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27 octobre 2005

IIIème Sommet des Peuples
en parallèle au Sommet des Amériques

Pour que Bush ne soit pas la vedette

par Eduardo Tagliaferro

 

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En même temps que le Sommet des Amériques se tient le III Sommet des Peuples, avec un programme alternatif et contestataire.

La principale devise du IIIème Sommet des Peuples, qui se tient à Mar del Plata du 1er au 5 novembre, est "en construisant des alternatives". Nés dans la chaleur de la résistance contre le néo-libéralisme qui a dominé la décennie des années 90, les sommets des peuples ont été toujours menés en parallèle au Sommet des Amériques des pays membre de l’OEA. Les organisateurs prévoient que cette fois qu’il y aura plus de 10.000 participants, et presque 160 ateliers au stade couvert de Juan B. Justo et Indépendance et au sein du complexe universitaire Funes et Peña. Avec le même ton de fête qu’a généralement le Forum Social Mondial, aux débats s’ajoutent des rencontres culturelles et spectacles musicaux.

Vendredi 4, jour de la présence de George W Bush en Argentine, il est prévu que Manu Chao se produise dans le stade mondialiste. Et après la conférence à la quelle prendra part le président vénézuélien Hugo Chavez. Les organisateurs attendent aussi le cubain Silvio Rodriguez, qui lui a confirmé sa venue au Nobel de La Paix Adolfo Pérez Esquivel.

Presque 130 ONG, syndicats et groupement sociaux prendront part à ces journées de résistance à la proposition américaine de créer un Secteur de libre Commerce. Pour l’Argentine, la Centrale de Travailleurs Argentine est un important soutien, de même le Service de Paix et Justice, la Fédération Agraire, l’Institut Mobilisateur de Fonds Coopératifs, le Dialogue 2000 et Clacso. Des organisations internationales seront également présentes comme le Mouvement des Sans Terre, Via Campesina et de plusieurs centrales syndicales latino-américaines comme la PIT-CNT de l’Uruguay et la CUT du Brésil.

Seront aussi présent les mexicains du réseau de lutte contre le libre commerce, les mouvements indigènes d’Équateur, plusieurs syndicats étasuniens, délégations du Canada et le secrétaire de la Centrale de Travailleurs du Pérou. Pour la Bolivie seront présentes les organisations de lutte contre l’ALCA, la Fondation Solom et du Mouvement vers le Socialisme, avec peut-être Evo Morales à sa tête. Les activités des corporations seront des éléments distinctifs de ce sommet, avec le Forum Syndical et le Forum de Judiciaires, mardi et mercredi.

Les activités préparatoires ont commencé dès que l’Assemblée des Peuples s’est terminée, le dernier jour du Forum Social Mondial 2005 à Porto Alegre. Tout au long de l’année et dans tout le continent des rencontres de mobilisation se sont tenues. Cuba, Brésil, Venezuela et Paraguay ont été des lieux de préparation pour l’assistance à Mar del Plata. Au Brésil, Milton Viario, chef du syndicat de la métallurgie de Rio Grande do Sul, a assuré que "depuis Porto Alegre sortiront plus de 800 compagnons vers le III Sommet des Peuples". Le syndicaliste brésilien a mis des mots sur une des peurs des organisateurs. "Nous espérons pouvoir circuler librement à travers l’Argentine et arriver sans problème à Mar del Plata. Au moins nous espérons avoir la même liberté qu’ont les capitaux pour entrer et sortir de nos pays ", a-t-il indiqué.

Cette semaine, avant le Sommet, a aussi accueilli des activités préparatoires. Organisé par la Fondation de Recherches Sociales et Politiques, la Fondation Rosa Luxemburgo d’Allemagne et Clacso, de lundi à mercredi s’est tenu dans le Centre Culturel de la Coopération, le séminaire Rosa Luxemburgo.

Osvaldo Martínez de Cuba, Ana Esther Ceceña du Mexique, Pline Sampaio du Brésil, Tomas Moulian du Chili, Julio Gambina et d’Atilio Boron d’Argentine, entre autres, discutent de la globalisation et de la mondialisation, l’offensive du libre échange, la théorie de la guerre infinie et la lutte par l’hégémonie culturelle.

