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19 octobre 2004

A la recherche de solutions alternatives pour l’eau

par Anne Virlogeux

 

Le Comité organisateur du Forum alternatif mondial de l’eau a présenté mardi soir lors d’une session publique les grandes lignes de son action.

L’ambiance était plutôt bon enfant mardi soir, lors de la séance de travail publique du Comité organisateur du second Forum alternatif mondial de l’eau (FAME). Cependant, entre deux bons mots, les organisateurs de cette manifestation, qui se déroulera du 17 au 20 mars prochain à Genève, n’ont pas perdu de vue l’importance de l’enjeu qui les réunissait : finaliser les modalités d’organisation d’un forum visant à développer des politiques alternatives pour trouver des solutions aux multiples problèmes liés à l’eau. Chaque année, plus de deux millions de personnes meurent de maladies dues à la consommation d’eau contaminée. Il y a urgence, en effet.

Un forum nécessaire

L’idée de créer un forum alternatif sur l’eau est née d’un constat sans appel : l’incapacité des pouvoirs publics à proposer des projets satisfaisants en la matière. « Nous sommes convaincus que nos dirigeants ont complètement abdiqué sur la question de l’eau. Depuis plusieurs décennies, rien de significatif n’a été entrepris, d’où la nécessité de rechercher des solutions alternatives », explique Riccardo Petrella, secrétaire général du Comité international pour le Contrat mondial de l’eau et, à ce titre, l’un des initiateurs du FAME. En 2003, à Florence, la première édition de ce Forum alternatif avait défini les principes fondateurs d’un « service public mondial de l’eau ». « A Genève, notre objectif prioritaire est de parvenir à formuler des plans d’actions concrets, d’apporter des réponses aux grandes orientations prises à Florence », ajoute M. Petrella.

Au programme

Concrètement, des groupes de travail internationaux composés d’experts, de membres d’ONG et d’associations travaillant dans le domaine de l’eau ainsi que d’élus ont été constitué. D’ici à mars 2004, ces groupes élaboreront des projets et des propositions concrètes sur les quatre grands thèmes dégagés à Florence (à savoir le droit à l’eau, l’eau bien commun, le financement public de l’eau et la démocratie participative dans le domaine de l’eau). Ces documents serviront de base aux quatre ateliers-débats qui constitueront le corps du FAME. En parallèle, de nombreux autres ateliers et évènements culturels ont été prévus. Projection de films, mise en place de stands, lecture de contes en rapport avec l’eau, le tout dans le but de sensibiliser le public au thème du Forum. Une grande marche pour l’eau devrait conclure ces deux jours.

Revaloriser l’eau

Mardi soir, les organisations participant au Forum de mars prochain ne se sont pas contentées de discuter des modalités d’organisation du FAME de Genève. Cette séance a également permis au public de se rendre compte de la multiplicité des problèmes liés à l’eau. « Chez moi, au Burkina Faso, il n’y a pas d’eau pour boire », a rappelé Koala Koudbi au début de son allocution. Une précision simple mais pas inutile. Les représentants d’associations sud-américaines s’inquiètent quant à eux des conséquences d’éventuelles privatisations du service public de l’eau. Ces projets de privatisations sont d’ailleurs fortement encouragés par des organisations comme la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international.

Mais le FAME entend surtout revaloriser l’eau. « Nous sommes en train d’assister à une « pétrolisation » de l’eau, celle-ci devient une marchandise comme une autre et c’est contre cela que nous devons nous battre », explique Riccardo Pettrella. « L’eau, c’est la vie. Nous ne devons pas accepter d’être seulement des consommateurs », conclut-il.

***

« La privatisation de l’eau n’est pas inéluctable »

Par Anne Virlogeux

La question de l’eau comme bien public -et notamment l’épineux problème de la privatisation du service de l’eau- occupera une part importante des débats lors du FAME de Genève, en 2005. Frederik Franklin, membre du Mouvement de citoyenneté pour les eaux au Brésil est l’un des membres du groupe de travail qui planche sur ce thème.

Le Courrier : La privatisation du service public de l’eau est-elle à l’ordre du jour au Brésil ?
 Frederik Franklin : Il y a actuellement un débat très important à ce sujet : le gouvernement de gauche déclare ne pas souhaiter privatiser. Cependant, l’eau rentre dans le cadre du projet actuel de loi sur le partenariat public-privé, ce qui est inquiétant. On tente de nous apaiser en prétendant que les services ne l’eau ne peuvent être privatisés puisque l’eau est définie comme un bien public par la Constitution. C’est oublier que le pétrole et les télécommunications qui y figurent également sont déjà passés dans le secteur privé. Sans compter les pressions de la Banque mondiale dans ce sens...

Quelles actions votre association mène-t-elle ?
 Notre but est surtout de sensibiliser les gens, notamment les politiques. Ceci passe par des rencontres ou des manifestations telles que le FAME. Plus récemment, nous nous sommes associés à l’Eglise catholique du Brésil pour dénoncer l’attitude des grandes firmes transnationales comme Nestlé. Celles-ci procèdent à de véritables privatisations rampantes en rachetant des terrains où se trouvent des sources et des nappes phréatiques, avec l’évident risque de pollution et de surexploitation que cela comporte.

Qu’attendez-vous du FAME de Genève ?

Essentiellement une discussion créatrice afin d’arriver à une vision commune. Il me semble également important que les Européens prennent conscience de ce type de problème, car ce sont leurs entreprises qui possèdent l’eau chez nous. Enfin, je pense qu’il est possible de soulever un mouvement suffisamment fort pour contrer la vague de privatisations. Dans les cultures du sud, la notion de bien commun est encore très forte. Il faut aller au delà de l’aspect économique. On peut se servir de nos racines, de la dimension culturelle de l’eau pour toucher les gens.

Propos recueillis par AVx

Le Courrier 14 Octobre 2004

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