15 %, au lieu 35%). "Nous considérons l’accord comme tenu. Ceux qui ne l’on pas tenu, ce sont eux ", a déclaré un fonctionnaire lavagniste. Au ministère de l’économie, ils disent que la Banque Mondiale leur doit 1200 millions de dollars, et qu’elle viole l’accord de refinancement des échéances du premier semestre de l’année. A cause d’un problème comptable de la Banque mondiale, les échéances ne sont pas refinancées de manière automatique, mais l’Argentine crédite avec ses réserves, et immédiatement ensuite les fonds doivent lui être remboursés. Mais, la Banque Mondiale a oublié la moitié de son engagement, parce que cela fait un moment qu’elle ne renvoie pas les remboursements. "Ils nous doivent 3600 millions de pesos. Avec cela nous pourrions avoir dégagé toutes les quasi-monnaies provinciales. On dirait une blague ", se plaint la même source. Lavagna, qui s’est formellement plaint devant Washington, craint que la question ne soit pas un simple incident bureaucratique mais une manière plus de faire pression sur la nouvelle administration.
L’agenda de conditions "immédiates" que le Fond exigera de Kirchner a été anticipé par des contacts téléphoniques depuis Washington tant à des fonctionnaires de la Banque Centrale Argentine (BCRA) comme au Ministère de l’Économie.
Plus encore, le titulaire BCRA, Alfonso Prat Gay, a tâté la semaine dernière Lavagna pour savoir s’il était disposé à accepter la première de ces conditions : un décret qui régit ce qu’il reste de la compensation aux banques pour la pesification asymétrique. "ça va pas ", lui a répondu le ministre, agacé. "Le projet de loi nous l’avons déjà envoyé au Congrès et c’est là bas où le sujet sera s’examiner " lui at-il lancé.
La seconde condition, c’est l’ajustement des tarifs de services publics. À ce sujet, le flambant ministre de la Planification, Julio de Vido, celui qui aura à sa charge les secrétariats de l’Énergie, Transport et Communications, a informé hier que le gouvernement de Kirchner ne pense pas à des augmentations, mais à réviser intégralement les contrats des sociétés privatisées.
La troisième exigence, c’est le veto sur la nouvelle prorogation pour les exécutions hypothécaires qu’a approuvée le Congrès, une "suggestion" lancée par Anne Krueger elle-même, ces dernières heures, pendant sa visite au Brésil.
Mais Washington veut plus. Krueger a aussi signalé que le Fond n’acceptera pas de restrictions aux mouvements de capitaux, une mesure que Lavagna refuse, pour freiner la chute du dollar en raison des revenus des capitaux spéculatifs. En outre, dans l’équipe du ministère on est convaincu que les bureaucrates de l’organisme manifesteront leurs doutes sur le plan d’infrastructures qu’ annoncera Kirchner dimanche. Toutefois, la mère de toutes les batailles sera dans les nouveaux objectifs fiscaux que le Fonds prétend imposer. "Ils viennent sur tout. Ils veulent que nous augmentions l’excédent primaire (avant le paiement d’intérêts) de 2.5 % du PBI, à 4 ou à 4.5% ", a admis le fonctionnaire de l’Économie.
Traduction : les nouveaux objectifs signifieraient un ajustement additionnel de quelque 7000 millions de pesos annuels (2118 millions de euros). Ainsi, comme durant les dernières années de la convertibilité, une grosse proportion de la collecte fiscale serait destinée au paiement d’intérêts de la dette, reléguant ainsi des dépenses sociales élémentaires.
Pour avoir une idée : un excédent opérationnel de 3 points du PBI équivaut à 15 % de la collecte. Si les nouvelles demandes était satisfaites, alors 1 pesos sur quatre de recettes fiscales irait dans la poche des créanciers.
Le Fonds fait valoir à sa faveur que le gouvernement de Lula tend à un excédent de 4 points du PBI. Toutefois, Lavagna a répondu que le Brésil dispose de toutes les ressources du système. Par contre, l’État argentin verse annuellement aux mains des AFJP (Fonds de Pensions) quelque 3400 millions de pesos (1 point du PBI). En outre, comme le démontre une étude de la CEPAL commandée par le ministère de l’Économie, au Brésil la collecte d’impôts nationaux en pourcentage du produit est plus haute. Ainsi, 3 points du PBI d’excédent en Argentine équivaudraient à 4.5 points au Brésil.
Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi