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6 juin 2008

L’Initiative Mérida, le Plan Puebla Panama et la visite de Negroponte.

par Mirian Miranda

 

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Le 22 mai dernier le Sénat des États-Unis a approuvé, sous conditions, une partie des 350 millions de dollars destinés l’Initiative Mérida, conçu soi disant pour combattre le trafic de stupéfiants et le crime organisé au Mexique et en Amérique Centrale.

L’Initiative Mérida a été formulée en octobre 2007, avec l’intention supposée d’améliorer l’efficience des efforts faits dans la lutte contre les organisations criminelles ainsi que le trafic de stupéfiants (y compris les fournisseurs de produits chimiques pour l’élaboration ; trafic d’armes, activités financières illicites, trafic de devises et traits des personnes.

Le fait d’inclure l’Amérique Centrale dans cette réplique du Plan Colombia, a été communiqué aux médias par le sous-secrétaire d’État Thomas A. Shannon, en novembre de l’année dernière, pour lequel la somme initiale de 1.400 millions de dollars, a été augmentée de 50 millions additionnels qui serviront à renforcer les organismes de sûreté de l’Isthme.

Encore une fois le trafic de stupéfiants et le crime organisé servent de prétexte pour que les États-Unis interviennent dans la zone, avec l’excuse de l’augmentation de l’ingouvernabilité qui tourne autour de l’érosion des états-nations, résultat direct du riche marché étasunien des drogues illicites.

L’échec du Plan Colombia est assez connu par l’opinion publique pour ce qui est de freiner la production et la fabrication de stupéfiants. Pendant ce temps les Forces Armées ont augmenté de 51% leur armement et éradiqué presque 800.000 hectares de cultures de drogues par des fumigations et détruit 8.900 laboratoires. Cependant malgré ces bonnes nouvelles, le flux de drogues se poursuit et le marché des pays industrialises continue à être inondé de stupéfiants.

Alors que la "composante d’amélioration et d’appui social" du Plan Colombia, est pratiquement inexistante, de surcroît, le nombre de déplacés en ce pays égalise presque celui de l’Irak et du Soudan et bien sûr les violations de droits de l’homme ont augmenté, aux mains des forces armées et de leurs associés, les paramilitaires, qui ont été en plus récemment recyclés grâce à une politique de réinsertion davantage destinée à légitimer le pillage de terres qu’à l’application de la justice.

L’Initiative Mérida va avec le Plan Puebla Panama, un programme lié à la Banque Interaméricaine de Développement (BID), qui vient de créer un réseau d’infrastructures électriques, routières, de canaux secs et dans un avenir pas très lointain de « polyducs » pour le transport de gaz naturel et du pétrole. Malgré les "bonnes intentions" des banquiers et entrepreneurs liés au Plan, nous les communautés locales et les peuples indigènes observons de multiples anomalies dans la formulation de ces projets et la totale inexistence d’une vraie pratique d’application du droit à la consultation.

La journée d’hier à Medellín, Colombie, devant la presse est apparu l’un des personnages les plus abominables de la politique extérieure des États Unis :le sinistre John Dimitri Negroponte, qui a, devant les ministres des 34 pays membres de l’OEA, souligné l’importance de l’Initiative Mérida et des TLC entre son pays et quelques nations latinoaméricaines, parce qu’ils fournissent une sûreté et des opportunités économiques aux citoyens, fut, de plus, emphatique expliquant qu’ "aucun pays dans l’hémisphère ne sera sûr face au crime organisé, aux bandes et au trafic de stupéfiants, jusqu’à ce que tous se trouvent en sécurité".

Le sinistre nom de Negroponte a une connotation spéciale pour le peuple hondurien [Lire dans El Correo : L’ambassadeur en Irak de Bush, John Dimitri Negroponte reste l’ombre impunie de la terreur au Honduras de 1980 ], qui l’associe à la décennie ténébreuse des années 80, quand il faisait office de vice consul en Honduras et a établi un régime de terreur qui jusqu’à aujourd’hui n’a pas été totalement dissipée. L’idéologue de l’escadron de la mort connu comme "le 316", n’a pas seulement semé la terreur dans le pays, mais il a confisqué l’imaginaire social du peuple hondurien, en créant une génération de timorés au service des ordres de l’empire. On peut remarquer qu’en Honduras jusqu’aujourd’hui ceux qui ont violé les droits sont en liberté, et même certains d’entre eux incrustés dans les appareils de sûreté de l’état.

La visite de Negroponte est de mauvais augure pour le pays, lui qui du jour au lendemain reviendra aux années 80 dans le cadre de l’Initiative Mérida, le gendarme du Plan Puebla Panama. Le fait que Negroponte soit l’un de ceux chargés de nous vendre une boîte de Pandora donne beaucoup à penser. Au moins le ministre Nicolas Maduro de Venezuela, dans le cadre de la réunion de l’OEA, hier à Medellin, a dit que "ce petit fonctionnaire appelé Negroponte, n’a pas de curriculum mais un casier criminel " [1]

Chose curieuse, le Sénat des États-Unis a approuvé le 18 mai dernier un montant de 350 millions de dollars pour le Mexique, et cent millions pour Belize, Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Panama, en plus ils ont décidé d’ajouter 5 millions pour Haïti et autres 5 millions pour la République Dominicaine. Cependant, le Mexique recevra des fonds de l’Initiative Mérida uniquement si le gouvernement étasunien estime que le Mexicain a entamé des réformes juridiques et judiciaires, et que les unités policières et militaires appuyées avec ces millions soient étrangères à toute forme d’abus ou à de corruption. Les conditions imposées ont été repoussées de façon catégorique par le gouvernement mexicain, déclarant que les conditions imposées par les États-Unis sont inacceptables pour le Secrétaire de Gouvernement, Camilo Mouriño [2].

C’est une énorme ironie que les États-Unis -gendarme autoproclamé du monde- soit maintenant en charge d’évaluer les conditions de droits de l’homme. Il est possible que la maladie d’Alzheimer touche une bonne partie de l’honorable Congrès de ce pays, et qu’ils aient oubliés les prisonniers de Guantánamo, Abu Ghraib, les massacres de victimes civiles en Irak, en Afghanistan et dans d’autres scènes de « guerres préventives » qui sont si minutieusement en train de réaliser dans tous les coins de la planète.

L’Organisation Fraternelle Noire Hondurienne (OFRANEH) s’ajoute au rejet du peuple hondurien et de l’Amérique Centrale de la visite de l’un de ses tortionnaires les plus craints.

La Ceiba Atlantide, le 3 juin 2008.

Alai-Amlatina. Équateur, le 3 juin 2008.

Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.

Notes  :

Notes

[1Source : El Espectador

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