A Mar del Plata aussi, et à partir du 1er novembre, se tient le Forum Syndical, l’atelier sur l’ALCA et l’ouverture culturelle "Notre Amérique". Mercredi commenceront les forums d’éducation, santé et environnement, le Forum Terre et Souveraineté Alimentaire, la conférence sur la militarisation, les ateliers sur l’Organisation Mondiale du Commerce, et sur l’Intégration Peuples de la Région.
Jeudi commence avec la conférence- atelier sur la distribution de la richesse. Suivent le Forum d’Énergie et le Forum sur la discrimination (féminin-masculin). L’après-midi se tient la Conférence Alternative pour les Amériques de l’Alliance Sociale Continentale. Le plat de résistance, sera la nuit avec l’Assemblée des Peuples.

Vendredi, sera le jour anti Bush. La CTA a convoqué une grève nationale et invite à protester contre le nord-américain par des mobilisations dans toutes les villes du pays. La cerise sur le gâteau sera la conférence lors de laquelle Chavez va s’exprimer et ensuite se produiront Manu Chao et Silvio Rodriguez. "A Mar del Plata vont s’affronter deux projets qui se battent pour l’ordre politique latino-américain. Bush et sa proposition de libéralisation et le Venezuela avec Chavez, qui pose que le capitalisme ne résout pas les nécessités des peuples d’Amérique latine et c’est pourquoi il faut penser au socialisme", commente l’économiste Julio Gambina d’Attac.

Pérez Esquivel soutient que "le libre marché qu’ils prônent n’est pas plus qu’un titre parce qu’en réalité ce sont les pays puissants qui contrôlent les prix et le développement économique". Le mexicain Hector de la Cueva affirme que "toutes les promesses qui nous ont faites se sont pratiquement transformées en le contraire. Ils ont dit qu’il aurait davantage d’emploi et nous avons moins de postes de travail qu’en 1994 ; ils ont dit qu’il y aurait de meilleurs emplois et ceux qui ont été créés sont précaires, avec une haute absence de protection sociale du travail ; ils ont dit qu’ils indexeraient les salaires des mexicains avec ceux des nord-américains et aujourd’hui nos salaires valent un tiers moins qui avant le Traité de libre Commerce. Ils ont dit qu’il aurait d’avantage d’investissements et ceux faits l’ ont été pour acheter des entreprises existantes comme banques ou supermarchés ".

Par un chemin de pierres

La rédaction du document final du Sommet de des Amériques et le remue ménage que celui-ci produit, sont un bon thermomètre des discussions qu’on peut espérer de la manifestation qui réunira à Mar del Plata 34 délégations d’Amérique latine, Etats Unis et Canada. Dans une autre tentative pour approcher des positions, demain dans le Palais San Martín on croisera à nouveau les membres du Groupe Révision et Mise en œuvre du Sommet. Connaisseurs des différences, les argentins qui participent disent que "le document sera prêt à la dernière minute".

La donnée contredit l’optimisme qu’avait montré, il y a quelques jours le ministre de Relation Extérieures Rafaël Bielsa quand il a dit que "le document est pratiquement conclu". C’est son vice ministre Jorge Taiana qui reconnaît qu’entre la majorité des délégations et les représentants des Etats-Unis et du Canada "il y a de fortes différences idéologiques" bien qu’aussi "il y ait dialogue, un langage commun a été construit ". Les discussions ne sont pas terminées et les membres du GRIC déjà programmé la prochaine réunion pour lundi 31 octobre à Mar del Plata. L’approche du début du Sommet rétrécit la marge de manœuvre.

Cette empoignade n’est pas mineure. "Ils viennent pour tout", a dit à ce journal un fonctionnaire argentin sur l’attitude des délégations étasunienne et canadienne. Pour les deux pays, la principale réalisation serait de transformer ce sommet en sommet de l’ALCA. Pour le reste, l’objectif serait de le neutraliser encore au prix de transformer le dernier document en une pièce dépouillée de définitions importantes. A l’heure des suspicions, au sein des fonctionnaires argentins la position finalement prise par les Chiliens est une grande inconnue. Pas pour rien puisque le Chili est un des pays qu’a signé un traité de libre commerce avec les Etats-Unis.

Depuis que les discussions pour la formation d’un secteur de libre commerce se sont embourbées au niveau régional, la stratégie de l’administration américaine a été de signer des traités bilatéraux. Dirigés par le représentant des Etats-Unis dans l’OEA, John Maisto, en insistant pour reprendre les discussions depuis le point où elles étaient restées. Le étasuniens vont jusqu’à signaler que la forte croissance qu’a eue l’Amérique latine en 2004 est due aux réformes faites dans les années 90. "Nous marchons tout droit et sur des pierres", telle est l’image qu’ emploie ’un diplomate argentin pour montrer l’équilibre délicat des négociations.


Página 12
, Buenos Aires, 23 octobre 2005

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