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Les représentants des créanciers du Club de Paris et du Gouvernement de la République Argentine, en l’occurrence Axel Kicillof, Ministre de l’Economie et des Finances Publiques réunis les 28 et 29 mai 2014, sont parvenus à un accord sur la dette qui s’étalera sur une période de cinq ans.
Le dispositif offre un cadre de résolution définitive et durable à la question des arriérés dus par la République Argentine aux créanciers du Club de Paris, le montant total la dette étant de 9,7 milliards de dollars au 30 avril 2014. Il s’agit d’un « mécanisme flexible » qui prévoit un paiement minimum de 1,150 milliard de dollars d’ici mai 2015- probablement par un paiement initial de 650 millions de dollars en juillet 2014 et 500 millions restant en mai 2015 ; le paiement suivant étant dû en mai 2016.
Selon cet accord, l’Argentine devrait ensuite s’acquitter d’un paiement minimum chaque année, que des paiements additionnels complèteraient en cas d’augmentation des investissements venant des pays membres du Club de Paris. Si au cours des cinq prochaines années, les investissements additionnels s’avèrent insuffisants pour couvrir la dette totale, le pays pourra prolonger le remboursement de deux ans.
« Ce schéma de paiement réduit nettement le cout financier de cette dette impayée, dont les intérêts et pénalités de retard sont actuellement sur un taux de 7%. Cet accord garantit un cadre durable au paiement des engagements financiers, compatible avec le profil de remboursement qu’a le pays dans le futur et ne suppose pas de condition pour mener à bien ses politiques économiques », selon le ministre Axel Kicillof. En clair, il s’agissait de parvenir à trouver un accord tout en préservant la souveraineté du pays sur la sa politique économique.
Car l’important pour l’Argentine est que cet accord ait été signé en dehors de toute participation du FMI à la négociation ; ce qui est historique. C’était une des conditions sine qua non du pays. Et il l’a obtenue, après de nombreuses rencontres qui n’avaient pas abouti ces dernières années, achoppant notamment sur ce point.
Et fort d’une volonté politique ces dernières années de solder la dette contractée, les représentants du gouvernement argentin ne sont pas arrivés sans résultats et arguments à la table de négociation. Pour mémoire, il faut rappeler qu’une grande partie de cette dette contractée avec le Club de Paris a été accumulée sous la dictature argentine, avant 1983, ce qui en soit devrait être sujet à débat, puisque le gouvernement de l’époque issu d’un coup d’Etat n’était pas légitime. 9% de la dette correspond au gouvernement de Raúl Alfonsín, 42% pendant les mandats de Carlos Menem et Fernando de la Rúa.
La force de négociation de Axel Kicillof a permis d’aboutir aujourd’hui là où les précédentes tentatives avaient échoué, à l’heure où justement l’Argentine serait invité à rejoindre les Brics, ce qui n’a pas échappé probablement aux créanciers du Club de Paris. « Durant la réunion, la délégation de la République Argentine ... a présenté les mesures mises en œuvre par le Gouvernement destinées à promouvoir une croissance inclusive et à renforcer sa résilience aux chocs extérieurs. Les créanciers du Club de Paris se félicitent des progrès réalisés par la République Argentine vers une normalisation de ses relations avec ses créanciers, la communauté et les institutions financières internationales, suite à la crise de 2001 » explique l’organisme dans un communiqué. Considérant qu’il s’agit d’une étape « nécessaire et importante pour la normalisation des relations financières entre les créanciers du Club de Paris et l’Argentine. Les agences de crédit export des membres du Club de Paris qui le souhaitent reprendront leurs activités de crédit à l’exportation » conclut le Club de Paris.
Estelle Leroy-Debiasi pour El Correo
El Correo. Paris, 29 mai 2014.
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