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27 décembre 2008

Le Ghetto de Gaza
Avec Obama comment peut-on croire qu’il y aura du « progrès » au Moyen-Orient ?

Un test de sens commun pour Obama à peine trois mois après son « intronisation ».

par Robert Fisk

 

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Si les reportages sont, comme je le soupçonne, un record de la folie de l’humanité, donc la fin de 2008 me donne raison .

Donnons le coup d’envoi avec l’homme qui ne va pas changer le Moyen-Orient, Barack Obama, qui la semaine dernière, avec une prévisibilité infinie, est devenu pour Time Magazine l’ « homme de l’année ». Mais embourbé dans une longue et terriblement ennuyeuse interview à l’intérieur du magazine, Obama consacre juste une phrase au conflit arabo-israélien : « et voyons si nous pouvons construire sur le progrès obtenu, au moins dans la discussion, autour du conflit israélien-palestinien ; ce sera une priorité ».

De quoi cet homme parle-t-il ? « Tirer parti du progrès ? « Quel progrès ? Au bord d’une autre guerre civile entre Hamas et l’Autorité palestinienne, avec Benjamin Netanyahu un concurrent du Premier ministre israélien, avec le mur monstrueux de l’Israël et de ses colonies juives prenant encore plus de terre arabe et les Palestiniens tirant encore des roquettes sur Sderot, et Obama croit qu’il y a du « progrès » pour en tirer parti ?

Je pense que ce langage absurde vient des brouillards mentaux de son futur Secrétaire d’Etat. « Au moins dans la discussion » c’est du pur Hillary Clinton - son sens m’échappe complètement - et l’expression révélatrice à propos du progrès obtenu « autour » du conflit israélien-palestinien est encore plus bizarre. Évidemment si Obama avait parlé d’une fin de l’implantation juive bâtie sur la terre arabe - la seule construction réelle qui continue dans le conflit - les relations avec le Hamas aussi bien que l’Autorité palestinienne,la justice pour les deux côtés dans le conflit, avec la sécurité pour les Palestiniens aussi bien que pour les Israéliens, alors cela pourrait générer un peu de changement.

Un test intéressant du sens commun d’Obama va se présenter à peine trois mois après son intronisation quand il aura une petite promesse à honorer. Ouais, ce maudit le 24 avril commémoration du génocide arménien quand les Arméniens se souviennent des 1.5 million de leurs compatriotes - les citoyens de l’empire d’Ottomane massacrés par les Turcs - anniversaire de ce jour en 1915 où les premiers professeurs arméniens, artistes et autres ont été exécutés par les autorités Ottomanes.

Bill Clinton a promis aux Arméniens d’appeler cela un « génocide » s’ils l’aidaient à l’élire. George Bush a fait le même. Et aussi Obama. Les deux premiers n’ont pas tenu parole et ont recouru « à la tragédie" plutôt « qu’au génocide » dès qu’ils ont eu les votes, parce qu’ils ont eu peur de tous ces généraux turcs beuglants, sans parler - dans le cas de Bush - des routes d’approvisionnement militaires étasuniens passant par la Turquie, les « routes » et le reste « comme Robert Gates les a appelés dans une des plus prenantes ironies de l’histoire, ce fut les mêmes « routes et le reste » sur lesquelles on a envoyé les Arméniens lors de leur marche funèbre en 1915. Et M. Gates devra le rappeler à Obama. Donc je vous parie - j’ai formellement parié sur le chat de famille - qu’Obama va constater que le « génocide » est la « tragédie" avant le 24 avril.

Par hasard, j’ai feuilleté le magazine de Turkish airlines, compagnie aérienne turque en allant à Istanbul au début du mois et j’ai trouvé un article sur la région turque historique de Harput. « Le jardin naturel de l’Asie", « un lieu de villégiature populaire », l’article nomme Harput, "où les églises consacrées à la Vierge Marie furent élevées à côté des tombeaux des ancêtres de Mehmet le Conquérant ».

Bizarre, toutes ces églises, n’est-ce pas ? Et vous devez hocher la tête pour vous souvenir que Harput était le centre du génocide arménien chrétien, la ville dont Leslie Davis, le courageux consul étasunienà Harput, a envoyé ses dépêches accablantes de témoin oculaire des milliers d’hommes arméniens et de femmes massacrés dont il a vu les cadavres de ses propres yeux.

Mais je suppose que tout cela gâterait l’effet du « jardin naturel ». C’est un peu comme inviter des touristes dans la ville polonaise d’Oswiecim - sans dire en passant que son nom allemand est Auschwitz.

Mais ces jours-ci, nous pouvons tous réécrire l’histoire. Prenez Nicolas Sarkozy, le président français le plus mielleux de l’histoire, qui est non seulement flagorneur avec Bashar al-Assad de la Syrie mais maintenant passe la pommade à l’affreux et malade chef d’Etat algérien Abdelaziz Bouteflika qui ajuste « modifié » la constitution algérienne pour se donner un troisième mandat.

Il n’y avait aucune discussion parlementaire, juste un spectacle de mains - 500 sur 529 - et quelle était la réponse de Sarko ? « Mieux vaut Bouteflika que les Taliban ! » J’ai toujours cru que les Taliban opéraient un peu plus à l’est - en Afghanistan, où les gars de Sarko sont occupés en luttant contre eux - mais on ne sait jamais. Pas plus quand d’anciens officiers militaires algériens exilés ont révélé que des agents secrets aussi bien que des Islamistes algériens (« les Taliban » de Sarko) ont été impliqués dans les massacres des villages des années 1990.

En parlant de « secret », j’ai été stupéfié d’apprendre le système de formation adopté par les gars du Met qui ont exécuté Jean Charles de Menezes dans le métro. Selon l’ancien commandant de la police Brian Paddick, les règles secrètes du Met pour « gérer » les kamikhazes ont été établies « avec l’aide d’experts israéliens ». Quoi ? Qui étaient ces soi-disant « experts » conseillant des agents de police britanniques sur comment tirer des civils dans les rues de Londres ? Les mêmes hommes qui assassinent des Palestiniens recherchés en Cisjordanie et à Gaza et tuent des civils palestiniens en même temps ? Les mêmes gens qui parlent outrageusement des « tués ciblés » quand ils assassinent leurs adversaires ? Ceux-ci n’étaient-ils les gangsters qui conseillaient Lady Cressida Dick et ses troupes ?

Ce n’est pas que notre courageux envoyé de paix, Lord Blair, aurait beaucoup à en dire. Il est l’homme, souvenez vous, dont le seul voyage proposé à Gaza a été annulé quand des encore plus « experts israéliens » l’ont avisé que sa vie pourrait être en danger.

De toute façon, il préférerait encore être président de l’Europe, quelque chose que Sarko veut lui attribuer. C’est pourquoi, je suppose, Blair a écrit un article si flatteur dans la même édition de Time qui a fait d’Obama « l’homme de l’année ». « Il y a des moments où Nicolas Sarkozy ressemble à une force de la nature," s’aplatit Blair. Tous par le prénom, évidemment. « Nicolas a les signes de n’importe quel vrai chef » ; « Nicolas a adopté... » ; « Nicolas reconnaît » ; « Nicolas s’étend... ». En tout, 15 « Nicolas ». Est-ce le prix de la présidence de l’Euro ? Ou Blair nous dira-t-il maintenant qu’il va être impliqué dans ces « conversations » avec Obama pour « tirer parti d’un peu de progrès » au Moyen-Orient ?

Traduction de l’anglais pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.

The Independent. Londres, le 27 décembre 2008.

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