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26 janvier 2004

Bye, Bye, Monsanto ?

par Jorge Eduardo Rulli

 

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Que la Multinationale Agricole Monsanto décide de se retirer de la commercialisation de semences de Soja transgénique en Argentine met à découvert de manière brutale la dépendance énorme du pays aux entreprises de Biotechnologie. Toute la classe politique, les medias et l’opinion publique expriment des réactions de choc ou de réprobation, soupçonnent que quelque chose très grave, qui leur échappe, menace de changer leurs vies... Nous, qui tant de fois au GRR, nous nous efforçons à anticiper le futur ignominieux des monocultures de soja, aujourd’hui nous nous interrogeons si Monsanto abandonne le bateau du soja avant qu’arrive la terrible maladie de la Roya ... ou peut-être avant que ne se matérialise l’effondrement, tellement annoncé, des sols agricoles de l’Argentine.

Peut-être et même temps nous sommes face à un chantage énorme fait au Gouvernement de Kichner pour qu’on modifie les droits constitutionnels de l’agriculteur à semence propre... De toute manière, rappelons que la grande affaire de MONSANTO en Argentine n’a jamais été les royalties de la semence mais la vente massive de son herbicide Roundup et que même Felipe Sola, Secrétaire d’Agriculture de la nation et actuel Gouverneur de la Province de Buenos Aires, a habilité en 1996 les Sojas RR sans que Monsanto l’ait breveté dans le pays, ceci démontre non seulement la complicité de Sola avec l’entreprise et le projet de sojatisation mais aussi ce qui à ce moment intéressait Monsanto, la bourse blanche, c’est-à-dire la distribution de semence non certifiée entre les producteurs, pour la diffuser rapidement, impliquer et subordonner la FAA (Fédération Agricole) et faire de l’Argentine un porte-avion de l’Entreprise... Précisément Monsanto a fait pareil chez notre voisin, la République du Brésil.

Pendant les années 90, dans l’État de Rio Grande do Sul, quand le Gouverneur Dutra du PT se vantait de présider le seul territoire libre de transgéniques, Monsanto offrait gracieusement le « glifosato » à qui exhibait l’étiquette de Soja RR introduit en contrebande depuis l’Argentine. Ils ne se préoccupaient pas du brevet parce que l’objectif était de dominer politiquement le territoire, je veux dire de s’approprier la sécurité alimentaire des populations.
La « bourse blanche » a été de cette manière en Argentine, la participation misérable au banquet avec lequel les exportateurs de grains ont subordonné l’agriculteur argentin, en lui subventionnant la production. C’est pourquoi ce fut et cela continue d’être une grande affaire de faire soja en Argentine.

Et quand pendant des années les Associations de farmers américains se plaignaient de la concurrence déloyale de la "Republiqueta sojera", où les agriculteurs ne payaient pas les semences, où le glifosato valait un tiers de sa valeur aux Etats Unis, et où en outre le Gouvernement se désintéressait absolument des impacts terribles du modèle sur les écosystèmes, Monsanto surveillait par un autre côté... indifférent. C’était SON territoire propre, nous étions "SON" pays laboratoire, où les pauvres et les indigents continent à être nourris par d’énormes donations de sojas transgéniques... Il y a évidemment beaucoup d’autres éléments qui jouent dans ces décisions, rappelons que les Multinationales ont toujours des stratégies multiples et complexes. Maintenant qu’ils disposent de tout le territoire et ont fait de nous des employés de la drogue, ils veulent sans doute percevoir aussi leurs brevets sur les semences, de fait ils le font autant que possible au moyen de contrats avec l’agriculteur, des contrats qui transforment le simple producteur en locataire de la semence qui ne lui appartient déjà pas.

Mais ils savent bien que le contrôle est impossible avec des monogames comme le soja, parce que le producteur fait facilement sa semence propre et parce que l’État absent ni même peut être proposé de modifier les habitudes d’échanger des semences des producteurs. La nouvelle affaire de Monsanto sera sûrement d’aller maintenant vers le maïs, par le sorgho ou d’autres oélagineux transgéniques RR étant en outre des plantes hybrides, que le producteur devra indéfectiblement acheter chaque année. Nous continuons alors au milieu du film Matrix. l’Argentine est encore une Republiqueta fourragère et un pays laboratoire. Un pays où le Ministre d’Économie lui-même Lavagna a reconnu sans pudeur que son consultant Ecolatina a comme principal client à l’Entreprise Monsanto.

Suite aux monocultures de soja, l’Argentine est un pays qui va vers des catastrophes colossales, catastrophes par désertisation, par effondrements hydriques généralisés, par un plus grand dépeuplement et un décès de sa culture rurale, par une déforestation absolue du territoire et par une vulnérabilité croissante de son commerce extérieur attaché aux sous-produits du Soja. L’heure est aux décisions énormes et courageuses, mais pour cela il est nécessaire d’ être capables de penser une Argentine différente. L’Argentine capable de reconcevoir son territoire et de repeupler le domaine, l’Argentine qui se propose de récupérer la production de semences elle-même et d’assurer la Souveraineté Alimentaire en respectant le droit de millions d’argentins d’aujourd’hui en carences à une alimentation saine et suffisante. L’Argentine capable de renégocier la Dette externe avec la dignité suffisante comme pour ne pas être attaché à des modèles agro-exportateurs qui sont seulement justifiés par l’intérêt usurier des grandes Banques. L’Argentine qui récupère ses puits de pétrole pour cesser de le payer à des prix internationaux et qui peut de cette manière avoir des projets productifs industriels. L’Argentine capable d’unir décidément avec le reste de l’Amérique du Sud dans un Projet Culturel et de marchés communs. Celui-là est notre proposition et notre lutte par le GRR, et avec de nombreuses organisations de chômeurs, de paysans et d’étudiants, et face à la paralysie de bonne partie de la classe politique, assumons aujourd’hui face à la gigantesque extorsion de Monsanto, les voix d’un peuple qui persiste avec dignité à préserver ses meilleurs rêves de bonheur et de Souveraineté Nationale.

GRR Groupe de Réflexion Rurale
Buenos Aires, 21 janvier 2004
Traduction pour El Correo d’Estelle et Carlos Debiasi

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