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7 décembre 2016

Convocation : Marche pour la liberté de la guérisseuse Mapuche Francisca Linconao Huircapan.

Un cas exemplaire

 

Non seulement les militants mapuches, mais aussi de nombreuses organisations nationales et internationales des droits de l’homme ont souligné à plusieurs reprises que la justice chilienne a tendance à discriminer systématiquement les Mapuche avec des accusations politiques bénéficiant d’un traitement judiciaire spécial.

Le cas de Francisca Linconao en est un exemple. Comme Machi (guérisseur), Francisca Linconao a une position très particulière dans la société Mapuche. En plus d’un acte d’accusation douteux et d’une attitude intransigeante dans le traitement de son cas, les autorités chiliennes et l’appareil judiciaire outragent non seulement les Mapuche, mais aussi l’opinion publique nationale et internationale. Leurs fonctionnements ne sont pas sans rappeler les pratiques de la dictature militaire.

A la fin du mois de mars, des forces spéciales policières ont profité de la nuit pour entrer en force dans la communauté et arrêter des membres de celle-ci, dont la Machi de 59 ans. Ce n’est pas la première fois que la Machi Francisca Linconao Huircapan et les membres de sa famille sont arrêtés brutalement dans leur sommeil par la police judiciaire d’investigation (PDI).

Francisca Linconao Huircapan vit à la campagne près de la capitale de la neuvième région, Temuco. Sa communauté indigène, Lof, se trouve dans le secteur nommé Rahue. Fransisca Linconao est une dame spéciale avec des compétences particulières. Elle occupe un des postes les plus prestigieux de la société Mapuche. Elle est une Machi , c’est à dire un médecin traditionnel, parce qu’elle a la capacité de guérir. Lorsque la médecine occidentale ne peut pas soigner, la Machi Linconao essaye d’aider les patients.

Elle dit de son rôle : « Je n’ai pas choisi d’être Machi. Ceci est une fonction qui s’est imposée à moi et je devais l’accepter. C’est un travail pour le bien commun de la communauté, un travail pour l’autre, dans le but de protéger la santé physique et spirituelle des membres de ma communauté “.

Comme Machi, ils utilisent des « Lawen », des herbes médicinales qui ne peuvent se développer que dans quelques endroits. Mais précisément à l’endroit où la Machi Linconao prend ses médicaments (lawen), se construit une antenne pour les téléphones mobiles par une grand entreprise privée Palermo Limitada. En outre, cette société Palermo Limitada a des exploitations forestières illégales sur le terrain Palermo Chico. Linconao est allée au tribunal. Elle a justifié son action, car entre autres choses, elle ne serait plus en mesure d’exercer sa profession à mesure de l’avancée d’autres destructions. La communauté a fait référence à la Convention des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (convention 169 de l’O.I.T.) et aux droits spéciaux des autorités religieuses des peuples autochtones. Les juges ont suivi leurs argumentations, ils ont ainsi gagné l’affaire et la société ne pouvait plus continuer à perturber leur espace de travail. Ce fut un précédent pour l’ensemble de l’Amérique du Sud.

Francisca Linconao est une femme forte qui ne cesse de revendiquer ses droits en tant que membre d’un peuple autochtone auprès des puissantes institutions. Cela ne l’a pas amené à n’avoir que des amis dont l’avocat de la société Palermo Limitada, Carlos Tenorio aujourd’hui, l’avocat de feu M. et Mme Luchsinger-MacKay.

La traque de la Machi a commencé en 2013 quand le couple Luchsinger-MacKay a été victime d’un incendie criminel de leur maison. C’est alors que la Machi Linconao est soupçonnée et arrêtée le 4 Janvier 2013. Elle a subi plusieurs humiliations de la part de l’État chilien. Elle a ainsi été écartée de sa position dans sa communauté. Sous la contrainte, ses vêtements traditionnels lui ont été enlevés et elle a été menottée devant la presse. Elle a été accusée de possession illégale d’armes. En Octobre 2013, elle a été acquittée de toutes les charges. En raison des dommages physiques et religieux à l’encontre de sa personne, elle porte plainte contre l’État chilien et gagne à nouveau. Une date en 2015 fut fixée par la Haute Cour pour le paiement des indemnités compensatoires. Au jour d’aujourd’hui, aucunes indemnités n’a été versée par l’Etat chilien. Au lieu de cela, Francisca Linconao subit de nouvelles représailles et persécutions.

Comme si les raids et arrestations nocturnes, les signatures mensuelles au poste de police, les dommages à sa réputation et la dégradation de son état de santé ne suffisaient pas, elle a de nouveau été arrêtée avec dix autres Mapuche dans la nuit du 30 Mars 2016. L’acte d’accusation de onze détenus repose cependant sur une fausse déclaration d’une des personnes arrêtées – Jose Peralino Huinca. Cela est apparu clairement, lors de l’enregistrement des données personnelles dans la salle d’audience de Temuco, qu’il avait signé une déclaration sous la menace. Ses allégations ne correspondaient pas à la vérité.

« J’ai beaucoup de questions” écrit le Machi dans une lettre ouverte à l’actuelle présidente du Chili, Michelle Bachelet. « Pourquoi l’État chilien m’accuse à nouveau de quelque chose que je n’ai pas commis ? Je n’imaginais pas que j’aurais à subir un second raid de nuit où ils entrent dans mon espace sacré voulant troubler à nouveau mon équilibre ? Pourquoi voulez – vous polluer ma spiritualité de Machi ? » A-t-elle demandé. [1]

Fransisca Linconao explique dans une interview avec CNN Chile que la famille Luchsinger-MacKay, ainsi que leur sœur, ont travaillé avec eux. Ces colons ont même été invités à une cérémonie importante, quand la Machi avait seulement 16 ans.

José Fernando Díaz, un homme d’église, parle de conditions inacceptables et compare celles-ci avec une « chasse aux sorcières ». En mai, son emprisonnement a été converti en résidence surveillée. Cependant, presque une semaine plus tard, la cour d’appel prend une nouvelle décision et renvoie la Machi de 59 ans en prison invoquant qu’elle est un danger pour la société. En prison pour femmes de Temuco, la santé de Francisca Linconao se détériore rapidement. Elle est donc de nouveau libérée de prison et assignée à résidence. Cependant, quelques semaines plus tard, la mesure est encore levée. Elle pèse actuellement environ 44 kilogrammes. Elle a été hospitalisée à de multiples reprises. Les médecins confirment l’état critique de sa santé et ne peuvent rien faire pour elle. Dans un rapport médical du Dr Maldonado, il est mis en évidence que la machi souffre d’une gastrite chronique, d’hypertension et qu’elle présente des signes de dépression et d’anxiété majeure. Maintenant, elle est dans un hôpital interculturel à Nueva Imperial et elle est traitée de manière traditionnelle par un autre Machi.

Francisca Linconao demande : « Je veux vraiment vivre dans la dignité sur mon territoire, je veux créer mon équilibre et continuer à travailler comme Machi ».

A l’heure actuelle, elle est emprisonnée pour la troisième fois après avoir été en liberté surveillée à son domicile quelques jours.

El Pueblo Mapuche en Chile. 2 noviembre 2016 en Allanamientos, Chile,

Une traduction de l’allemand au français de l’article :
Ein exemplarischer Fall
Die Mapuche-Heilerin Francisca Linconao Huircapan und die chilenische Justiz

Notes

[1Carta de la Machi Francisca Linconao a la Presidenta Bachelet

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