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26 août 2019

L’enfer du néolibéralisme consume Macri et Bolsonaro

par Martín Granovsky

 

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L’enfer du néolibéralisme consume Macri et Bolsonaro, et c’est une bonne nouvelle, mais elle ne l’est pas à cause de l’énorme souffrance du peuple et du patrimoine brésilien. Tant de douleur n’était pas nécessaire.

Avec un retard étonnant, parce que les incendies n’ont pas commencé ni hier, ni aujourd’hui, Mauricio Macri a offert à Jair Bolsonaro de l’aide pour éteindre le feu dans la foret amazonienne. Evo Morales, qui a une syntonie politique égale à zéro avec le président brésilien, n’a pas parlé mais il a déjà loué deux avions supertankers pour collaborer à l’atténuation de la tragédie. Ce sont deux visions de l’intégration. L’une, la vision de Macri, qui privilégie l’identité idéologique mais n’agit pas à temps selon les intérêts de l’État argentin.

L’autre, la posture d’Evo, met en avant les intérêts de l’État bolivien : il est difficile à la Bolivie de subsister si en plus de la guerre internationale des monnaies le poids de la charge brésilienne augmente. Dans le cas de l’Amérique du Sud, de plus, la générosité renforce les intérêts propres et vice versa. Ainsi il arrive aussi que l’idéologisation de la politique extérieure, typique du macrisme, affaiblit les liens de solidarité entre les peuples et la position nationale.

Bolsonaro a parié fort sur Macri jusqu’aux élections primaires (PASO). Il n’a pas seulement insulté Alberto Fernández et donné des instructions pour que le fasse aussi son ministre des relations extérieures, le fondamentaliste Ernesto Araújo. Des financiers brésiliens liés à Bolsonaro ont fait partie du complot du vendredi 9 août pour intoxiquer par de fausses enquêtes les banques, et les votants, et faire des différences rapides. Plaisir et affaires en même temps.

Cependant, ce quotidien a pu savoir que le pari a pris fin. Comme les banques, les fonds communs de placement, le Fonds Monétaire, Washington et les quotidiens financiers du monde entier, Itamaraty évalue que le cycle de Macri est terminé. Il manquerait seulement, selon son opinion, l’épreuve finale du 27 octobre.

Si Bolsonaro ou Araújo recommencent à parler contre Alberto Fernández, ce sera alors seulement par des raisons internes. Cela ne leur convient pas un candidat qui a des chances de gouverner qui, en tant que candidat du Frente de Todos, a rendu visite à Lula en prison comme deuxième signe d’affinité externe. Le premier fut la réunion avec Pepe Mujica, ex-président d’un pays qui aura des élections le même jour que l’Argentine. Mais tout cela est déjà arrivé. La visite est arrivée, l’ingérence inédite de Bolsonaro et d’Araújo est arrivée et est arrivée, la décision d’Alberto, faite publique, de ne plus critiquer Bolsonaro et de préparer en revanche un plan de relation pragmatique avec l’État brésilien.

Est-ce que Bolsonaro continuera d’être président le 10 décembre, quand Macri réassumera le pouvoir s’il gagne, ou Fernández-Fernández occuperons la Casa Rosada et la présidence du Sénat ? Difficile de le savoir. L’incendie en Amazonie que Bolsonaro a minimisé, avec lequel en fait il a encouragé les producteurs de soja pyromanes, n’est pas souligné pour sa dangerosité mondiale par les populismes insultés de l’Amérique Latine. C’est la Nasa, l’agence spatiale US, qui observe, préoccupée l’avancée du feu et la destruction de la forêt. Et c’est le conservateur Emanuel Macron, dans un geste de sincérité rare, qui a émis un communiqué officiel en traitant de menteur Bolsonaro et en considérant toute possibilité d’accord comme fermée entre le Mercosur et l’Union Européenne. La porte-parole du ministre des affaires étrangères français avait déjà dit qu’il n’y avait aucun accord y compris avant les incendies, mais Bolsonaro et Macri ont feint la démence et l’ont ignorée. De toute façon, une définition comme celle du président français a une autre dimension. Elle est plus haute et contondante.

Le mirage d’un accord paradisiaque avec l’Union Européenne s’ est dissous au même rythme que le pouvoir de Macri. L’image de Bolsonaro accompagne-t-elle ce rythme de dévaluation ? Une donnée à prendre en compte c’est que désormais les généraux font, avec le vice-président Hamilton Mourao à leur tête. D’un côté, comme l’ex-ministre des affaires étrangères de Lula, Celso Amorim, l’a rappelé à ce quotidien, les Forces armées sont plus sensibles à la souveraineté territoriale qu’à l’économique. Et l’Amazonie suppose justement une souveraineté territoriale. D’un autre côté, la France est un associé important des militaires pour le réarmement et le développement technologique du Brésil. Bolsonaro conserve son noyau dur d’éblouis par sa pratique violente et par l’incitation au massacre policier de noirs, pauvres, LGBT ou tous en même temps. Continuera-t-il à le conserver si les généraux se décident, et ils peuvent le faire, de l’avoir à l’usure pour ne pas perdre du pouvoir et des affaires ?

Diagnostiquer de façon erronée ce qui se passe dans le monde n’est pas un privilège des élites qui gouvernent l’Argentine. Les esclavocrates brésiliens se sont aussi trompés. C’est une bonne nouvelle que l’enfer a commencé à consumer son pouvoir et affaiblit encore plus le Président argentin diminué. C’est dommage que ce feu génère aussi une énorme souffrance sur le peuple brésilien dans sa vie et dans son patrimoine. Tant de douleur n’était pas nécessaire.

Martín Granovsky pour Página 12

Página 12. Buenos Aires, le 24 août 2019

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo de la Diaspora. Paris, le 26 août 2019

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