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13 février 2021

Elections en Équateur : l’anticorreisme a fait un pacte pour un recompte massif des voix avec le consentement de l’OEA

par Marco Teruggi *

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

Dans un accord auquel ont participé seulement les deux candidats qui ont perdu, sans consulter celui qui s’est largement imposé du premier tour, une révision massive de l’élection a été approuvée. Les autorités électorales n’ont pas expliqué les motifs, ni fixé l’échéance pour le faire.

Depuis Quito : Dans un insolite retournement, le Conseil National Électoral (CNE) d’Équateur a annoncé vendredi 12 février qu’il allait procéder à un recomptage de 100% des votes dans la province de Guayas et de 50 % dans 16 provinces, sans annoncer lesquelles seront concernées, ni les motifs. Ainsi, alors que le pays était sur le point de connaître le résultat définitif vis-à-vis du ballottage, déjà avec 99.65 % des votes dépouillés, un processus de recomptage va débuter dont on ne sait pas combien de temps il va durer.

La décision du CNE a été prise après une réunion à laquelle ont uniquement été invités le candidat Guillermo Lasso, de la coalition CREO-Parti Social Chrétien (PSC), en deuxième position dans les élections, et Yaku Pérez, du parti Pachakutik, en troisième position, et l’Organisation d’États américains (OEA) [encore].

La réunion qui s’est tenue au siège du pouvoir électoral fut divisée en quatre temps. Dans une première instance Pérez a exposé qu’il y aurait eu des irrégularités au sein du scrutin, du système informatique…. En deuxième lieu, il y a eu un échange entre Lasso et Pérez qui a oscillé entre une négociation et un accord pour freiner le correisme, en troisième lieu, une pause d’une heure et demie, et finalement une annonce de quelques minutes de la présidente du CNE, de Diane Atamaint, appartenant au parti Pachakutik, en faisant connaître ce qui a été décidé.

Le CNE n’a pas présenté d’éléments pour étayer pourquoi ce décompte sera fait dans certaines provinces, Guayas étant la plus nombreuse, où Andrés Arauz a gagné avec 41.82 %, suivi de Lasso avec 25.27%, Xavier Hervas avec 9.94 et finalement Pérez avec 8.73. La décision a été un accord qui a laissé dehors tous les autres partis, en particulier le premier, Arauz, avec 32.70% du total de votes, dans le cadre d’un processus électoral où les délégations d’observateurs internationaux présents pendant le vote n’ont pas signalé d’ irrégularité.

Lasso lui même a soutenu pendant la rencontre ne pas avoir « l’ombre d’un doute » sur le bon déroulement du processus électoral, mais il a exprimé être disposé à céder partiellement à la demande de Pérez. « Je demande au CNE à, au-delà de la loi, pour faire suite à la demande du candidat Pérez, d’ouvrir 100 % des urnes dans la ville du Guayaquil, pour recompter vote à vote », a affirmé Lasso dans ce que c’était sa première contre-proposition à la revendication de Pérez, qui demandait le recompte des votes dans toutes les provinces. Le candidat de Pachakutik a soutenu que en recomptant les votes, le résultat des élections serait modifié : Arauz passerait au 3eme rang poste, et le ballotage serait entre lui et Lasso.

La mise en scène entre le deuxième et le troisième candidat aux élections présidentielles, ainsi que la décision, ont été diffusés uniquement à la télévision quelques minutes, et transmises uniquement via des réseaux sociaux dans un pays ou la connectivité est faible. Le résultat final aura un impact sur le processus électoral, par le changement possible des chiffres, ainsi que sur le durée du processus, quelque chose sur lequel le CNE n’a pas donné de précisions, bien que Pérez, après être sorti du pouvoir électoral, ait affirmé que le processus commencera dimanche.

La décision insolite a été prise alors que des soupçons existent autour du pouvoir électoral depuis le commencement de la campagne par la quantité d’irrégularités commises contre la candidature d’Arauz. La présence de l’OEA à la réunion, qui a eu un rôle central dans le coup d’État en Bolivie en octobre/novembre 2019, a laissé planer les plus grands doutes au sujet de la transparence de la nouvelle estimation de votes qui commencera. En ce qui concerne le motif politique il n’y a pas eu de place pour les doutes : « vous et moi affrontons le même adversaire » c’est-à-dire le correisme, a dit Lasso à Pérez.

La journée de vendredi fut marquée de plus par l’arrivée à Quito du Procureur Général de la Colombie, Francisco Barbosa, qui s’est déplacé à la demande du Ministère public de l’Équateur, pour remettre ce qui serait une information sur un financement de l’Armée de Libération Nationale (ELN) dans la campagne d’Arauz. Le supposé soutien financier avait été divulgué par la revue la Semana quelques jours avant les élections en Équateur, dans une enquête qui, selon l’un de ses journalistes, « n’était pas absolument certaine ».

Ainsi, dans le laps d’un jour, le scenario en Équateur a changé d’une manière soudaine, bien que non surprenante, grâce à la crise des institutions dans le contexte de lawfare déployé contre le correisme. Le pays est devant un accord réalisé à portes closes de recompte de votes sans qu’on donner des explications, et une manœuvre internationale, avec la fausse nouvelle du financement de l’ELN qui cherche affecter la candidature de Arauz.

Marco Teruggi depuis Quito pour Página 12

Página 12. Buenos Aires, le 13 février 2021

* Marco Teruggi. Sociologue argentin, correspondant au Venezuela pour Telesur, Pagina 12, Sputnik, entre autres. Nous recherchons Clara Anahí Mariani Teruggi fille née le 12 août 1976 ; disparue le 24 novembre 1976. Merci pour toute information.

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo de la diaspora. Paris, le 13 février 2021.

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